J'ouvre les yeux, tout est flou, la lumière se fait piquante, je les referme. Je pense, je réfléchis, j'essaie de me souvenir, mais c'est le vide. Je ressens une douce amertume venir se cloîtrer dans le fond de ma poitrine. Je suis triste cette fois-ci, je le sais. J'ouvre une fois encore mes yeux, la lumière continue de m'irriter, mais j'ajuste mes pupilles et tout se fait un peu plus clair. Je ne reconnais pas l'endroit, et la nouvelle senteur qui m'accueille me fait plisser les sourcils. Je me regarde un moment, je suis couverte. Une couverture peu familière cache mon corps. Je la retire et je me vois vêtue d'un bleu tacheté de blanc. Je laisse immédiatement la couverture s'affesser, et je lève les yeux vers le toit. Tout est blanc dans cette pièce, tout, et cette lumière continue de se faire insolente. Je me redresse et je me tiens sur mes fesses qui, sur le coup me font mal. Je laisse mes yeux se balader dans la pièce et, au bout d'une seconde j'aperçois des individus à la porte, il discute, l'air sérieux et un peu grave. J'arrive à distinguer la blouse blanche, mais l'autre personne, elle paraît toujours aussi floue. Un mal de tête atroce me saisit alors que j'accentue ma vision. J'incline ma tête en proie à ces maux qui ferment mes yeux. La douleur se tempère, je réussis à relever ma tête, et là, les yeux sombres de la personne à ma porte embrassent les miens partiellement ouvert. Il se décale et en une seconde je le vois courir vers moi. Ses sourcils transcrivent une certaine peine. Il a l'air inquiet ou plutôt triste. Je ne sais plus, je comprends pas ce qui se passe. Il est qui celui là, et pourquoi se rapproche-t-il de moi avec un faciès décomposé ? Et où suis-je? C'est quoi tout ce blanc, ces tenues, ces rideaux, cette odeur qui me remplit les narines? Putain que fais-je ici ?
Les questions dans ma tête s'enchaînent, s'éfilent et m'étranglent. Je suffoque, je panique, tout est bouleversant. J'ai peur, et alors que cette peur remonte dans ma poitrine, des images affluent. Je me vois étendue sur une terre plate, fraîche et noire. Je me vois pleurer et je vois cette voiture qui...
- Hey. Comment vous allez? Vous vous sentez comment? Et les douleurs ça va?
Je prends le temps d'accumuler et comprendre ses questions. Je le regarde durement, le visage pleins d'interrogations et d'afflictions.
- Où suis-je?
- Dans l'hôpital miséricorde.
- Et qu'est-ce que j'y fous? Et vous qui êtes vous?
Je le vois fermer ses yeux et se retourner. Il rejoint le médecin, échange quelques mots avec lui et reviens. Son regard cette fois-ci est fuyant, il n'ose poser ses yeux sur moi, qui de plus près, s'avèrait plus clairs. J'ai envie d'insister mais je me fais interrompre par le médecin.
- Bonsoir mademoiselle Angela. Je suis le docteur Harvin, celui en charge de vos soins. Nous sommes heureux que vous vous soyez réveillées. Vous avez été victime d'un accident et, le monsieur ici présent vous a conduit aux urgences. C'est à lui que vous devez votre vie, autrement vous serez... Bref, nous avons fait le nécessaire, nous vous avons administré les soins adaptés à vos blessures.
Je le regardais activer ses lèvres et déverser une pluies de mots qui m'indifféraient. L'air absent, je ne faisais que penser, perdant par moment mes yeux sur celui qui s'avérait être mon sauveur. Je lui devais la vie c'est bien ça? Et puis quoi? J'aurais voulu qu'il me laisse m'engouffrer dans les ténèbres de la mort. Et maintenant, par sa faute, je me devais de vivre et d'affronter ce monde qui ne faisait qu'étrangler ce qui me restait d'espoir. Je continue de l'entendre parlé, mais je reste indifferente. Mes yeux sont cette fois rivés sur mes bandages sur le poignet, et le coude. Je sens une larme s'échapper de mes humides yeux et je cours stopper leur sa course. Je l'efface de ma joue de peur qu'il voit la tristesse qui m'emplie. J'ai l'impression que celui qui se trouve être mon sauveur ne me lâche du regard. Ses yeux me jettent des picotements dans le cou, mais je tâche de ne pas m'y attarder. Je me reconcentre sur mes bandes, sur mes égratignures sur le visage et sur mon pied tout lourd. Je ne l'avais pas remarqué celui là. Je me débarrasse vite de cette couverture qui couvre les jambes et je tombes sur ça. Une plâtre sur ma jambe droite. Mes nerfs se dessinent sur mon front, je renfrogne mes sourcils, une larme s'hasarde à franchir le seuil de mes orbites. Cette fois, je ne la retiens pas. Elle descend lentement et va se perdre sur mes lèvres. Elle glisse sur ma langue, et là, je ressens son goût salé m'arracher une seconde larme. Ces larmes sur mes joues, je ne connais la source, j'ai bien envie de dire que c'est ce plâtre, mais non, il n'en est pour rien. Quelque chose de plus profond force cette rincée de larme. J'essuie discrètement mes larmes et je relève la tête. Je pose mes yeux minces et effilés sur le docteur, je ne laisse pas voir le chagrin qui me torpille et je le laisse s'expliquer.
- Percutée, vous avez subi une fracture à la jambe. Mais rien de bien grave. Le plus grave ce sont les quelques côtes qui ont failli perforer vos poumons. Vous n'avez eu aucun problème cérébral heureusement. Juste des fractures que nous avons résolus.
- Je suis là depuis quand en fait? Interrogeai-je
- Trois ou quatre jours je crois.
- Et j'étais inconsciente? Et ces bandages, ce sont les résultats des opérations ?
- Pas tout à fait. Mais depuis l'intervention du matin, vous l'étiez. Comment vous vous sentez. Vous éprouvez des douleurs?
- Euh...non je crois. Juste des maux pas très perceptibles sur mon torse .
- L'anesthésie passera bientôt. Je vous enverrai une infirmière.
J'incline la tête en signe d'accord et je pose mes mirettes sur ce monsieur qui semble être hyper intéressé et qui bien qu'ayant le regard fuyant, ne manque d'être attentif. Je perds un peu plus de temps sur lui. Il n'est pas si grand, il a le teint tout aussi clair que le mien. J'ai envie de scruter son visage mais il est trop fuyant pour que je le saisisse. Je n'arrive qu'à cerner sa forme chétive, ses traits juvéniles un peu trop ponctués. Il est soigné et élégamment vêtu, mais toujours avec pincée de fraîcheur qui me faisait croire qu'on était du même âge.
Je laisse mes pupilles glisser, passer sur le ventre bedonnant, pour enfin se poser sur mes jambes. Je les regarde un bon moment, et une question prend d'assaut mes pensées. Je la retourne une bonne minute et je me décide à la laisser sortir.
- Mes soins, qui s'est chargé de les payer tous?
Je les vois s'enfermer dans un silence narguant. Ils sont tous les deux la tête rivé vers le sol. Le médecin la relève juste après mais ne dis rien. Il se contente de poser ses yeux globuleux et vitrés sur son second. J'arque mes sourcils et réitère mon interrogation.
- Qui est-ce qui a payer mes frais de santé? Et ne me dites pas que l'hôpital les a pris en charge. Répondez moi.
Mon sauveur, je le vois se retourner, il s'apprête à s'en aller, mais le docteur l'arrête d'un poigne. Il reste planté, dos à moi, les bras croisés. Je commence par comprendre, c'est évident. Plus besoin de réfléchir.
- C'est vous n'est-ce pas? C'est vous qui les avez pris en charge.
Je le vois se retourner et poser ses yeux pleins d'innocence.
- Pourquoi l'avez- vous fait? Pourquoi ? Et qui êtes-vous ? Commençais-je à crier dans la pièce. Mes larmes se remettent à couler. Je reprends mon souffle, renifle, essuie ses larmes qui m'empêche d'hurler et je continue. Il est immobile, et malgré ma vision flouée par les flots de larmes, je pouvais voir la peine dans ses yeux brillants.
Qui êtes-vous ? Dites le moi. J'hurle toujours. Et lui, il semble de plus supporter tout ça. Il me lance un semblant de regard et cours à jambes larges vers la sortie..
Je me retourne vers le docteur qui observe la scène sans broncher. Il voit les larmes et se retourne.
- Dites moi qui il est s'il vous plaît docteur. Je vous en prie.
- Il vous le dira lui-même. Je n'ai rien à dire le concernant. Je vous conseille de lui donner du temps
- Du temps? Je répète cette phrase avec hargne et nervosité. Je froisse mes draps, contracte mes muscle mais une douleur insolente me courbe et me fais toussailler.
- Oui. Et maintenant gardez- vous de ne point faire de mouvements brusques.
Il sort cette fois-ci, disparaît derrière la porte et me laisse seule, les larmes pleins les yeux.
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ANGELA
Storie breviRemise à entre les mains d'un avenir incertain, elle se voit vivre pour exister et non exister pour vivre