14. Confusion

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Les rares nuages qui cachaient la Lune se sont dispersés.

Maxime ne se dégonfle pas.

Il a passé un stade : après la peur, puis l'instinct de survie, l'adrénaline le rend plus courageux. Le voilà seul, dans le long corridor à l'étage, alors que le tueur rôde. Il n'entend plus les voix de Maureen, Ziad ou Lilia. La demeure est vaste, il n'entend pas encore celles de Dorothy, Achille ou Diane.

Les appeler maintenant serait pure folie, il réalise alors que c'est une proie facile et accélère le pas.

Les étages sont très éclairés, contrairement aux lumières tamisées du rez-de-chaussée. Il scrute les portes, il y en a au moins sept dans ce couloir. Les premières pièces sont ouvertes, signe de l'inspection du trio désigné pour repérer l'étage.

Maxime se surprend à penser que leur manœuvre est totalement utile, comment espérer trouver de quoi ce défendre ici ?

Même avec de l'imagination, que faire des draps des chambres, des instruments de musique du salon ? A la limite, se défendre avec un couteau, mais bien entendu qu'il avait enlevé tous les couverts de la cuisine et du salon. Le tueur a préparé son coup, il n'allait pas leur offrir des armes sur un plateau !

En s'approchant de la fenêtre, le jeune homme constate que la lumière de la Lune peut envahir le couloir tout entier car le rideau est à terre, déchiré.

– Merde ! Dorothy !... Achille !.. Diane !

Il pousse les portes, mais personne ne se trouve derrière. Il monte alors au deuxième étage, enclenche une autre porte et entend crier :

– MAINTENANT !

Achille se fige devant Maxime qui recule, il s'apprêtait à l'empaler sur la tringle pointue.

– Max' ! T'es fou ! Pauvre con, j'aurais pu te tuer !

– Je vous ai appelé ! se défend-t-il en bousculant Achille. C'est toi, le connard !

– Les gars ! Calmez-vous ! Vous voyez bien que le tueur joue avec nos nerfs ! Reprenez-vous ! ordonne Dorothy.

Maxime passe son chemin. Ils sont dans une salle de bain géante, séparée de part et d'autre : un coin pour les femmes, un coin pour les hommes, uniquement lié par un rang de lavabos communs.

Les carreaux de faïence noire luisent comme du pétrole.

– Vous avez trouvé quelque chose ?

– Non, rien. On a entendu un bruit, on a pensé qu'il nous poursuivait, explique Diane. On s'est réfugié ici, et on n'a plus bougé. Jusqu'à t'attaquer.

Maxime explore jusqu'aux douches.

– Il n'y a pas de caméras ici, constate-t-il.

– Encore heureux, ils n'allaient quand même pas nous filmer en train de nous savonner ! dit Diane.

– Il y a peut-être des caméras discrètes, suggère Dorothy, moins convaincue par les apparences. C'est le genre d'images qui fait de l'audience.

Mais Maxime assure :

– Non, il n'y en a pas. Nous n'avons pas vu cette pièce sur les écrans.

– Comment ça ? demande Achille.

Inspectant les recoins des yeux, il explique :

– Ziad et Lilia ont trouvé le local vidéo. On peut avoir en vision ce que filment toutes les caméras de la Résidence. Cette pièce n'en fait pas partie, il y a donc quelques endroits non couverts par les caméras...

– Et donc ? Qu'est-ce qui...

– Maureen et moi les avons rejoint, coupe Maxime. Sur aucune des images, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur nous n'avons vu le tueur. Enfin au début car...

Achille l'interrompt :
– Attends ! Tu insinues qu'il se cachait-là, dans les douches ?

– Il sait quels sont les lieux non filmés. Et il savait qu'on allait découvrir le local technique. Il a toujours des coups d'avance sur nous ! Alors, oui, ce sont dans ces lieux où il se cache...

Dorothy et Diane considèrent cet étage d'un œil apeuré.

– Mais... vous êtes cons ! réplique Achille.

Ils se retournent vers lui.

– Fallait rester là-bas. On devrait tous y retourner, poursuit Achille. Si le tueur sort de sa cachette, nous aurons le temps de le voir venir, et pour nous protéger, et pourquoi pas l'attaquer nous même, ensemble ?

Maxime explique :

– Attends, on ne fait que des suppositions. Et s'il avait des complices ? Ou si il avait installé d'autres pièges ? De toute façon, nous sommes partis parce que nous l'avons vu dans le grand salon.

– Oh ! Rémi !

– C'est pour ça que tu es monté ?

– Oui, il l'a eu !

– Non !

– Dorothy, attends !!!

– C'est mon frère !

LE MAESTROOù les histoires vivent. Découvrez maintenant