Chapitre 15 - Liam

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Me retrouver dans cette salle me rappelais de mauvais souvenirs, mais taper sur ce sac de frappe me détendait. C'était ma meilleure thérapie. Je détestais me sentir sur les nerfs et ne pas pouvoir redescendre avant plusieurs heures, tout ça parce que j'avais reçu un message et une photo de Kyle. Il ne pouvait pas me contrôler à ce point. Plus maintenant.

Je frappais encore et encore, sentant ma transpiration dégouliner partout sur ma peau. Je bouillonnais de rage, et je n'arrivais pas à me calmer. J'en avais marre de me sentir aussi faible et de réagir comme ça pour que dalle.

– Tu lui mets une raclée ?

Je me tournais vers la porte, essoufflé. Josh avançait vers moi et je l'ignorais.

– Ouais.

Je me remettais à frapper, même si ma main droite commençait vraiment à me faire mal.

– Qu'est-ce qui se passe ?

Il bloquait le sac avec son bras et me fixait d'un regard interrogateur qui me mettait encore plus les nerfs.

– Je n'ai pas le droit de me défouler ?

– Je n'ai pas dit ça. Je t'ai demandé ce qui se passait dans ta tête. Tu viens ici seulement quand il se passe quelque chose de grave.

Je détournais les yeux en reprenant mon souffle. Putain, il ne manquait plus qu'il me fasse la morale.

– Il ne se passe rien du tout.

– Ouais, c'est ça. Tu oublies qu'on est des frères jumeaux. Je sais tout de ce qui se passe dans ta tête.

Je soupirais. Il voulait vraiment que je m'énerve sur lui.

– Kyle ?

Je serrais les dents.

– Laisse-moi, Josh.

Je le poussais pour reprendre mon exercice mais il se remettait devant moi pour me bloquer l'accès.

– Putain, Josh, dégage.

Je le poussais plus fort, cette fois, et il tombait presque en arrière.

– Putain, Liam ! J'ai manqué un épisode ? Il t'a reparlé, c'est ça ?

– Va te faire foutre.

Je recommençais à frapper dans le sac, essuyant mon front dans mon avant-bras.

– C'est ça, tu reviendras me voir quand tu te seras calmé.

Je suivais Josh du regard. Il se dirigeait vers la sortie et claquait la porte d'un coup sec. Fais chier. J'enlevais mes gants, serrant et desserrant le poing droit pour tenter d'apaiser la douleur. Je regardais mon portable qui était posé sur le banc et m'asseyais avant de le déverrouiller. Un message de Mia :

TU FAIS QUOI ?

Je fermais les yeux. Lire son message me détendait un peu, même si ce n'était qu'une petite question. Elle arrivait toujours à m'apaiser, quoi qu'elle fasse.

SPORT, ET TOI ?

Je passais une main dans mes cheveux humide et relevais la tête vers l'horloge : vingt heures.

JE M'ENNUIE.

Je souriais avant de me lever et de sortir de la salle. Je me rappelais qu'il fallait que je me désinscrive de la salle de sport du lycée, maintenant que je n'y allais plus depuis plusieurs semaines. La porte de Josh était fermée quand je montais à l'étage. Ça me foutait les boules qu'il me fasse la gueule, mais comme d'habitude, ça n'allait durer qu'un temps.

***

La matinée de cours s'était passée à une lenteur pas possible. J'étais épuisée de ma nuit. Je n'avais presque rien dormi et je regrettais déjà l'entraînement de basket qui se préparait.

Je me changeais au ralenti dans le vestiaire, ignorant les autres qui parlaient autour de moi. Je n'étais pas d'humeur, et je n'avais pas envie de parler ou de répondre à quoi que ce soit, par peur de frapper quelqu'un sans aucune raison.

J'avais évité Mia toute la matinée, et ignoré Josh depuis hier soir. J'avais juste envie d'être seul. Mes nerfs étaient peut-être redescendus, mais la moindre petite contrariété pouvait me faire exploser. Je détestais me sentir comme ça.

– Eh, mec, tu viens ?

Je me retournais en sentant une main dans mon dos. C'était Nico. J'acquiesçais sans dire un mot et croisais le regard de Josh qui finissait de lacer ses chaussures.

Les filles étaient déjà sur le côté du terrain quand on entrait. Comme d'habitude, elles nous mataient un coup avant de faire comme si de rien n'était et on commençait à faire les tours de terrain quand le coach arrivait. Je ne regardais personne, ne parlais à personne, et me concentrais sur ma course. Je sentais le regard de Josh sur moi pendant l'échauffement et je faisais comme si je ne l'avais pas vu.

Les filles s'échauffaient en grand-écart – pour celles qui savaient le faire – et je repensais à Mia. Elle était une des seules à savoir le faire, parce qu'elle était incroyablement douée en gymnastique.

– L. Johnson, tu es avec nous ?

Je levais les yeux vers le coach qui me regardait, les bras croisés, un sifflet autour du cou. Je ne lui répondais pas et regardais les autres. Josh me lançait un regard interrogateur et je soupirais.

– On dirait que tu n'es pas d'humeur, je me trompe ?

Alec se retournait pour me regarder et je maintenais le regard du coach. Cool, calme-toi, il te taquine juste.

– Ça va, ça va.

– Bon, tant mieux. Parce que j'ai besoin de tout le monde pour le match de samedi.

Il me lâchait enfin la grappe et commençait à expliquer le déroulement de l'entraînement. Je me retrouvais dans un match improvisé que je n'avais pas du tout envie de jouer. En plus, Josh était dans l'équipe adverse, comme d'habitude. Il allait m'en faire baver.

***

– C'est bon, tu t'es bien défoulé ?

J'ignorais Josh qui restait derrière moi. Je traversais la route sans dire au revoir aux autres pour rejoindre la voiture et montais du côté conducteur.

– Oh, Liam ?

– C'est bon, laisse-moi. On rentre.

Il soupirait avant de s'attacher et je démarrais. J'étais encore au bord de l'explosion.

– Pourquoi tu l'as poussé, sérieusement ? Me disait Josh au bout d'un moment.

Je soupirais bruyamment. Surtout, reste calme. Je ne savais même pas pourquoi j'avais poussé Mike pendant le match, mais il m'avait énervé à plusieurs reprises.

– Il m'a énervé.

– Et je peux savoir ce qu'il a fait pour t'énerver ?

Son ton désespéré m'hérissait les poils, mais je ne répondais pas. J'avais juste envie de m'enfermer dans ma chambre et d'oublier cette journée.

– Tu as raison, continue de tout garder pour toi, mais tu vas finir par exploser, comme tout à l'heure.

– Ça va, arrête, je l'ai juste poussé, rien de grave.

– Rien de grave ? Tu as failli lui donner un coup de boule sans aucune raison.

– C'est bon, arrête. Ne fais pas le grand-frère.

Il soupirait encore et le reste du trajet se faisait en silence. Je me dépêchais de sortir quand je me garais devant la maison et je remontais les marches le plus vite possible jusqu'à ma chambre. Je balançais mes sacs avant d'aller sous la douche. J'avais besoin d'évacuer toute cette haine autrement qu'en tapant dans un sac.

JOHNSON - Pour Lui (Tome 3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant