CHAPITRE 3: Une tournure.

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A fleur de peau je me retrouvai, alors que le ciel embrassait les primes rayons solaires, dans le pyjama de maman complètement regroupée dans ses draps à ressentir sa paisible odeur qui me rappelait tristement qu'elle veillait sur moi. Je la cherchais éperdument, dans les moindres de ses objets, de ses vêtements, de ses écrits. Je la cherchais et je m'heurtais péniblement à une présence abstraite, une présence qui n'était que dans ma tête et dans mon cœur. Une présence qui sur le moment m'extirpa de mon lit et rappela que je ne pouvais pleurnicher à longueur de journée.
Alors, je me levai plissant machinalement les yeux, fuyant ses rayons qui transperçaient les filtres sur les fenêtres. Je les frottai courtement et me tirai du lit. Le pied au sol, je me sentis chavirer complètement sans force et je me rappelai que je n'avais toujours manger. Et que...<< Cette femme!>>avait vraiment débarqué chez moi et que tout ceci était bien réel. Tout, son corps volumineux, son regard dur et vil, sa personnalité sans âme et cette somme. Tout était vrai.
Le peu de force récupérée je filai sous la douche me rafraîchir. Je ne durai qu'un quart heure et je me vêtis pour l'école. Une chemise blanche et une jupe bleu. Un mariage assez convaincant et fatigant. Un mariage qui nous lançait cette renommé des plus flatteur. Je l'enfilai le plus vite que je pus, me préparai un petit déjeuner avec le peu de provision qui me restait, posant laborieusement mes yeux sur la table basse près du canapé. J'avalai cette gueulardise à une vitesse que je jugeais assez risquée je me jetai enfin dans une course à la montre. Les minutes passaient et j'accélérais un peu plus vite la cadence de mes giboles priant que ce portail ne se trouve sceller avant mon arrivée.
J'avais enfin fini par gagner ma salle de classe, je m'assis ignorant les chuchotements et les politesses maquillées, les faux sourires et les regards jugeants. J'ignorai tout mais je laissai un délicat sourire à Crist qui me regardait les yeux vifs et chargés d'interrogations, et je fis un salut à Regina qui sentait plus la concentration qu'autre chose. Je me remis sur moi et je tâchai de me concentrer chose bien évidemment qui était impossible. Je fermai mon sac et le jetai dans mon casier. Je tins mon stylo repensant encore à la veille et à cette dame. Tout ça ne pouvait pas être vrai. C'était un cauchemar, un affreu cauchemar qui, a tous les points m'avilissait. Un cauchemar qui me rendait de plus en plus folle et sans issue. Je ne pouvais...être une pute. Cette idée me débitait et m'emplissait de dégoût. Comment pouvais-je le faire? Comment mon corps pouvait-il être livrer aux désirs aberrants, grotesques et déhumanisants? Comment ? Et en même temps, comment pouvais-je lui rembourser dix millions ? Comment ? Prise dans une boucle cognitive, je me déconnectai du monde et de ce qui m'entourait.
- Mademoiselle OZILA.. Vous êtes avec nous ou vous...
Je sortis brusquement de mon état de trans plaquant mes yeux sur la dame qui c'était postée devant moi vêtue d'un assemble assez flashy.
- Oui madame la directrice.
- Dans mon bureau mademoiselle.
J'arquai un de mes sourcils pour lui adresser des interrogations qu'elle ignorait. Je me levai promptement, le visage assez chargé de fines colères et vivement morne. Debout, je sentais les yeux des élèves de la salle glisser sur mon dos, je leur adressai un regard condescendant et je sortis en fracas mon sac à la main.
Elle n'avait pas perdue de temps. Elle vint immédiatement collant une sale pression dans l'aire. Elle s'assit, se vautrant presque, s'atella au rangement des dossiers sur son bureau et enfin me jeta un regard pleins de regret. J'arrivais à lire dans ses yeux. J'arrivais à cerner cette désolation et cette compassion qu'elle trouvait finalement peu professionnelle. Dans d'autres circonstances, elle m'aurait enlacée et frottée le dos. Elle m'aurait dit sa déception et son profond regret mais hélas, dans ces circonstances elle ne pouvait se le permettre.
- Mes condoléances pour votre mère Angela.
Je ne sus quoi répondre, un "merci" ou un "ok"? C'était assez bouleversant de l'entendre après un mois de pleurs et surtout d'une personne qui aurait bien pu le dire des jours auparavant. Je me tus donc et je me contentai d'hocher la tête.
- Je sais que vous avez du souffrir et au nom de l'administration et de moi personnellement, nous vous souhaitons nos condoléances. Cependant... A ce mot, elle s'arrêta, prit le temps de croiser des doigts posés sur son bureau, et respirer un bon coup. Nous ne pouvons vous donnez l'accès aux examens finaux sans que vous n'ayez payé la totalité de la contribution.
Un silence se creusa sur le moment. Je la fixais sans pourtant la voir tellement mes yeux s'emplissaient de larmes et mon cœur de maux.
Je n'en croyais pas mes oreilles, alors vraiment pas. Je venais de perdre ma mère, la seule personne qui me restait et eux, c'est cette somme qui les intéressait. L'argent, rien que l'argent qui les préoccupait. Et que faisaient-ils de ma peine, de mes pleurs incessants et de mes crises de dépression -remarque ils ne savaient même pas dans quel état j'étais depuis la mort de maman- et des problèmes qui me terrassaient ? Rien en fait, ce n'était en aucun cas leur problème. Je lui adressai un regard assez complexe, un regard à la fois bleui et pleins d'aversions. Un regard qui s'interrogeait et un regard qui les maudissait crûment. Puis je soupirai enfin, laissant un faciès décontracté et léger.
- Donc si je comprends, je suis vouée à perdre cette année ?
- En effet mademoi...
- Donc vous n'avez vraiment pas de cœur en fait. Jactai-je. Vous connaissez ma situation, vous savez la galère dans laquelle je suis et pourtant vous ne pensez qu'à vos petits sous. Qu'est-ce qui vous coûterait de me donner ce diplôme madame. Dites le moi. L'argent vous savez que je ne l'aurai pas et que les choses ne s'arrangeront jamais pour moi.
- Ne dites pas ça Angela. Tout pourrait bien s'arranger et vous pourriez composer vos épreuves spécialement.
- Quelle délicate attention madame! Ironisai-je. Et vous croyez que ça changera quelques choses. Je crois que... Des larmes sur mirent à couler sur mes joues. Des larmes que je ne contrôlais quasiment pas. Je les essuyai sur le champ et poursuivit. Merci madame.
Ces derniers mots étaient venus également sans que je le pense. Cette vie devenait trop pour moi. Je n'arrivais à la comprendre. J'étais là dépassée, ne faisant que marcher sur un terrain miné, prête à  basculer dans un monde fait d'hécatombes et de ténèbres âcres.
Je sortis du bureau les yeux rouges et baignés dans un lac de larmes. Mes pas écrasant horriblement le sol, je courus, la musique pleins les oreilles, le cœur meurtri, la tête bouillonnante et l'esprit totalement noirci. Je ressentais assez de haines pour nourrir les enfers, une haine qui me donnait qui atrofiait ma fourbe envie de me laisser engouffrer les méandres de mes sentiments les plus sombres.

ANGELAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant