Etre un parmi ceux qu'il méprisait...

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*Partie 2: L'unique choix*

Ti Jan avait rêvé haut et grand avant de tomber en chute libre...

Une promesse oubliée car il avait enceinté une fille avant de boucler ses études. Cette erreur n'était pas sans conséquence puisqu'il l'avait payé et le payait encore chaque minute de son misérable existence. Les parents de la dite fille avaient soldé cet échec par un mariage forcé qui était aussi destiné à échouer du fait que les deux jeunes gens avaient arrêté l'école pour fonder  une famille sans aucun boulot.

Au commencement, c'était plus ou moins supportable. Sa maman quoique déboussolée de voir son fils gaspiller sa vie et ses efforts le soutenait en envoyant les maigres revenus que lui rapportait son commerce. Tant bien que mal Ti Jan reussissait à garder la tête sur l'eau. Mais le semblant équilibre de sa vie se pencha après la mort de la seule personne sur qui il pouvait compter.

Son fils avait maintenant un an et 6 mois plus tard il était aussi anéanti qu'auparavant, noyant ses remords et chagrins dans l'alcool. Oasif qu'il était, il avait beau cherché à trouver un emploi pour survivre. Dans seulement 3 mois il était passé de brouettier, chauffeur de taxi à cireur de soulier. Rien n'était assez bien pour couvrir ses dépenses et dettes.

Pour l'instant il ne voyait pas ce qu'il donnerait à sa femme à son arrivée. Cette dernière l'attendait déjà les mains sur les hanches sur le seuil de la porte. Il se sentit délivrer de trouver son fils sagement endormi et de voir sa femme n'émettre aucun commentaire sur le fait qu'il rentrait poche vide.

Assis, Ti Jan faisait le vide dans sa tête. Il devrait impérativement trouver un boulot beaucoup plus payant. Un ami lui avait conseillé quelque chose mais il hésitait. Les quelques années passées à l'école lui avait appris à discerner le bien du mal. Il était un homme à morale qui croyait au changement, un possible futur heureux non seulement pour lui mais aussi pour son pays. Il voyait d'un mauvais œil ceux qui contribuait au malheur D'Haïti juste pour remplir leurs poches.

Pourtant toutes ces hésitations s'envolèrent lorsque quelques minutes plus tard sa femme lui annonça qu'elle était enceinte à nouveau. Il dut admettre qu'il n'avait pas d'autres choix que d'accepter ce que son ami lui proposait. Participer à une manifestation et semer le chaos pour milles gourdes. Jamais il n'aurait eu une telle somme en une seule journée alors il composa le numéro de celui qui était à ses yeux son bienfaiteur.

Après la 3ème sonnerie, celui-ci décrocha. Ti Jan ne passa pas par quatre chemins et lui dit:
- J'accepte pour le boulot!
- D'accord. Puis il raccrocha.

À contre coeur, Ti Jan réalisa un instant le choix qu'il venait de faire. Il acceptait d'être un zenglendo*, d'être un parmi ceux qu'il méprisait quitte d'être mal vu dans la société.

*Zenglendo: autre nom donné aux bandits.

Fin***

''Recueil De Nouvelles''  (Nouvelles Terminées)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant