Epilogue

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En ouvrant la porte, je file directement dans la chambre pour prendre une bonne douche. L'eau chaude détend mes muscles engourdis et m'endort un peu. Mais je dois rester éveillé alors je finis cette douche sous l'eau glacée. Je me sèche rapidement sans prêter attention à mon reflet.

Je sais que j'ai une mine atroce, les cernes sous mes yeux sont énormes, le teint terne, la fatigue me mange le visage. Mes cheveux n'ont jamais été aussi fous, je laisse Sury les couper parfois, sinon ils sont trop longs et me gênent. D'ailleur je remarque un plateau sur le lit avec quelques biscuits, un café bien chaud et un petit sandwich. Dans un soupir, je m'assois et m'oblige à manger un petit peu.

S'il me voyait dans cet état, je me ferais étriper. Ma gorge se serre à ce simple souvenir. Non ce n'est pas le moment Harry, ressaisis toi ! Je me met une claque mentale et boit le café d'une traite avant de foncer dans la penderie. J'inspire profondément son odeur en l'ouvrant et la referme avant d'ouvrir un tiroir de la commode à côté pour en extraire des vêtements au hasard. Je dois ressembler à un échappé de l'asile...

Une fois prêt, je regarde la pendule, vingt minutes sont déjà passées. Je file à toute allure dans les escaliers et sort en trombe de la maison. Je transplane à l'entrée de Sainte Mangouste et reprend le chemin que je connais par cœur à présent. Personne ne dit rien, le personnel médical sait qu'il ne peut rien faire. Ils ont bien essayé un jour de me renvoyer chez moi de force, mais ma magie à tellement crépitée que les murs de toute l'aile ont tremblés. Alors ils me laissent errer tant que je rentre une fois par jour pour prendre une douche et que je mange convenablement.

Mon cœur se serre douloureusement à la vue du blond, il semble si paisible, allongé dans son lit, comme endormi. Je m'affale à ma place habituelle, la tête à moitié sur sa hanche et place sa main sur ma joue. Je suis épuisé. Cela fait déjà plus de trois mois, s'il te plaît ne me laisse pas Drago. Je fixe ses yeux désespérément fermés. S'il te plaît reviens moi.

Je ferme les yeux et glisse dans une léthargie composée principalement de souvenirs doux-amer et de regrets. Je revois les derniers mois passés ensemble, tout ce que nous avons traversé. Drago, comment n'ai-je pas pu voir plus tôt, pourquoi je ne me suis rendu compte que trop tard de ce que tu ressentais pour moi. A quel point ai-je été aveugle ? Je souris en repensant à ses caresses, ses mots doux, de réconfort. Son corps contre le mien, la tendresse infinie dans ses yeux, la passion brûlante. Pourquoi n'ai-je pas vu plus tôt que tu m'as toujours fais l'amour ? Pourquoi n'ai-je pas compris plus tôt que ce dont j'ai besoin, c'est toi ?

Les images se suivent, s'emmêlent et mes larmes silencieuses tracent de nouveaux sillons sur mes joues. Je somnole doucement, rêvant de pouvoir croiser à nouveau ses yeux orageux débordant d'arrogance. Je nous imagine vautrés dans les draps, paresseusement enlacés après une nuit passée à s'aimer. Mais, comme à chaque fois, une dague sortie de nulle part vient t'enlever à moi. Elle vient de se planter au milieu de ta poitrine, le sang coule lentement le long de ton torse d'albâtre, rendant la scène presque fascinante. Je reste figé, impuissant, je ne peux pas bouger, je ne peux pas t'appeler et tes yeux ne reflètent que ton amour pour moi. Je tente de parler mais ma voix n'est plus. Tu me souris tendrement avant de prononcer à nouveau ces mots que j'ai toujours rêvé d'entendre à mon égard. Je hurle enfin quand tes yeux d'argent s'éteignent.

J'ouvre les yeux en grand, la respiration hachée. J'inspire profondément, ce n'était qu'un cauchemar, je caresse la main réconfortante qui glisse dans mes cheveux. Il est en vie, ce n'était qu'un cauchemar. Sa main chaude et douce presse doucement la mienne, me rassurant. Il est en vie, il ne lui arrivera plus rien. La main entremêle ses doigts aux miens ...

Je me fige, tout mon corps se tend, la main a bougé. Je tourne doucement la tête et je me retrouve prisonnier du regard mercure qui m'avait tant manqué.

Le temps s'arrête, ma respiration aussi je pense. Les doigts serrent toujours les miens, ses yeux vifs ne me lâchent pas une seconde. Le plus lentement possible je m'approche du visage d'ange, de peur que cela ne soit qu'un rêve, levant une main tremblante pour caresser sa joue dans une tendresse infinie. Un doux sourire naît sur son visage fatigué et sa main serre la mienne plus fort. Il est là, il est sorti du coma. Après des semaines d'attente, d'angoisse, de douleur, de regrets et de solitude, il est enfin là.

Je ne suis plus qu'à quelques centimètres de son visage, mon front posé contre le sien. Les yeux toujours rivé aux siens, j'approche doucement ma bouche de ses lèvres et y pose un baiser tendre auquel il répond. Je lis dans ses yeux un bonheur intense et son amour inconditionnel. Mes larmes coulent à nouveau mais de joie cette fois-ci.

Ma voix rauque brise enfin le silence constant de cette chambre,

- Je t'aime aussi Drago.

DarknessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant