Mon oncle Guy

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Pour Ève, ma cousine, c'est une autre histoire.
Mon oncle Guy a le chic pour lui faire passer les vacances les plus pourries possible. Son obsession à lui, c'est de retrouver ses ancêtres les sourds.
   Dès le mois d'avril, Guy s'informe. Les cartes jonchent la table de la salle à manger et il passe tous ses dimanches à faire des recherches pour trouver une destination de pèlerinage, un saint lieu d'histoire des sourds.
   Un road movie à travers la France profonde.
Dans le trou du cul des Vosges, des Deux-Sèvres ou du Pas-de-Calais, il rivalise d'imagination et dégote toujours un endroit invraisemblable où une religieuse recueillit un enfant sourd en 1832, un autre où un proche de l'abbé de l'Épée vécut en 1738... Quand il arrive sur place, la maison n'existe plus depuis longtemps et plus personne ne connaît l'existence de l'illustre. Guy va de maison en maison, pose des questions, s'énerve. Et Ève, résignée, sert d'interprète à son père auprès de villageois perplexes qui n'ont pas la moindre idée de qui il veut parler.
   Trois semaines par an, sous la pluie, de Clermont-Ferrand à Vesoul en transitant par Dijon et Metz, Ève passe de sacrées vacances.

   Lorsque une année ses parents découvrent la Bretagne, la danse des canards fait fureur. C'est la danse de l'été.

   Je me souviens de mon oncle se dandinant au milieu du salon et agitant les bras pour nous montrer ce qu'il affirmait être une danse folklorique bretonne.

Les mots qu'on ne me dit pas [En Cours]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant