CHAPITRE 1: Et elle partit.

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Je ressens ses mains glisser sur mes cuisses. Elles courent cherchant inexorablement tout ce qui faisait de moi un ange. Je les sens  me titiller et me dépiter. Elles sont immondes, crasseuses et rugueuses. J'ai bien envie de gerber mais je ne peux, je suis contrainte à subir ses caresses osées et ses baisers froids et débectant. Il retire sa chemise d'un geste vif et se jette sur moi. Il me malmène, me fait tanguer sur ce grand lit dur.Il ôte mon haut avec tellement d'animosité que je me vois couler une larme, une larme que je n’ai même pas le temps d'essuyer. Une larme qui se fait discret sur ma peau toute claire et lisse. Une larme qui s'efface sans que personne ne la voit. J’ai horriblement mal au cœur, mes veines se dilatent dans mon corps et je sens mon sang affluer dans mon cerveau. J'ai peur qu'il aille plus loin, que ses mains et son membre tendu brisent ce que j'ai de plus cher à donner à son amour. J’ai peur que ma vie prenne réellement cette tournure triste et sans issue. J’ai peur de ne vivre que pour les autres. Mes yeux embrassent la fourchette sur la table de nuit. Une idée sombre me vient en tête mais j'ai peur. Encore peur d'y céder et de succomber. Je veux pas le faire, c'est trop. Comment pourrais-je le faire ? Je reviens à cet homme qui cette fois cabre son machin. Il est tout raide et imposant, blanc comme son teint et veinés. Il retire maladroitement mon bas m'obligeant à hurler presque en sanglot mais je me rétracte vite. Je peux pas infliger une réduction de prix à maman, elle m'en voudrait et me sermonnerait. Donc je pince mes lèvres et je regarde cet homme retirer son pantalon. <<Putain que c'est énorme>>. J'ai deux fois plus peur, mon cœur accélère sa course et mon corps tremble. J'implore Dieu me sauver des mains de mon bourreau mais il semble sourd. Je laisse de silencieuses larmes couler sur mon visage mais elles paraissaient invisibles. Je replace mes yeux sur cette fourchette et je comprends que personne ne viendra à mon aide. Je suis vouée à moi-même et là mon dieu, c'est le courage et la détermination. D'une main habile je saisis alors la fourchette que je pose sous ma cuisse. Elle me gêne mais je ne fais attention, je regarde plutôt cet homme velu se jeter encore sur moi. Je suis quasiment à sa merci vu que son poids m’écrase. Excité tout paraît normal pour lui, rien ne semble clocher. Mais moi, alors que son membre frotte mon intimité, je tire toute l’énergie de mon corps que je viens plaquer dans mon bras, je sors hargneusement cette fourchette et je la plante dans le cou de cet homme à la caboche déserte, aux yeux bleus et à la carrure grossièrement athlétique. Il se fige net, pose lentement sa main sur son cou pour voir le dégât et avant qu’il n'ait le temps de dire << Putain>> il s’écroule, s’affale et se vide de son sang. J'ai le cœur qui bat, mes yeux sont vifs et je crois que je viens de commettre l’irréparable. Je me sens littéralement perdue
et bouleversée. Je le regarde une dernière fois nager dans cette mare de sang et je me lève. Je ne peux rester  ici plus longtemps, il faut que je me tire et ce dans les brefs délais. Je me rhabille et je sors. J’avance mine de rien mais au fond de moi un volcan gît. Je regarde à gauche et à droite, des hommes et des femmes sont postés. Ils font quasiment pas attention à ma personne. Alors je profite de ma discrétion et je file. Mes pas sont légers mais pourtant ils semblent assez bruyant pour moi. J'avance vite, plus vite que je peux jetant par moment des coup d’œil pour enfin être sûre de ne pas être suivie. Je suis tellement concentrée que, alors que le seuil de la porte se dessinait, je sens mon corps ce plaquer contre le mur. J'ai du mal à identifier la personne. Elle me veut quoi et pourquoi m’agresse t-elle ?
- Tu croyais t'enfuir comme ça sans payer le mal que tu venais de faire ?
- Quel mal ? Réussis-je à dire la voix partiellement coincée.
- Oh ne joue pas à ta pute et sois franche. Il n’attend pas que j'ouvre la bouche pour essayer de le raisonner et se met à hurler. Eh les gars, il y a cette fille, elle vient de saigner Darlen.
Je crois que le coup est parti tout seul. Mon agresseur se met à se tordre de douleur et moi maintenant dégagée j'entame une course, une course à la vie. Je cours plus vite que je peux. Mes yeux s'aventurent derrière et là je vois une orgue d'individus me poursuivre. J'ai peur, je pleure, mais je ne peux toujours m’arrêter. Je cours encore plus vite et je me rends compte que mes talons me ralentissent. Je prends une seconde pour les enlever et là j'entends le bruit assourdissant et terrifiant d'une arme à feu. Je n'en crois pas mes oreilles, ni mes yeux. Je ne perds pas une seconde et je me remets à courir. Mon cœur, je le sens, risque de me lâcher, et mes poumons d'ailleurs. Mais je ne peux m’arrêter, je ne peux me le permettre sinon…

ANGELAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant