Sonic exe 06

Amy, mon amour

Ce soir, Amy fit un cauchemar. C'était le genre de cauchemars duquel il est impossible de se réveiller, qui vous fait croire que vous êtes debout et que vous lui avez échappé alors que vos paupières sont toujours scellées. Dans son rêve, Amy était seule dans les bois, sans Liz ni Shadow, ni son marteau, et elle entendait quelqu'un appeler au secours. En tendant l'oreille, elle se dit qu'elle reconnaissait cette voix. Mais ce n'était pas celle de Silver. C'était celle de...

« Sonic. » Murmurèrent ses lèvres endormies.

Lentement, aussi molle qu'une poupée de son, la petite femelle se releva sur ses membres engourdis et commença à marcher, à la recherche de la voix qui criait à l'aide dans sa tête, pas à pas entre les grands arbres muets.

Liz avait froid. Pour une raison inconnue, le vent passait maintenant plus près d'elle et traversait tout son corps. Lorsqu'elle se réveilla de son sommeil trop lourd, elle laissa ses yeux s'habituer à la seule lumière de la lune et réalisa qu'Amy n'était plus à côté d'elle. Quand elle tourna la tête vers Shadow, elle le vit effondré sur lui-même, assoupi, sa poitrine se relevant de temps à autre pour laisser passer un souffle paisible. Quand Liz le secoua pour lui dire qu'elle ne voyait plus Amy, Shadow se redressa et regarda autour de lui, sur ses gardes. C'est alors que tous deux comprirent qu'ils avaient été une fois de plus victimes d'un sommeil qui n'était pas naturel.

« Où es-tu ? » Entendirent-ils une faible voix féminine appeler au loin, vers laquelle ils se précipitèrent immédiatement.

En traversant les chemins de racines et de feuilles mortes, ils virent la somnambule continuer de faire son chemin, à tâtons dans l'obscurité et en s'éloignant toujours plus d'eux, jusqu'à une clairière ouverte au cœur des bois. Sans faire de bruit, ils s'approchèrent doucement et se placèrent devant elle, prêts à la réceptionner lorsque, à quelques mètres d'elle, ni Liz ni Shadow ne purent faire un pas de plus, comme s'ils venaient d'être coulés dans du béton. Soudain, tirés par une force invisible, ils s'élevèrent du sol et se mirent à flotter à quelques centimètres de la terre ferme. Leurs bras et leurs jambes étaient entourés d'un halo rouge vif. Péniblement Shadow tourna la tête et aperçut dans leur dos la marionnette Silver, ses bras morts et indépendants dirigés vers eux les paumes grandes ouvertes. Liz reprit son souffle et ouvrit la bouche pour appeler Amy, lorsqu'une main de fer invisible lui referma les mâchoires, manquant de lui sectionner la langue, et se mit à lui serrer suffisamment la gorge pour ne pas l'inciter à recommencer. De son côté les yeux de Shadow s'étaient grand ouvert et brûlaient d'une rage intense, les dents si serrées qu'elles semblaient prêtes à lui briser le crâne. Liz ne pouvait que lui jeter un regard d'impuissance, maintenant complètement paralysée. Puis, lorsque Silver en reçut l'ordre, tous deux se mirent à se déplacer avec lui jusqu'à se trouver derrière celui qui les dirigeait tous et les accueillit avec joie aux premières loges du spectacle, Sonic exe, qui leur indiqua leur place, derrière les arbres.

Tout ce temps, si réceptive à ses illusions, Amy était entrée dans la clairière et se dirigeait toujours à l'aveugle vers celui qui l'appelait. Soudain, docile, elle s'immobilisa à quelque distance de lui et ses yeux s'ouvrirent enfin. Lorsqu'elle vit le monstre en face d'elle, elle blêmit.

« Amy, c'est moi, déclara Sonic exe d'une voix sifflante, mais plus douce que les fois précédentes.

Bien que ses genoux se fussent mis à trembler, le hérisson rose le foudroya du regard.

-C'est faux, tu n'es pas Sonic. N'essaie pas de me le faire croire !

-Tu ne me reconnais pas ? Tu es sûr ? Demanda celui-ci en imitant de mieux en mieux les intonations du hérisson bleu.

Lorsqu'il avança d'un pas aux rayons de la lune et prit l'une de ses poses favorites, planté sur ses deux jambes avec assurance, les bras croisés et un sourire insolent aux coins des lèvres en direction de son adoratrice préférée, Amy se troubla et la prise autour de son marteau se détendit l'espace d'un instant, avant de se resserrer.