On ne brade jamais son amour.

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Il y a des choses que l'on apprend en traversant l'enfer, en se confrontant à la douleur, à la rancœur, à la destruction de soi. On se voit faiblir de jour en jour, ne plus sortir de sa chambre, rester toute la journée ou presque, les volets fermés, emmitouflée dans sa couette comme protégée du monde extérieur. Comme si c'était ça le pire, le monde extérieur. Comme si, à l'intérieur, tout n'était pas en train de pourrir, de périr. On se fait du mal seule en ressassant les évènements, en s'imaginant les réponses qu'on nous refuse et dont on a éperdument besoin, en se visualisant des scènes de celui que tu aimes avec la nouvelle, celle qui t'a remplacée et qui t'efface pour de bon du paysage... On se dit qu'en les détestant, forcément, ça ira mieux. Ça donne un moteur. Une raison d'avancer. De se déculpabiliser. De ne plus penser que toi, t'étais rien. Et que tu ne seras jamais rien. Qu'il est parti pour un ailleurs et que t'étais pas assez importante pour éviter ça. Jamais assez.

Conneries.

Un jour t'es bien obligée de te réveiller. De voir les choses en face. Il a fait ce qu'il a fait comme il l'a fait et rien ne l'excusera pour ça. Rien.  La douleur infligée, rien ne la légitimisera, jamais. Ça doit pas t'empêcher de lui pardonner. Le pardon c'est pas pour lui, que tu dois le donner. C'est pour toi. Pour vous deux. Pour avancer. Pour t'alléger. Parce que ça ne doit plus compter. Plus du tout. C'est fini, ça s'est fini comme ça s'est fini et c'est tant pis pour toi. Fallait être plus forte. Fallait savoir s'imposer. Fallait ne pas se montrer acquise. Fallait être plus intelligente, plus intéressante. Fallait. Et tu sauras désormais, qu'on ne brade jamais son amour. Qu'on ne marchande pas les sentiments. Qu'on n'essaie jamais de modifier le packaging pour rendre le produit plus attrayant quand on a déjà goûté à ce même produit. C'est faux et laid, ça ne fait que faire fuir l'autre. On ne se contente pas du minimum en donnant le maximum, tout en espérant qu'en face ça se réveille tout seul, que ça comprenne sans que tu ne dises rien. Parce que t'as beau te vanter de dire tout ce qui te dérange, tu sais bien qu'au fond, c'était pas toujours le cas. Par peur de le perdre, par peur de moins lui plaire. Comme si tu ne pouvais pas vivre sans lui. Comme si tu étais cette petite chose pitoyable et dépendante.

Et tu l'étais.

Mais aujourd'hui ? Aujourd'hui tu prends de la force. Aujourd'hui, tu gagnes en assurance. Tu commences à connaître ta valeur et à comprendre qu'être seule, c'est pas infaisable. Tu te suffis à toi-même, tu te fais face dans le miroir en te regardant droit dans les yeux. Il t'a fallait tomber au fond de ton enfer personnel pour entrevoir les portes de ton propre paradis. Celui que tu pourras un jour partager avec quelqu'un d'autre. Partager. Pas donner. Partager. Et c'est ce qui fait toute la différence aujourd'hui. Tu sais désormais que dans toute relation les choses vont et viennent, elles se donnent à même mesure dans les deux partis. Tu sais t'occuper de toi, vivre avec toi-même, te supporter. Tu sais gérer tout ce qu'il faut gérer, tu es forte et indépendante. Tu n'as besoin de personne, tu as envie de leur présence dans ta vie. C'est là toute la préciosité de tes relations désormais. Parce qu'alors, les choses rentrent dans l'ordre, elles deviennent saines. Et plus personne n'aura jamais un tel impact sur toi.

Et je suis fière de la femme que tu deviens.

Petites penséesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant