Alex s'étira en grimaçant, le dos douloureux. Elle referma le couvercle de la poubelle avant de jeter un coup d'œil sur l'allée. Tout était encore silencieux à cette heure si matinale. Il n'y avait quasiment pas de passage dans ce quartier résidentiel. Elle s'avança pour aller ramasser le journal déposé dans la pelouse. En se redressant, elle tourna la tête vers les fenêtres de l'étage en repoussant sa longue chevelure brune d'une main. Elle se sentit soulagée en constatant que les volets de la chambre parental étaient encore fermés. Il y avait peut-être une chance pour qu'elle n'ait pas à croiser son oncle et sa tante avant de partir pour le lycée.
Elle rentra de nouveau dans la maison et partit dans la cuisine finir de nettoyer le plan de travail afin de pouvoir préparer le petit déjeuner. Elle dressa la table comme chaque matin, servant un bol de céréales à Reese son cousin qu'elle entendait s'activer dans la salle de bain du rez-de-chaussée. Elle sortit assiettes, mugs et couverts pour sa tante et son oncle. Elle attrapa ensuite une banane pour elle-même, qu'elle grignota tout en débarrassant le lave-vaisselle. Entendant des pas tranquilles et réguliers descendre l'escalier, elle soupira silencieusement en allant allumer la cafetière.
Sans surprise, son oncle le révérend Johnson passa l'entrée de la cuisine pour s'installer à sa place habituelle en bout de table, sans proférer un seul mot.
— Bonjour révérend ! lança Alex en simulant un ton joyeux.
— Bonjour Alexandra, lâcha-t-il en ouvrant d'un coup sec le journal qu'elle avait laissé à son attention sur la table.
Alex savait qu'une fois plongé dans le journal, il n'y avait plus moyen de lui soutirer aucune autre parole et s'en réjouissait. Elle lui servit son café et commença la cuisson de ses œufs brouillés. Reese rentra dans la pièce en trainant des pieds. Il se jeta sur sa chaise sans ménagement et se versa du lait dans ses céréales.
Alex déposa dans l'assiette de son oncle un toast grillé ainsi que les œufs. Elle s'empressa ensuite de quitter la cuisine pour se rendre dans sa pseudo chambre à l'étage, afin de récupérer ses affaires pour le lycée. Si elle se dépêchait, elle avait peut-être une chance d'éviter sa tante.
Elle aurait encore à attendre le bus un long moment sur le trottoir, mais elle préférait de loin ça plutôt que de faire face à cette femme. Reese lui comptait s'y rendre en voiture avec l'un de ses amis, pour son plus grand bonheur.
Elle jeta un rapide coup d'œil en passant dans un cadre miroir dans le couloir. Elle repoussa ses cheveux bruns d'une main pour dégager son oreille gauche, dévoilant les nombreux piercings qui en couvraient la partie supérieure. Pour seul maquillage, un léger trait d'eyeliner noir venait accentuer le bleu de ses iris. Elle pénétra ensuite dans la pièce qui lui servait de chambre. Elle ne put s'empêcher comme à chaque fois d'avoir un temps d'arrêt face aux nombreuses poupées en porcelaine exposées de partout dans la pièce. Elle frissonna face à ces horreurs. Elle avait toujours la désagréable impression qu'elles la fixaient de leurs yeux désincarnés.
Elle contourna le bureau où s'entassait le matériel à couture de sa tante, pour se diriger vers la minuscule banquette où elle passait ses nuits. Ici non plus elle n'avait pas droit à un vrai lit... Les liens du sang... Où qu'elle aille, elle n'était qu'une esclave. Elle y avait cru en rencontrant sa tante, elle pensait retrouver un lien familial perdu... Tout n'était que désillusion et même pire... Elle regrettait amèrement d'avoir dû quitter son précédent foyer pour celui-ci.
Elle soupira puis ouvrit sa valise cachée dessous, pour y récupérer son collier à trois chaines. Il mettait en valeur le décolleté de son tee-shirt blanc qui contrastait avec sa peau dorée par le soleil. Elle rajouta ses bracelets argentés et noirs, puis enfin satisfaite, elle attrapa son sac à dos passé d'âge contre le mur.
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42 jours
ParanormalPour sa dernière année avant l'université, Alexandra Kain se voit transférée dans un lycée de Los Angeles, après que sa tante ait récupéré sa garde à un an de sa majorité. Sa scolarité aurait très bien pu se passer sans heurts, si elle n'avait pas...