Ce qui cloche chez votre héros : l'exemple de Mulan

1.1K 107 292
                                    

Une fois n'est pas coutume : ici, on ne va pas parler de GoT, mais de Mulan.

Hein, quoi ? Mais on doit pas parler de fantasy ici ? Et c'est quoi le rapport avec Écrire de la fantasy comme G. R. R. Martin ?

Heu, les dragons (Mushu, tout ça) ? C'est un peu de la fantasy Mulan, du coup, vu qu'il y a un dragon ?

C'est sur cette auto-justification un peu pétée qu'on va éluder la question et continuer de parler de ce qui nous intéresse depuis déjà 3 segments : les personnages et leur perception par les lecteurs (ou, façon Olivia, "Au secours, mes déblicieux lecteurs préfère la boulangère du chapitre 5 à mon héros", aka "Karaya, cette pisseuse qu'on a tous envie de frapper").

Et si vous tiquez sur "déblicieux", lisez les segments d'avant, ce sera utile.


Ce qu'on va faire de Mulan

Pour comprendre ce qui cloche peut-être chez votre héros, je propose d'étudier (en accéléré) l'histoire de Mulan (le dessin animé hein, on parlera pas du film de 2020 qui vaut douze avions et quinze paquebots), et d'en faire une réécriture "façon fantasy Wattpad" à travers un prisme bien particulier.

Le cliché de l'héroïne "au fort caractère".

Avant de se lancer, explication de ce que je vise derrière ce cliché.


Karaya, cette "femme forte" au "caractère bien trempé"

En réaction à l'époque (pas si lointaine) où les héroïnes (en particulier en fantasy) avaient l'épaisseur et le répondant d'une feuille de PQ éco plus, on a vu fleurir des milliers d'histoires mettant en scène des héroïnes "fortes".

Vous voyez de quoi je parle, je suis sûre que vous avez tous un exemple en tête même sans en avoir lu.

À quoi les reconnaît-on ? Généralement, leur quatrième de couverture ressemble à ça :

"À tout juste dix-sept ans, Karaya est l'héritière du pouvoir ancestral des Glupsiträns [...] Mariée de force au prince du royaume de Harthaëksil, la jeune femme au caractère bien trempé (moi aussi j'suis bien trempée, j'me suis pissée dessus en riant) va devoir apprendre à contenir ses pouvoirs.

Jusqu'à ce qu'elle les laisse éclater."

Parfois, le doute subsiste après la lecture du résumé, et c'est dans une pub facebook qu'on retrouve du "Gnagnagna vous voulez une héroïne au caractère bien trempé ? Des femmes fortes qui gnagnagna gnagnagna ? Viendez lire L'héritière des Glupsiträns, vous allez être servis !".

Ou pire, DANS UNE DESCRIPTION du roman (mais ça, on va en reparler, vous inquiétez pas).

Pourquoi ça m'énerve ? Parce que, bien souvent, ces personnages frisent le parodique en essayant de prendre le contre-pied d'un cliché qui n'existe presque plus (mais maintenant, on a le cliché de Karaya la femme forte, youpi !). Parce que souvent, ces "femmes fortes" ne sont pas cohérentes avec l'univers et en deviennent ridicules, voire énervantes.

C'est, à mes yeux, l'archétype de Karaya la pisseuse.

Et c'est donc ce cliché qui va nous permettre de réécrire Mulan, pour comprendre précisément où et pourquoi ça coince, et en tirer des leçons pour nos héros (qui seront tous plus nuancés et crédibles – du moins, je l'espère pour nos lecteurs).


Écrire de la fantasy comme G.R.R. MartinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant