Black Poplar - Une Enquête Épineuse

Chapitre 2 : "Plongeon" dans le mystère

Depuis que le WEI était passé, la vie à l'école était bien plus calme. Plus d'intégration, moins de soirées, mais toujours des rires, de la bonne humeur et une union générale des dix familles de l'ENSTIB, qui n'en formait désormais plus qu'une. Sam s'était bien intégrée à l'école et était désormais surnommée « La Détective » pour son plus grand plaisir. Elle considérait Noé comme son ''Watson'', bien que son comportement fût de plus en plus suspect.

Un midi, la curiosité de la jeune fille dépassa son bon sens et elle décida de l'espionner. Au début de la filature, elle remarqua l'air pressé et stressé de son ami, alors qu'il quittait l'école. Il marchait d'un pas si vif, qu'elle devait parfois trottiner pour ne pas se laisser trop distancer. Elle avait peur qu'il ne se retourne, car elle savait pertinemment qu'il perdrait confiance en elle et que cela briserait les liens qu'ils avaient réussi à créer. Mais heureusement, il était trop obnubilé par sa montre et sa mystérieuse destination.

Au bout d'un petit quart d'heure de marche, il entra finalement dans une auberge. Sam s'arrêta et observa la façade. Une maison à colombage, typiquement alsacienne, des jardinières qui avaient certainement contenus des fleurs à des saisons plus chaudes et une collection de stickers du Guide du Routard. Sam rebroussa chemin, des questions plein la tête.

Quelques jours plus tard, alors que les deux amis révisaient studieusement à une table de la Bibliothèque Universitaire, le portable de Noé se mit à vibrer. Il s'excusa, rassembla rapidement ses affaires et sortit, sans plus d'explications. Surprise, Sam se mit à le suivre de nouveau, mais elle n'eut pas à marcher longtemps. En effet, sur le parking de l'école, il avait rejoint une belle jeune femme, portant un tailleur chic et un chignon soigné. Elle l'invita à prendre place dans sa voiture et ils disparurent au bout de la rue.

Abasourdie, Sam retourna à sa place pour réviser. Elle aurait dû se douter qu'une femme était derrière toutes les absences de son ami. En observant son air fatigué, ses yeux cernés et ses joues creusées, elle s'était imaginé des scénarios bien plus sombres. Mais, il est vrai qu'une femme pouvait offrir les mêmes symptômes. Et puis elle se demandait pourquoi il ne lui en avait pas parlé. Peut-être parce qu'il était particulièrement pudique et discret sur sa vie privée. Déçue par ce manque de confiance, Sam recommença à travailler sans plus penser à son ami.

Le lendemain, assis côte à côte dans l'amphithéâtre, Sam décida d'être honnête avec son ami :

« Je t'ai vu hier avec ta copine. Vous formez un joli couple !

- Quelle copine ? s'étonna Noé.

- Que tu veuilles garder cette relation secrète et ne pas m'en parler, je peux comprendre, commença Sam. Mais que tu joues à l'imbécile qui ignore de quoi je parle, je trouve ça assez irrespectueux.

- Mais je ne vois réellement pas de quoi tu parles, assura l'étudiant. Je n'ai pas de petite amie.

- Mais je t'ai vu monter dans sa voiture hier midi ! s'énerva Sam. Une brune habillée de manière classe et soignée !

- Un peu de silence ! Vous voulez sortir ? menaça le professeur.

- Pardon, Monsieur, s'excusa Noé, avant de chuchoter à sa voisine : Je t'expliquerai tout ce soir. Mais pitié, promet-moi de ne plus t'énerver. »

Sam acquiesça sans plus ajouter un mot. Elle suivit le cours sans broncher et se tînt tranquille tout le reste de la journée. Le soir, après les cours, elle se rendît à l'auberge où elle avait vu Noé entrer quelques jours plus tôt. C'était là qu'il lui avait donné rendez-vous, et il l'attendait à une table au fond de la salle principale.

« Viens, assieds-toi, l'invita-t-il. Je vais tout t'expliquer depuis le début. Mais sache tout d'abord que je ne t'ai pas menti, je n'ai réellement pas de copine.

- Mais qui ...

- Ne m'interrompt pas, je vais te raconter dans l'ordre. En août, quand tout le monde a eu son affectation à l'ENSTIB, j'ai été victime d'un bug informatique qui a entraîné des problèmes administratifs en chaîne, qui ont duré jusqu'à la rentrée. Complètement absorbé par le règlement de ces problèmes, je n'ai pas pu chercher de logement à temps et je me suis retrouvé sans domicile à la rentrée.

- Mais c'est affreux !

- Pas tant que ça, en fait. Au début, je logeais chez un deuxième année qui me prêtait généreusement un bout de son canapé. Il n'y avait plus d'appartements disponibles et je ne pouvais pas abuser éternellement de sa gentillesse. Ainsi, au bout de deux semaines, j'ai trouvé une chambre dans cette auberge, où je fais la plonge le midi et le soir, pour pouvoir payer mon loyer.

- Pourquoi ne m'en n'as-tu pas parlé avant ? demanda Sam.

- Parce que je voulais me débrouiller tout seul, expliqua Noé. Je suis désolé, j'aurai dû t'en parler avant, tu me fais confiance tandis que je garde tous mes secrets pour moi.

- Je ne t'en veux pas, ne t'inquiète pas, assura la jeune détective. Par contre, ça ne m'explique pas pourquoi tu es monté dans la voiture d'une belle inconnue hier midi.

- C'était une agente immobilière ! J'avais une visite d'appartement, mais malheureusement, c'est toujours au-dessus de mes moyens.

- Pourquoi ne viendrais-tu pas vivre chez moi ? J'ai deux chambres, on n'aurait qu'à couper le loyer en deux, proposa la jeune femme.

- Je ne peux pas accepter !

- Bien sûr que si ! Prends le temps d'y réfléchir et tu me diras ce que tu en penses quand tu auras pris ta décision !

- Merci, fit Noé, sincèrement reconnaissant.

- Avec plaisir ! Sur ce, je ne te retiens pas plus longtemps, tu as de la vaisselle qui t'attend en cuisine ! A plus tard ! »