Double-face

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Ecrit le 15 août 2020, inspiré du webtoon Bâtard sur l'application WEBTOON. Je vous conseille de le lire ! Bonne lecture !

« RECHERCHE EMPLOYE DE NUIT avoir au moins 20 ans »

Je fixai la feuille en réfléchissant, j'étais encore au lycée mais j'avais cruellement besoin d'argent. Etant toujours mineur, il me rejetterait probablement mais je décidai de tenter le coup. J'entrai dans la supérette et me dirigeai dans le rayon sandwich pour m'acheter quelque chose à manger. Je partis payer et pris mon sandwich, avalant avec difficulté ma salive et le cœur battant à la chamade, je demandai :

« Est-ce que vous embauchez toujours ? »

Le vendeur me regarda attentivement et hocha la tête alors que je me préparai à le supplier pour me laisser travailler chez eux.

« Tu commenceras demain soir. »

Je fus surprise par ses mots et un grand sourire se dessina sur mon visage alors que j'hochai la tête :

« Je ne vous décevrais pas ! »

Je partis heureuse de la supérette en ouvrant mon petit sandwich sec. Mon cœur tambourinait avec excitement dans ma cage thoracique alors que je glissais ma main dans ma poche pour prendre mon téléphone et... Attendez... Mon téléphone... Il est plus dans ma poche ! Oh mon dieu ! Je fis demi-tour à la hâte et courus vers le magasin. Haletante, je fouillai les endroits où j'étais allée pour le retrouver et demandai finalement au vendeur qui me dit qu'il n'avait rien vu. Bon sang... J'ai perdu mon téléphone... Je sortis une nouvelle fois de la boutique, les yeux baissés. Il y avait toute ma vie dedans... Comment allais-je faire ?

« Mademoiselle ? Je pense que ceci est à vous. »

Mon téléphone apparut devant mon champ de vision ! Je le pris en souriant et levai la tête vers le propriétaire de la main qui le tenait. Mon sang se glaça en découvrant l'adulte et son regard perçant. Je souriais en balbutiant un remerciement. Je commençai à inconsciemment trembler. Il était imposant malgré son air gentillet. Il était habillé d'un élégant costume, probablement était-il assez riche ou au moins avait de quoi vivre confortablement. Ses courts cheveux bruns étaient bien coiffés et les traits de son visage indiquaient qu'il devait bientôt avoir la cinquantaine. Un physique banal d'employé de bureau en somme. Mais son doux sourire semblait dissimuler quelque chose de malsain et son regard émettait une lueur intéressée derrière sa bonté. Et avec les affaires non-résolues de disparitions de femmes dans le quartier, cela ne me rassurait pas d'avantage. Je le remerciais une nouvelle fois et partis pour retourner chez moi, espérant qu'il ne me suive pas. Je lançai parfois des regards dans mon dos et ne vis rien. J'ouvris la porte de l'appartement, soulagée d'être enfin chez moi. Je retirai mes chaussures et partis me doucher avant de me coucher.
Je travaillai enfin ! J'allais gagner de l'argent ! C'est le début de la richesse ma grande ! J'écoutai les consignes de la femme qui m'accompagnait durant cette nuit. Nous fîmes le ménage dans les rayons, remplirent les trous sur les étagères et j'appris à me servir de la caisse. Etant donné l'heure tardive, il n'y avait pas beaucoup de clients voir aucun. Le gérant m'avait dit qu'il n'y avait pas beaucoup d'hommes saouls dans ce quartier et que donc, je n'aurais pas forcément à gérer ce genre de situation gênante. Je rangeai des conserves dans un rayon quand les portes automatiques s'ouvrirent, je dis machinalement un « bienvenue » avant de me diriger vers la caisse et d'attendre que le client revienne avec quelque chose à payer. Je levai la tête en souriant lorsqu'il s'arrêta devant moi.

« Oh, c'est encore vous ? Vous n'avez pas reperdu votre téléphone j'espère ? »

Mon sang se glaça alors qu'il riait légèrement et je laissai sortir un petit rire nerveux en secouant la tête. Je pris les allumettes qu'il avait choisis de payer en évitant son regard que je sentais sur moi. J'annonçai le prix en souriant, le cœur tétanisé par ses vêtements discrets. Un sweat noir et un jogging ainsi que des baskets et une casquette. Ce n'était plus l'employé de bureau qui semblait tout propre de la veille. Je pris son billet et lui rendis la monnaie avant de lui souhaiter une bonne nuit. Il quitta la supérette et je passai le reste de mon service à me demander s'il m'attendait dehors. Deux heures du matin sonnèrent et je pris mes affaires pour rentrer chez moi. Je sortis de la supérette en souhaitant une bonne nuit à ma remplaçante et commença à marcher vers mon immeuble à quelques pâtés de maisons de là. Mes pas résonnaient dans le silence obscur et il me semblait entendre d'autres pas derrière moi. Ce n'était peut-être que mon esprit qui était paranoïaque et je n'osais pas tourner la tête pour vérifier ses théories farfelues. Je me contentai d'accélérer le pas en essayant de ne pas laisser paraître mon empressement et ma terreur. Je m'arrêtai devant le portail électronique de l'immeuble, faiblement éclairé par le lampadaire usé qui le dominait, et tentai de taper le bon code pour qu'il s'ouvre. Mes doigts tremblaient tellement que je n'arrivai pas à appuyer sur les boutons et les pas se rapprochaient de plus en plus ! Je repris ma marche pour distancer celui qui me suivait. Je ne cessais de me dire de me retourner pour vérifier si ce n'était pas ma fatigue qui me jouait des tours et lorsque je trouvai le courage de me tourner... Son sourire n'avait plus rien de gentil, son regard était clairement celui de quelqu'un avec une envie absolument pas chrétienne. Je me décomposai en voyant qu'il était en train de me surplomber avec une allure disproportionnée, les larmes montèrent à mes yeux alors que je bégayai un « ne me faîtes pas de mal... ». Son léger rire me fit penser à un prédateur qui voulait encore un peu jouer avec sa proie. Mes jambes ne voulurent pas fuir alors qu'il posait sa main sous mon menton. Je repris mes esprits lorsque ses yeux se plantèrent dans les miens et le repoussai en lui donnant un coup de poing dans l'entrejambe. Je pris mes jambes à mon cou le plus vite possible pendant qu'il gémissait de douleur. Je devais prévenir la police ! Je pris mon téléphone pendant ma course mais le fit tomber à cause de mes tremblements et alors que j'allais le ramasser à la hâte, l'homme se jeta sur moi et m'attrapa par les cheveux. Je tentai de crier au secours mais il me fracassa la tête contre le sol goudronné avec force, tellement de fois que je finis par perdre connaissance.

« Le corps d'une jeune femme a été retrouvée ce matin dans le quartier de XXX. La police continue son enquête et conseille d'effectuer vos déplacements en groupe de deux minimums tant que le tueur n'aura pas été arrêté. »

Recueil de one-shotOù les histoires vivent. Découvrez maintenant