Yeux verts, yeux de vipère

Chapitre 11 : Le deuxième cadavre dans le placard

Hôpital Lulianne, le même jour.

Les trois adultes devant James paraissaient extrêmement angoissés, et aucun d'eux n'était assis. À en juger par sa position, l'oncle Charlie faisait les cent pas avant que le prince ne se réveille.

Cela prit quelques secondes à James pour se souvenir de la scène d'horreur : ses mains couvertes de sang et le corps d'Achéron, déchiqueté, au bord de la mort.

Le quatrième prince retira ses mains de sous ses couvertures, et respirant plus fort que jamais, les contempla : plus aucune trace de sang à présent, tout avait dû être nettoyé, songea-t-il...

Il lança un regard effrayé à ses parents.

- Ne m'approchez pas ! hurla-t-il d'une voix hystérique qui fit sursauter les trois adultes. Je suis dangereux ! J'ai... J'ai tué un... un élève !!!

- Gabriel Achéron a été déplacé dans cet hôpital sous mes ordres, déclara doucement l'oncle Charlie. Les médecins sont quasiment sûrs qu'il devrait s'en sortir.

- J'ai failli le tuer... murmura James d'une voix piteuse.

Diane Windsor se mit à pleurer. Peut-être pensait-elle que son fils était atteint de folie ? Le roi d'Angleterre, aida sa femme à s'asseoir sur la chaise d'hôpital, près du lit et lui tendit un mouchoir. Les deux hommes se lancèrent ensuite un regard significatif.

- Je suis fou, c'est ça ? cria-t-il à leur adresse.

- Non, répondit fermement Charles – George Windsor ne semblait pas être en état psychologique pour répondre.

- J'ai pas voulu le tuer, dit enfin James. Il m'a serré le poignet très fort, j'ai perdu connaissance et quand j'ai rouvert les yeux, mes mains étaient couvertes de sang... et lui, il était méconnaissable...

Diane pleura de plus belle.

- On sait, ne t'inquiète pas, reprit l'oncle Charlie après un moment de silence. Ginny a assisté à la scène, elle nous a tout raconté.

James prit ses mains dans ses bras. Cette pauvre Ginny avait vu toute l'horreur qu'il avait fait subir à Achéron... Elle devait être complètement bouleversée... Par sa faute. Maintenant qu'il y pensait, peut-être qu'elle ne voudrait plus jamais lui adresser la parole de peur qu'il l'attaque, elle aussi...

- Comment est-ce qu'elle va ? finit-il par demander, un peu plus calmement.

- Elle est... un peu secouée, il faut l'avouer, répondit le Président de France. C'est normal, après avoir été témoin d'actes d'une telle violence. Mais elle a réussi à tout raconter plus d'une dizaine de fois. Plusieurs psychologues de l'hôpital s'occupent d'elle, à présent.

James hocha la tête puis déglutit. Il n'avait jamais voulu tout ça...

- Est-ce qu'elle a peur de moi, maintenant ? demanda-t-il d'une voix aigüe.

La reine réprima de nouveaux sanglots.

- Eh bien... Elle n'a pas l'air de croire que tu aies agi selon ta volonté. Elle pense – et elle a bien insisté là-dessus – que tu ne semblais pas... disons... « dans ton état normal ». Elle pense que... commença Charles.

- Silence !!! coupa George Windsor, cette fois-ci en colère.

Il lança un regard furieux à son frère. L'oncle Charlie soupira. James ne comprenait pas. Qu'avait dit l'oncle Charlie pour déclencher le courroux de son père et quelle était la fin de sa phrase ?

- En tout cas, elle ne t'en veut pas, si c'est ce que tu veux savoir, reprit le Président. En fait, elle est même plutôt inquiète à ton sujet. Par contre, je suis désolé, mais au vu de l'état d'Achéron, l'administration de l'école a imposé une exclusion temporaire de deux semaines en attendant ton conseil disciplinaire...