échantillons

Noël Ensanglanté

[ A C I D C R O W N  extrait]

Maintenant que je connais le monde extérieur, je comprends comment la mafia puisse prospérer. L'argent qu'elle se fait est d'une quantité immense et l'influence vient avec.

Les gens se vendent. Les vies s'achètent. Le monde continue à tourner.

Pour cet argent en liquide, du sang et des larmes ont coulé. Ces flux vont et viennent dans la société en permanence sous le nez et les yeux de tous.

J'ai dix-huit ans et j'ai déjà vu plus de morts et de violence que la moyenne. Si je n'ai pas d'amies c'est bien parce que nos mondes sont impossibles à s'accorder. Je ne joue pas la comédie.

Mon monde est vengeance depuis que mes parents sont morts assassinés sous mes yeux. Depuis que le clan Crown m'a placé sous sa protection.

En pyjama, devant la télé qui diffuse un conte de Noël, je sursaute quand Samson débarque.

Sans un mot et sans un regard à mon égard, il entre chez moi. Il enlève ses chaussures, ses gants, son manteau pour se diriger vers ma chambre.

Perplexe, le souffle maintenu, j'attends en me demandant ce que je dois faire. J'entends les portes de mon placard s'ouvrir.

Puis il ressort de la chambre avec un peignoir qui semble être à lui.

Mes sourcils se baissent tandis que mon front s'assombrit. J'ignorais qu'il avait laissé des affaires à lui dans mon appartement. La prochaine fois, je ferais attention et dès son départ, je vais fouiller partout.

Mes yeux l'observent alors qu'il quitte ma chambre et disparait dans la salle de bain. L'eau de la baignoire s'enclenche et il referme la porte.

C'est de nouveau le silence. Lentement je me détourne et regarde la télé, mes tympans concentrés non sur le conte mais sur les sons de la salle de bain derrière moi.

Que diable fait le diable en personne chez moi, la veille de Noël ?

Tandis que mes sens sont éparpillés, mon odorat m'indique que le gâteau que j'ai préparé est prêt. Une occasion de me rapprocher de la salle de bain mais aussi de prendre le couteau de cuisine destiné à la charcuterie.

Calme-toi Reine.

Il n'est pas venu pour te tuer.

Ton cadavre ne sera pas son cadeau de Noël, ton corps lui est précieux.

Quoique. Il a peut-être trouvé une autre victime à mettre dans son lit.

Je ne connais pas cet homme en-dehors de ses visites nocturnes impromptues. J'ignore où il part le matin et d'où il revient le soir. Ses activités illégales me sont inconnues et je n'ose imaginer le quart de ce qu'il fait.

Perdue dans mes pensées, je suis prise par surprise alors qu'il sort de la salle de bain. Son peignoir est attaché fermement autour de sa taille et ses cheveux noirs mouillés sont plaqués en arrière sur son crâne lui donnant des airs de Dracula. Sa beauté, son intensité ne cessera de me surprendre. Un coup d'œil vers moi et mon couteau dans la main suffit pour que son expression s'assombrisse.

— Je ne suis pas venu ici pour ça. Pas ce soir.

Je baisse le couteau lentement sous le choc et l'enfonce dans mon gâteau par accident. Il s'approche de moi tandis que je garde la main autour du manche, sur mes gardes. L'odeur de mon savon me parvient et m'envoie des signaux contradictoires.

M'ignorant, il ouvre le placard dédié à tout ce qui est d'ordre prévention et de premiers secours. Sortant un sachet contre des maux de tête, il l'ouvre et l'avale cul sec, sans eau. Tout de suite, il en prend un deuxième et fait la même chose avant de le jeter à la poubelle.