Chapitre 1 Le commencement

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A l'aube de mes 25 ans, on aurait pu penser que ma vie serait distrayante, que j'aurais des choses extraordinaires à raconter et que je me serais établie avec l'homme de ma vie n'est-ce pas ? C'est bien ce que je pensais, vous me voyez désolée de vous décevoir, mais ma vie est tout ce qu'il y a de plus banale. Il est vrai que j'ai des amis géniaux et vraiment adorable, mais je dois avouer que parfois je me sens seule. Pourtant, je n'ai pas l'impression d'avoir un physique désavantageux. Je suis métisse à la peau mate, mes yeux sont gris avec une pointe de vert et mes cheveux bouclés avec des reflets dorés. Sincèrement, je ne suis pas moche... Je ne dirais pas que j'ai besoin d'être accompagnée, je dis simplement que parfois, en sortant du boulot, j'aurais aimé avoir quelqu'un avec qui partager ma soirée, et surtout une personne à qui raconter ma journée. Il est très important d'apprendre à être heureuse seule je n'en disconviens pas, je suis même la première à promouvoir l'indépendance et à dire à qui veut bien l'entendre que si l'on est capable d'être heureuse seule, alors c'est le début du bonheur. Mais, je reste persuadée qu'un peu de compagnie ne fait de mal à personne, cela peut même être bénéfique. Cependant à ce jour, je n'ai toujours pas trouvé chaussure à mes pieds et ce n'est pas faute d'avoir essayé. Les hommes me tournent autour comme des charognes guettant leur proie. Ne croyez pas que je suis restée seule durant ces 25 dernières années, si c'est le cas, vous vous trompez lourdement. J'ai effectivement eu des relations avec quelques hommes, deux ans par-ci, ou un an par-là. Néanmoins il n'y en a pas un qui a su se démarquer du lot, pas un qui a su faire la différence. En effet, c'était toujours le même refrain « tu es une fille bien, et tu mérites d'être avec quelqu'un de bien », ou encore le tristement célèbre « tu es trop bien pour moi ». Je pense que tout le monde sait qu'au début tout est beau, tout est merveilleux, qu'il n'y a rien à reprocher à son partenaire. Vous savez, cet homme « parfait », pour qui vous êtes une princesse, un diamant, la plus belle fleur qu'il n'ait jamais vue. Et puis le temps passe, il n'a plus le temps, il vous parle de moins en moins souvent. Vous avez envie de lui dire « Jordan, pourquoi es-tu entré dans ma vie si c'est pour agir ainsi ? ». Vous commencez à vous poser des questions, vous essayez de comprendre pourquoi ce n'est plus comme avant, à quel moment la situation vous a échappé, pourquoi vous n'avez pas pu appréhender tout ceci ou su lire entre les lignes ! Mais quand vous lui en parler il vous dit que vous êtes paranoïaque, une femme complètement hystérique qui se fait des idées. Je suis sûre que vous savez de qui je parle, la plupart d'entre nous avons connu un Jordan. Par conséquent, je suis plus seule que jamais. Oh, mais quelle mal éduquée fais-je ! Je ne me suis même pas présentée ! Je suis Vanessa Begrow. Mon âge ? Je l'ai déjà dit... Et n'ayant personne avec qui partager ma vie, je vais donc partager mes aventures avec vous. Sortez le pop-corn, les petits gâteaux et le thé, car vous n'êtes clairement pas au bout de vos surprises. Je pense qu'il serait bien de commencer par le commencement. Quel pléonasme ! Le 5 Juin 1994 James et Kate Begrow ont accueilli leur premier enfant, une petite fille du nom de Vanessa Maëlys Begrow, au Bellevue Hospital de Manhattan. Après 8 heures de travail, j'ai pointé le bout de mon nez aux alentours de 10 heures. Nous vivions dans le quartier chic Newyorkais par excellence : l'Upper East Side et tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Or, lorsque j'ai eu deux ans, ma mère a contracté un cancer des ovaires et est devenue stérile. Evidemment elle l'a vaincu, parce que c'est une vraie battante, une femme déterminée, aimante, merveilleuse que j'admire chaque jour un peu plus. Mais cela a eu un impact considérable dans le couple que formait mes parents. Mon père et ma mère ont vécu ensemble durant 12 ans. Je peux vous confirmer que si je devais me baser sur cette relation pour me mettre en couple, je resterais certainement célibataire toute ma vie. Cependant, malgré leurs nombreux défauts, ils ont toujours veillé à ce que je sois endormie et bordée lorsqu'ils se disputaient. Malheureusement, ma curiosité presque maladive l'a souvent emporté sur mon bon sens, et j'ai de ce fait souvent entendu des conversations qu'une petite fille de six ans ne devrait pas entendre. Je dis six ans car c'est cette année-là que tout a basculé, cette même année que ma mère a découvert la première infidélité de mon père. Du haut de son mètre quatre-vingt-dix, il a tout d'abord cherché à nier. Etant petite, je ne comprenais pas pourquoi ils se chamaillaient autant, mais aujourd'hui avec le recul, mon âge plus ou moins avancé, et les bribes de conversations qui me reviennent à l'esprit, je me dis qu'aucun enfant ne devrait entendre cela. Mon père est gynécologue/obstétricien et ma mère est médecin généraliste. Ils se sont rencontrés en faculté de médecine. Bel homme aux cheveux de jais, au visage halé, aux yeux anthracite, et à la plastique de rêve, James Begrow était le beau gosse par excellence. En ce qui concerne ma mère, belle éthiopienne aux courbes très marquées, aux lèvres charnues, aux yeux d'amendes et sombres elle faisait tourner la tête de plus d'un homme. Femme noire, charismatique, brillante et très fière de porter ses cheveux crépus, elle a rapidement séduit mon père. Une union qui je dois dire a été très contestée, dans ces Etats-Unis post-ségrégationnaire, pays dans lequel l'union d'un homme blanc et d'une femme noire était interdit par la loi jusqu'en 1967. Je n'ai pas de contact avec la famille de mon père et j'en ai très peu avec celle de ma mère. Il vient de la Louisiane, ville la plus raciste des Etats-Unis, alors imaginez à cette époque-là, annoncer à ses parents qu'il allait épouser ce qu'ils considéraient comme une animale, une bête sauvage, une abomination, une erreur de la nature ! Pour ce qui est de ma mère, selon les rumeurs grand-père aurait frôlé l'arrêt cardiaque à l'annonce de cette union et grand-mère lui aurait dit que déshonorant ses ancêtres, qu'elle n'avait plus sa place au sein de la famille. De ce fait, je n'ai jamais spécialement eu de contact avec les membres de ma famille pour les raisons que je viens de citer. Après avoir appris que mon père l'avait trompé avec une certaine Bonnie du country club, ma mère a voulu divorcer. Sauf que mon père n'étant pas du même avis, et sachant comment la faire céder a tout fait pour se faire pardonner et cela a fonctionné. Cependant, deux ans plutard c'était reparti avec une de ses patientes cette fois, et il a failli être banni de l'ordre des médecins. La légende est réelle : S'il te trompe une fois, il recommencera. Bref, elle n'a cessé de lui pardonner ses multiples infidélités et ce jusqu'à mes douze ans. Ma mère en avait assez d'être humiliée et rabaissée. Ne supportant plus cette situation, elle a définitivement mis un terme à tout cela en Juillet 1998. Mon père a refait sa vie et a continué à multiplier les conquêtes. Aujourd'hui j'ai un petit frère de 12 ans prénommé Jemael et une petite sœur de 8 ans prénommée Julie. Ma mère est restée seule pendant longtemps et désormais, elle a un compagnon. Jacob est un homme respectueux, agréable à vivre et à l'air de la rendre très heureuse, pour mon plus grand bonheur. Toutefois, pour en revenir à mes parents, leurs problèmes n'ont jamais impacté mon éducation, et ils ont toujours réussi à se mettre d'accord me concernant.

J'ai étudié à Harvard University comme mes deux parents, et je vis toujours dans un quartier chic de New-York. Ils ont voulu que je devienne médecin tout comme eux, que je suive gentiment la route qu'ils ont tracé pour moi. Mais je suis une artiste dans l'âme, passionnée par toute forme d'art, surtout la danse et ce depuis petite. Après mille et une contestations, j'ai poursuivi mes rêves et aujourd'hui j'exerce une profession qui me plaît. J'ai donc intégré la Harvard Faculty of Arts and Sciences à Cambridge dans le Massachussetts. Aujourd'hui, j'ai la chance de diriger la section afro caribéenne d'une prestigieuse école de danse, et je ne pouvais pas rêver mieux. Hier, après ma dernière heure de travail, j'ai été convoquée par le directeur qui m'a obtenu une nouvelle promotion ! J'étais tellement heureuse et fière de moi ! J'aurais par la même occasion, beaucoup plus de responsabilités ainsi que de nouvelles tâches à accomplir. Mon métier me passionne, je suis souvent en déplacement et cela me plait, mon objectif final serait de diriger un groupe d'écoles un jour, mais pour l'instant je n'ai pas à me plaindre. Je travaille sur un nouveau projet, il s'agit de sélectionner des danseurs pour la tournée de Riri. Et oui ! Je vais travailler pour Rihanna, vous avez bien lu RIHANNA ! Lorsque que mon patron m'a annoncé la nouvelle, je dois avouer que j'étais stupéfaite, choquée ou encore tout adjectif pouvant qualifier mon état en ce moment exceptionnel. Il faudra donc que je donne bien plus que le meilleur de moi-même, il va falloir que j'arrive à déceler la crème de la crème. Je ne l'ai peut-être pas dit, mais je danse depuis mon plus jeune âge. La danse est plus qu'une passion pour moi, et j'avais même décidé d'en faire mon métier. Vous devez donc vous demander ce qui s'est passé. La réponse est simple, j'ai dû faire un choix, les études ou la danse. Effectivement, j'aurais pu faire les deux, mais à mon avis, je n'aurais pas pu m'investir pleinement dans chacune d'entre elles. J'ai donc fais ce qui me semblait le plus judicieux ou j'ai plutôt été contrainte d'obéir à mes parents. Néanmoins, je n'ai jamais vraiment arrêté la danse, je n'en ai simplement pas fait une carrière professionnelle. De plus mes parents n'ont jamais voulu que j'en fasse mon métier, donc la question a très vite été résolue. Car c'est bien connu, quand un enfant décide de se lancer dans le milieu artistique, rares sont les parents qui appuient leurs décisions surtout quand leurs professions respectives n'ont rien à voir avec cet univers. En effet, les risques d'échec sont grands. De plus, lorsqu'il s'agit de danse, c'est pire car, une blessure suffit, une simple blessure peut tout détruire. Mais, je ne plains pas, car mon job est génial.

Une nouvelle semaine s'annonce, avec de nouveaux défis. Toutefois, à mon réveil, je me suis sentie lourde, comme ce fameux jour où vous avez un mauvais pressentiment, ce jour où vous sentez que quelque chose de particulier aura lieu. Eh bien, c'est exactement ce que je ressentais, cependant, je ne laisserais pas cela me gâcher ma journée et encore moins ma semaine. Comme à mon habitude, je suis descendue à mon café préféré, pour prendre mon petit déjeuner. Tiens donc, mais c'est Miley ! Oh, mais... elle n'est pas seule, elle est accompagnée de tout mon groupe d'amis. Il est rare que nous nous retrouvions tous ensemble, pour le petit déjeuner. Nous n'habitons pas dans la même ville, donc, soit ils sont en vacances, soit ils sont ici pour le travail, je pencherais plus pour la première option. Quand c'est le cas, les jours qui suivent s'annoncent festifs : boites de nuits, pool party, ciné, restos, etc...

Bref, après s'être fait des bisous partout, et s'être raconté en détails, nos activités de ses dernières semaines, en rigolant et en se faisant des blagues enfantines, nous avons été contraints de nous quitter. Il faut savoir que nous sommes très complices et que nous ne nous connaissons que trop bien, de ce fait, ils me manquent énormément, et je trouve que le temps passé avec eux est bien trop court. Malheureusement, il a fallu retourner à la dure réalité. J'ai dû allé travailler.

En marchant, je sentais le vent matinal caresser mes cheveux et cela me faisait un bien fou, mais malgré tout, je me sentais oppressée. Après le départ de mes amis, la sensation est revenue, j'avais l'impression de perdre le contrôle, le mauvais pressentiment m'étouffait. A mon arrivée dans l'entreprise, j'ai pris l'ascenseur, j'étais en route pour le 15ème étage.

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