Chapitre 27: Mise au point partie 1

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Après le troisième round, nous avons décidé de dormir un peu. Je n'ai pas pu m'endormir de suite. J'avais tellement peur que ce soit un rêve, mais Morphée eut raison de moi et je sombrai dans un profond sommeil.

- Bonjour toi !

En ouvrant les yeux, je remarque qu'il est accoudé une main tenant sa tête et l'autre faisant des petits cercles sur mon ventre.

- Hey ! Ça fait longtemps que tu me regardes dormir ?

Il me sort son plus beau sourire en coin.

- Oh ! A peine une dizaine de minutes.

- Menteur.

Alors qu'il ne s'y attend pas je lui lance un oreiller en pleine face, s'en suit une bataille de polochon légendaire ainsi que deux rounds dont un sous la douche. Je crois que je me suis réellement rendue compte que j'étais en manque de sport de chambre seulement quand je me suis retrouvée face à lui hier soir. Cette année a été tellement difficile émotionnellement pour moi ! Je devais gérer mon traumatisme, élever seule mes fils, et exercer ma nouvelle profession. Vous vous doutez bien que je n'avais pas le temps de fantasmer sur qui que ce soit. Bref, après une douche sportive, nous décidons d'aller prendre le petit déjeuner. J'ai l'estomac qui se serre, car je sais que ce que la conversation que j'ai repoussée hier soir, aura lieu incessamment sous peu.

- Miam ! ça sent bon ! tes pancakes et tes gaufres m'avaient manqué.

Me susurra-t-il en m'enlaçant et en déposant un doux baiser sur ma nuque.

- Hey stop Roméo, laisse-moi finir le repas, on fera des bêtises plutard.

- A vos ordres chef.

Je vois qu'il s'éclipse quelques minutes, et revient avec une mine plus sérieuse. A cet instant, je sais que les explications que j'attends depuis maintenant plus d'un an vont pleuvoir.

- Ashley...

- Oui?

Penchais-je la tête en lui intimant de continuer sur sa lancée.

- Ashley est ma petite sœur.

Je crois que mes lèvres forment un « o » parfait à l'heure où nous parlons.

- Il me semble logique de commencer par-là... J'ai appris son existence il y a quelques années, lors d'une mission au Zimbabwe. N'ayant pas connu ma mère et ayant toujours vécu avec mon père, j'ai toujours cru que j'étais seul. De plus, je ne connais aucun membre de ma famille. Cette mission au Zimbabwe était assez délicate et dangereuse, mais la personne pour qui je travaillais m'a assuré qu'elle détenait une information sur moi qui allait changer ma vie, ainsi qu'une somme d'argent assez conséquente. J'ai accepté sans hésité. A la fin de la mission j'ai reçu une mallette contenant mon dû, mais également cette fameuse information. Il y avait tout un dossier sur une jeune femme, avec plusieurs photos à l'appui. En lisant les documents je me suis rendu compte que... que je n'étais pas seul.

Il a l'air complètement chamboulé, je décide de le prendre dans mes bras.

- Ça va aller chéri, prend ton temps rien ne presse.

- J'ai su que j'avais une sœur, une magnifique jeune femme.

Maintenant qu'il en parle, je me rends compte qu'il y a des similitudes entre Ashley et lui.

- Je n'aurais jamais imaginé apprendre une telle chose. Quand je l'ai rencontré, j'ai su qu'elle venait de ta part. J'ai tout de suite pensé qu'il s'agissait d'une connaissance, ou d'une personne de confiance. Jamais je n'aurais imaginé que mes fils étaient surveillés par leur tante en personne!

- Je sais darling. Elle me l'a dit, elle ne tarissait pas d'éloges à ton sujet et était tellement heureuse de travailler pour toi. C'était pour elle une vraie partie de plaisir et une façon pour moi d'avoir des nouvelles de toi et des garçons en permanence. A défaut d'être avec vous, c'était ma manière de vous protéger. Malheureusement, pour des raisons de sécurité, elle ne pouvait pas te décliner son identité. 

- Je comprends tout à fait, mais il y a tellement de choses que j'aimerais savoir, tellement de questions sans réponses, tell...

Je ne peux pas finir cette phrase car il me coupe dans ma lancée.

- Je m'en doute Ness, sache que j'ai encore beaucoup de choses à te dire et que je prendrais le temps qu'il faudra pour répondre à chacune de tes questions. Mais chaque chose en son temps. Pour l'heure, je tiens à m'excuser. Ne détourne pas le regard, je veux que tu lises la sincérité dans mes yeux. Ecrire un long courrier c'est facile, mais affronter la personne que l'on a blessé et lui avoué qui on est vraiment, c'est une autre paire de manche.

Il me relève la tête et ne cille pas du regard.

- Mon amour je suis réellement et profondément désolé pour tout. Je ne parle pas seulement des derniers faits, et je ne suis pas en train de minimiser mes actes. Oui, je n'aurais jamais dû accepter cette mission, mais si je ne l'avais pas fait je ne t'aurais pas rencontrer alors je suis encore mitigé sur ce point, et c'est surement égoïste de ma part, mais cela reste vrai. Je regrette amèrement l'enchevêtrement des événements et le bordel sans nom que j'ai causé dans ta vie. J'ignorais que je tomberais amoureux de toi, et je ne savais pas que je me retrouverais face à un tel dilemme. A cause de moi tu as cru être paranoïaque, tu m'as mis sur un pied d'estale et la chute fut brutale. Tu n'imaginais pas de quoi j'étais capable et ne connaissait pas le monstre avec lequel tu vivais.

- Tu n'es pas un monstre.

Murmurais-je

- Oh que si ma chérie. Tu n'imagines même pas tout ce que j'ai pu faire, la cruauté de mes actes, de quoi je suis capable et le manque de compassion éprouvé. Cependant j'ai changé, tu m'as changé. Ce serait mentir que de te dire que cette année j'ai été calme et gentil avec tout le monde. La réalité est toute autre, par ma faute beaucoup de sang a coulé, et beaucoup de personnes ont perdu la vie.

A mon tour je lui saisis le menton horrifiée par de tels propos.

- Tu as peut être dirigé l'opération mais tu n'avais pas le doigt sur la détente à chaque fois.

Il me gratifie de rire sarcastique.

- Ness réveille toi bon sang, si tu veux pouvoir me pardonner un jour et que nous vivions ensemble, il va falloir que tu acceptes ce que j'ai fait et qui je suis. Cela comprend toutes les atrocités, les meurtres, et les menaces.

Hurla-t-il

Effrayée je pris mes jambes à mon cou dans l'idée de me réfugier peu importe le lieu pourvu que ce soit loin de lui. Mais en vain, en quelques enjambées il me rattrapa et me serra dans ses bras.

- Je... Je sais que tu veux être transparent avec moi concernant tes actes, mais je crois que j'en ai assez entendu.

Destins croisésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant