God's Menu ✽ changlix

⇢ onze

Toute la brigade poussa de longs soupirs de soulagement en entrant dans les vestiaires. Le service était terminé, le nettoyage des cuisines effectué, ils n'avaient plus qu'à se changer et rentrer chez eux pour profiter d'une bonne nuit de sommeil. Jeongin et Felix se déplaçaient comme deux zombies, traînant des pieds derrière tout le monde. Sans une once de délicatesse ils s'écrasèrent en synchronisation contre les casiers métalliques, la joue collée contre le battant.

- Y a une pataugeoire dans mes chaussures, marmonna le plus vieux en agitant ses orteils.

- Et moi j'ai les fesses en nage.

Felix émit un léger rire, les paupières closes. Il comprenait tellement... Les services étaient de plus en plus difficiles à cause de la chaleur de l'été, les vêtements lui collaient à la peau et il était vraiment épuisé. S'il avait pu, il serait resté là, immobile, jusqu'au lever de soleil, mais les mots de Changbin restaient dans un coin de sa tête. Il voulait savoir ce qu'il lui réservait et pour ça, il ne devait pas laisser la fatigue prendre le dessus, quelque chose lui disait qu'il allait avoir besoin de toute son énergie.

- Bon, fit-il en se redressant, il faut se bouger.

- Non...

- Allez.

Il poussa légèrement son ami qui dû se détacher du casier s'il ne voulait pas s'écraser comme une crêpe contre le sol.

- Traître.

- Moi aussi je t'aime.

Jeongin fit la grimace puis ils tachèrent d'enlever leurs vêtements dans le silence le plus complet ; ils n'avaient plus la force d'user inutilement de leur salive. Dans des mouvements lents, Felix retira son uniforme. "J'aurais préféré que le chef le fasse..." songea-t-il spontanément. Quand il se rendit compte de sa pensée, ses oreilles chauffèrent au même titre que ses joues. Il ne savait pas ce qui lui prenait ce soir-là mais il était vraiment surexcité. Le noiraud l'avait-il déjà perverti ? Il n'avait pas souvenir d'avoir été autant stimulé lors de sa seule relation passée, d'avoir senti son ventre se tordre de plaisir à ce point, d'avoir été aussi obnubilé par une seule et même personne. Peut-être que ce n'était pas sain de le vouloir autant mais Felix avait envie de prendre le risque.

Comme à son habitude, son esprit s'encombra rapidement de toutes sortes de pensées plus ou moins pertinentes, il ne remarqua même pas que Jeongin avait déjà terminé de se changer à côté de lui.

- Bon, j'y vais, à demain.

Felix opina du chef, le cerveau encore plongé dans le brouillard. Il l'observa sortir en même temps que d'autres employés, vidant de moitié la pièce. Il enfila son t-shirt et dès que sa tête dépassa du col, ses yeux rencontrèrent ceux de Changbin qui venait juste de rentrer dans le vestiaire, les cheveux toujours aussi trempés de sueur et les boutons de sa veste d'uniforme à moitié ouverts. Pendant une poignée de secondes, ils s'observèrent silencieusement, comme s'ils tentaient de transmettre l'envie qu'ils éprouvaient pour l'autre.

Le noiraud fut le premier à détourner le regard en s'épongeant la nuque, faisant mine d'être exténué, mais lorsqu'il passa à côté de Felix, il laissa glisser furtivement sa main dans le bas de son dos, relevant d'un doigt le tissu de son t-shirt pour frôler sa peau. Le plus jeune retint son souffle, il commençait à perdre patience, toute cette atmosphère le frustrait tellement qu'il aurait presque pu en pleurer.

Lentement, il regarda autour de lui. Il y avait encore quelques employés qui traînaient devant leurs casiers et l'empêchaient de rejoindre son boss. Ses poings se serrèrent et il expira, il était hors de question qu'il s'en aille comme ça. C'était inimaginable. Déterminé à rester, son esprit réfléchit à vive allure, cherchant un moyen d'attendre ici sans paraître suspect. Ses prunelles finirent par se poser sur ses pieds et une ampoule s'alluma. Il se pencha et décida de défaire et refaire les lacets de ses baskets, grognant faussement pour faire croire que cette tâche l'agaçait. Finalement, il n'eut pas à jouer la comédie bien longtemps puisque la salle se vida très vite. Ses collègues le saluèrent en sortant. Désormais, il ne restait plus que lui et Changbin.