3. Capture (1/2)

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Quelques minutes plus tôt

– Je peux m'asseoir, Lilia ?

– Bien sûr !

Rémi s'affale après qu'elle ait renfoncé sa deuxième valise sous le siège.

– On voyage léger, à ce que je vois.

– Moque toi, va ! Tu dois bien avoir une valise en extra pour ta cargaison de gel.

Le jeune homme s'esclaffe, replaçant machinalement ses cheveux gominés.

– Touché ! Dis, ça ne t'oppresse pas trop ces vitres ? demande-t-il en écartant inutilement le rideau aux motifs du logo de Symphonia.

– C'est perturbant. J'suis claustrophobe en plus.

Elle dégage une mèche qui retombe en cascade jusqu'à son poignet. Maureen les rejoint.

– Tiens, merci, Lilia, dit-elle en lui rendant son paquet de chips. J'en pouvais plus !

– Je vous laisse, les filles.

– Non, garde ma place, Rémi. On essaie d'écrire un hymne avec Dorothy et Ven.

Maureen s'éloigne, un regard entendu avec Lilia. La semaine passée, alors qu'ils étaient briefés sur l'émission, elle s'est bien rendu compte que Rémi suscitait son intérêt. Alors si en plus c'est réciproque...

Ven poursuit l'écriture du texte, mais visiblement Rocco n'est pas en phase, Dorothy hésite, alors Maureen intervient pour trancher.

Derrière eux, Mélissandre mime un cours de sport rocambolesque après quoi elle affirme :

– J'suis pas prête de m'y mettre. Je ne me rabaissais même pas à rattraper mon bus quand le seul moyen de l'avoir était de courir, alors je suis encore moins prête à faire un tour de piste.

– Et vu la prof, ce sera même plusieurs tours de piste !

– Paûvre de moiii !

Sa théâtralité, même dans les conversations les plus banales, amuse toujours autant Diane qui ne la quitte plus. Mélissandre a son public et apprécie cela.

Maxime, Ziad et Achille sont beaucoup plus calmes qu'au début du trajet. Lilia peut les entendre partager leurs espoirs.

Soudain, la voix de Bastien Cotton résonne :

Bonsoir à tous ! Est-ce que vous m'entendez ?

Ils se rassemblent et répondent à l'animateur, n'oubliant de fixer la caméra située à l'arrière du chauffeur, comme on leur a indiqué.

Maureen se joint à ses compagnons et espère que son salut est vu par les téléspectateurs. Ça lui semble encore si abstrait. Ils savent désormais qu'à partir de cet instant, les caméras tourneront en continue.

Prêts pour l'arrivée ? Achille, je vous vois jeter un œil vers les fenêtres, vous me confirmez que vous ne voyez rien ?

Achille, Dorothy puis Ven prennent le temps d'expliquer qu'ils sont effectivement dans le flou le plus total.

C'est normal, explique Bastien Cotton. Pour éviter les abus de certains médias, paparazzi et garantir une sécurité et un endroit préservé pour nos candidats, personne ici, je dis bien, personne, ne sait où se trouve la Résidence. Les équipes sur place resteront, comme nos candidats, sur le site, sans contact avec l'extérieur...

Lilia et Maureen se cherchent du regard, elles ont déjà tant parlé de leur appréhension quant à la perte d'anonymat. 

Le bus ralentit et Rocco saute au cou de Maxime. Lorsqu'ils sont enfin arrêtés, il attrape la main de Maureen et se dirige vers la porte de sortie. Son enthousiasme est contagieux. Et de toute manière, impossible de rivaliser de force avec ce grand gaillard.

– C'est bon, monsieur le chauffeur ? demande Rémi.

La porte s'ouvre en réponse. Rocco et Maureen sont les premiers à descendre. A l'intérieur du bus, Lilia s'adresse à Nath, qui semble en retrait :

– Tu viens, belle rousse ?

Elle répond d'un sourire et le groupe se reforme en bas du bus. Le chauffeur sort de sa cabine mais ils ne le considèrent pas. Tous observent la fameuse Résidence.

– Mais visez ça, les mecs ! lâche Rocco.

– Non, mais, énorme quoi ? confirme Ven.

– Mais qu'est-ce qu'on attend ? lance Diane.

– Youhou !!! crie Dorothy en s'élançant droit vers l'immense bâtisse. 

– Attendez, elles sont où les caméras ? demande Rémi.

– On s'en fout ! réplique Mélissandre en suivant les pas de Dorothy.

Lilia, Nath et Maureen sont sans voix, impressionnées. La Résidence ne ressemble à aucune maison, villa ou manoir qu'elles aient déjà vus. C'est une maison d'architecte, sans âge, qui épouse un terrain en pente, entre arbres et roches granitiques. 

Le corps principal s'élève en cathédrale au-dessus des cimes. Le parc alentour se reflète sur des baies vitrées qui parsèment la majorité du bâtiment.

Ils se tiennent à une cinquantaine de mètres de ce qui ressemble à l'entrée principale.

– Y'a personne pour nous accueillir ? demande Lilia alors qu'elle ferme la marche.

Elle passe près d'un kiosque en bois égayé par des plantes suspendues et des lanternes.

– Et y'a une piscine ! annonce Maxime du haut des marches menant au palier d'entrée.

Maureen constate que le domaine est ceinturé de haies et palissades de plus de trois mètres de haut.

– On est où, à votre avis ? demande-t-elle.

– Dur à dire. Pas dans le sud...

Diane coupe Rocco.

– Chut ! Les caméras et les micros ! Je te rappelle qu'on est filmé !

Rocco grimace. Effectivement, c'est dans leur contrat : ne surtout rien dire qui pourrait donner des indices sur l'endroit.

Maureen est la dernière à rejoindre le groupe sur le perron.

– On fait quoi ? On rentre ?

Mélissandre s'adresse à Bastien Cotton mais Ven répond pour lui :

– Vas-y !

Mais la porte est close.

LE MAESTROOù les histoires vivent. Découvrez maintenant