Prologue

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Londres, le 31 mai 2011 au soir,

- Yeux verts, yeux de vipère... murmura sarcastiquement l'oncle Charlie – à moins que ce ne soit Bill... il était difficile de les différencier...

- Une vieille vipère, pour le coup ! rétorqua son jumeau.

- William ! Comment peux-tu rire d'une chose pareille ?! Je te signale qu'un village entier vient d'être rasé de la carte et toi tu... Tu... !!!

C'était son père qui venait de parler. Il pouvait reconnaître le son de sa voix entre mille... Surtout quand il s'énervait, pour en avoir fait de nombreuses fois l'expérience.

- Je dédramatisais juste ! Vaut mieux en rire qu'en pleurer, non ?

- Calmez-vous ! ordonna sombrement l'oncle Henri. L'heure est plus grave que jamais... Il est allé trop loin cette fois-ci.

- Il a toujours été trop loin, murmura faiblement l'oncle Fred, qui n'avait jusqu'alors pas pris la parole.

- Oui, sauf qu'à présent l'avenir du pays est en jeu. Il faut que nous exécutions notre plan une bonne fois pour toutes ! C'est l'occasion ou jamais...

- Tu veux dire avant que la vieille vipère ne nous démasque et nous fasse tous décapiter les uns après les autres ? ironisa l'oncle Charlie en passant son pouce devant sa gorge.

- A ta place, je ne plaisanterais pas avec ça, tonna sévèrement son père. Tu sais bien ce qui est réellement arrivé à Jason McLoyn.

- Horrible... commenta tristement Frédéric.

- Tout ça cessera une fois que le plan aura marché, assura Henri.

- La question est : est-ce que le plan va marcher ? demanda Bill en s'adressant directement à son père. Je ne pense pas qu'il soit prêt à ça ; hier encore, je les ai vus plaisanter ensemble...

- Ce n'est qu'en apparence, coupa son père. Les scientifiques que j'ai engagés ont confirmé qu'il pourrait le faire, il suffit de le déclencher... Moi-même, j'ai pu constater dans le regard qu'il me lance parfois qu'il en est capable, je le sens... Il a cette détermination mêlée à une sorte de fureur... Je dois vous avouer que ça lui arrive de m'effrayer...

- Très bien, mais s'il échoue...

- C'est notre mort assurée ! Il le fera peut-être tuer, il n'a aucune pitié !

- Il n'échouera pas, je peux vous le garantir ! affirma son père avec détermination en tapant du poing sur la table en bois.

- J'espère... Agissons dès demain ! proposa Henri. George, tu sais comment le déclencher, n'est-ce pas ?

- Il suffit de lui serrer très fort le poignet droit, c'est pour ça qu'on fait toujours très attention avec Diane quand il faut lui serrer la main...

- James ? Qu'est-ce que tu fais-là ? demanda l'oncle Fred avec stupeur.

Tous les regards se figèrent sur lui avec une expression de grand étonnement... Il avait fait de son mieux pour être le plus discret possible, mais la discussion de ses oncles devenait de plus en plus intéressante si bien qu'il n'avait pas pu s'empêcher d'entrouvrir légèrement la porte pour pouvoir mieux suivre ce qu'il s'y disait. Mais c'était raté : on venait de le prendre la main dans le sac en train d'écouter aux portes. Maintenant, son père allait le gronder ; il serait peut-être même puni dans sa chambre pendant toute une journée. Après tout, ce n'était pas la première fois que son père lui disait de ne pas espionner derrière les portes...

- James, allons ! le réprimanda son père comme il s'y attendait. Je ne t'ai jamais dit que c'était vilain d'écouter aux portes ?

- Désolé, Papa, dit-il honteusement en baissant les yeux, je voulais seulement jouer aux agents secrets comme Nick...

- Il est trop tard pour ça mon chéri, c'est l'heure d'aller se coucher. Demain est un grand jour...

Son père lui attrapa doucement le poignet et l'entraîna hors de la pièce, après qu'il ait adressé un signe de la main à ses oncles en guise d'au revoir, les derniers mots de son père résonnant dans sa tête : « Demain est un grand jour... Demain est un grand jour... Demain est un grand jour... ».

Yeux verts, yeux de vipèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant