L'alcool fait faire des choses ...

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Mycroft était à un des rendez-vous réguliers avec Gregory Lestrade. Comme d'habitude, ils avaient parlé de Sherlock. L'inspecteur était d'ailleurs la seule personne à bien vouloir parler de lui avec son aîné. John n'était pas très coopératif, certainement car, comme il habitait avec le sociopathe, il n'avait pas un point de vue extérieur sur ses intentions, Sherlock disait de lui qu'il était gênant et le docteur était de son avis, voilà pourquoi il ne répondait que très peu à ses questions.

Greg avait, tout d'abord, eu un peu de mal à lui faire confiance mais, son instinct étant loin d'être mauvais, il avait très vite compris qu'en réalité Mycroft ne cherchait qu'à protéger son petit frère turbulent pour qui il s'inquiétait sans cesse. Il avait donc, bien volontier, passé du temps avec le gouvernement britannique à lui seul afin de le rassurer. Il ne s'en était pas rendu compte mais Mycroft avait développé des sentiments pour lui qu'il avait tout simplement décidé d'ignorer.

L'inspecteur avait réussi à convaincre l'aîné Holmes de passer la soirée, non pas dans un des bureaux ou bien chez ce dernier mais plutôt dans un bar. Il n'avait pas grand chose à dire sur le cadet car il avait eu peu d'enquêtes et encore moins qui l'impliquaient. Mycroft avait cédé à force d'insistances incessantes. C'est comme ça que le policier s'était retrouvé avec le politicien endormi sur son épaule, à discuter avec le barman qui avait, on ne sait pourquoi, un fort accent américain.

- Franchement, j'ai jamais vu quelqu'un réagir comme ça à l'alcool. D'habitude, les gens sont un peu trop enthousiastes ou, au contraire, complètement déprimés. Y en a certains qui vomissent ou qui se roulent sous la table mais jamais ils ne s'endorment comme ça.

- C'est sûr qu'il ne fait jamais rien comme personne lui !

- Bon allez, j'ai du boulot moi. Prévenez moi s'il y a un problème.

- Je n'y manquerai pas.

Lestrade, lui, tenait bien mieux l'alcool que Mycroft et c'était plutôt chose à le rendre joyeux. Il commençait à se faire tard pour un jour de semaine alors il décida qu'il était temps de rentrer chez lui. Il secoua donc doucement l'endormi.

- Mycroft, il faut vous réveiller.

- Mmmm ... Gregory ?

- Oui. Il est tard, si vous avez besoin de dormir, il vaudrait mieux rentr ...

Il n'eût pas le temps de finir sa phrase qu'une paire de lèvres s'était délicatement déposée sur les siennes, lui coupant la parole, et qu'une main s'était glissée sur sa joue. Mais lorsque l'auteur de cet acte vit la mine abasourdie de Greg, il finit de décuver d'un coup, prit son parapluie et sortit presque en courant de l'établissement.

L'inspecteur resta, quant à lui un moment assis sur le tabouret, sans comprendre ce qu'il venait de se passer. Il passa sans s'en rendre compte ses doigts sur ses lèvres puis reprit contenance et se lança à la poursuite du gouvernement britannique. Une forte pluie s'abattait sur Londres et il n'avait rien pour s'en protéger. Néanmoins, il put distinguer la silhouette de celui qu'il cherchait dissimulée sous un grand parapluie noir, entre deux lampadaires. Il se dirigea vers lui d'un pas qu'il voulait détendu mais en réalité bien pressé. Une berline noire le doubla en l'éclaboussant et, lorsqu'il comprit à qui elle appartenait, il se mit à courir derrière. Malheureusement pour lui, elle arriva à sa destination bien avant lui et Mycroft s'y engouffra après avoir refermé son parapluie. Il avait à peine eu le temps de voir son visage mais il était certain de ce qu'il avait vu : ses yeux étaient légèrement rougis et ses joues humides. Il avait pleuré. Il n'avait jamais vu Mycroft pleurer. La voiture était repartie, il était seul sur le trottoir, là où s'était tenu Holmes quelques secondes plus tôt et il était trempé jusqu'aux os. Une boule s'était formée dans sa gorge. Il regrettait, il regrettait amèrement le temps qu'il avait mis à comprendre. Alors il rentra chez lui, - après avoir payé sa consommation au bar - les mains dans les poches et sans chercher à se protéger de cette pluie qui tombait de plus en plus fort sur la nuit.

Pendant plusieurs semaines, plusieurs mois même, il n'y eu plus de rendez-vous, plus d'entrevues, plus aucun contact. Greg s'évertuait à lui envoyer quelques messages pour notifier l'état de Sherlock mais il ne recevait jamais de réponse. Il commençait à perdre espoir que le gouvernement britannique ne reprenne contact avec lui un jour. Il s'était rendu compte à quel point ces rendez-vous lui manquaient. Il s'était rendu compte à quel point ils rythmaient sa vie et maintenant, il avait l'impression qu'elle n'avait plus de sens, que tout se jouait sans qu'il ne puisse suivre. Mais ce jour là, il prit son courage à deux mains et se rendit chez lui, bien décidé à, au moins, s'enquérir de son état et, au mieux, tirer les choses au clair.

Sa maison était à son image : imposante et impersonnelle. Il prit une grande inspiration avant de presser la sonnette. Aucune réponse. Peut-être travaillait-il. Il voulait en avoir le cœur net. Il appuya lentement sur la poignée et, à sa grande surprise, la porte était ouverte. Il avala sa salive avant d'entrer dans cette immense maison et de refermer la porte derrière lui. Il avançait lentement, non pas qu'il ne savait pas où il était, mais il était stressé à l'idée que le politicien lui tombe dessus et appelle la police.

Il arriva dans le salon. Sur la table basse, il y avait plusieurs bouteilles d'alcool vides et une encore à moitié pleine posée à côté d'un verre à pied. Il s'approcha pour estimer l'étendue des dégâts lorsqu'il remarqua que Mycroft était allongé sur la canapé et qu'il ne l'avait pas vu en arrivant car le dossier le cachait. Il s'était blotti sous une couverture, était aussi blanc qu'un cadavre et avait des cernes de trois pieds de long. Greg fut prit d'un élan de tristesse et emmena les bouteilles à la cuisine pour échapper à cette vision. Lorsqu'il revint au salon, Mycroft lui sembla immobile, trop immobile. Il avait l'impression qu'il ne respirait pas.

Il avala à grands pas la distance entre la cuisine et le canapé pour venir s'accroupir devant lui. Il posa sa main sur sa joue, elle était chaude, brûlante même et il pouvait sentir le souffle de son nez sur sa main. Il poussa un long soupir de soulagement.

- Gregory ? Qu'est-ce que ... ?

Ledit Gregory sursauta. Mycroft avait ouvert les yeux. Ses yeux gris si perçants d'habitude semblaient si flous et étaient rouges.

- Je m'inquiétais ... et il faut croire que j'avais raison. Vous devriez faire plus attention à votre santé.

- Je gère ma vie comme je l'entends.

Mycroft s'était redressé difficilement. Il était maintenant assis sur le canapé avec sa couverture sur lui et il tremblait légèrement. Il devait être malade.

- C'est vrai ...

Greg baissa la tête. Le politicien - ou ce qu'il en restait - haussa un sourcil, ce qui fit rougir l'inspecteur le rendant encore plus incrédule.

- Mais il y a un mais, je suppose.

- La vérité ... c'est que vous me manquez.

Il planta ses yeux dans le regard gris du propriétaire de la maison dans laquelle ils étaient. Ce dernier n'avait pas l'air de comprendre. Greg se fit la réflexion qu'il était bien lent pour un Holmes. Il s'approcha alors de lui et embrassa furtivement ses lèvres. Le visage de l'homme de glace perdit sa neutralité pour afficher une expression agréablement surprise, ce qui fit étirer un sourire à l'inspecteur.

- Gregory ...

- On n'a qu'à se tutoyer maintenant.

Une expression malicieuse passa sur les lèvres de Holmes. Il tira sur la manche de Greg pour le faire asseoir sur le canapé et encadra son visage de ses mains pour l'embrasser. Ce dernier lui rendit son baiser en posant sa main sur la sienne.

- Je t'aime.

- Je t'aime aussi.

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Salut ! Ça faisait longtemps que j'avais pas publié un truc (mdr c'est faux, la dernière fois c'était dimanche dernier). Comme pour l'instant c'est le début de l'année les profs ne vont pas trop vite alors je ne m'empêche pas d'écrire ce qui me passe par la tête. En attendant, prenez soin de vous et à la prochaine ! Des bisous (≧∇≦)/

OS MystradeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant