Chapitre 5

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La lumière qui s'infiltrait doucement dans le dortoir des filles dévoilait mille nuances dans les rideaux de mon lit à baldaquin. Des teintes de bleu tantôt claires, tantôt sombres. Près d'une heure s'était écoulée depuis mon réveil. J'avais passé le plus clair de mon temps à fixer le tissus, mon esprit tournant à plein régime. Depuis plusieurs mois, il ne parvenait pas à se ménager un instant de répit et ce n'était pas aujourd'hui que ce serait le cas.

Dix-sept ans. L'âge de la majorité chez les sorciers.

Toutes ces années depuis dix ans, j'avais craint de voir mon père ressurgir. Mais ce n'avait jamais été le cas, et petit à petit, cette peur viscérale d'enfant avait diminué, jusqu'à ne plus être guère plus qu'une brève contraction dans mon ventre. Malgré le souvenir cuisant de notre dernière et unique rencontre, je n'imaginais plus mon père débarquer pour m'emmener. Je ne pouvais cependant m'empêcher de repenser à la photographie de ma mère et au mot qu'il m'avait envoyé quelque temps plus tôt. Pourquoi s'était-il soudainement manifesté ? Devais-je m'attendre à ce qu'il réitère son geste en ce sept février, le jour où j'atteignais ma majorité ? Je secouais doucement la tête, ébrouant mon esprit. Gellert Grindelwald ne pouvait pas débarquer à Poudlard, la bouche en cœur. Dumbledore me l'avait assuré.

Poussant un soupir, je posais mon avant-bras sur mes yeux. La majorité... J'étais, aux yeux de la communauté magique, officiellement une adulte. J'étais, officiellement, apte à prendre des décisions, des décisions qui allaient bien plus loin qu'un choix de carrière. Une décision dans la guerre qui faisait rage, entre ceux qui luttaient contre Voldemort ou ceux qui le rejoignaient. Mais j'avais le sentiment de ne plus être une enfant depuis bien longtemps déjà. Nous avions tous été forcé de grandir trop tôt, de prendre conscience de choses qui dépassaient les simples adolescents que nous étions. Lily, James, Remus. Sirius, qui avait quitté le domicile familial sans se retourner. Regulus, qui dérivait lentement loin de moi.

Je me décidais à quitter mes draps. Les autres filles n'allaient pas tarder à se réveiller. Bien que je ne songeais pas un seul instant qu'elles puissent savoir que c'était mon anniversaire, je n'avais pas envie de me confronter à elles.

L'énorme panier que s'évertuait à m'envoyer ma tante à la moindre occasion ne passait cependant pas inaperçu durant le petit déjeuner et attirait les regards curieux de mes camarades. Un petit sourire s'emparait de mes lèvres, attendrie par l'attention. Toutefois, mon intérêt était vite détourné en découvrant le paquet qui l'accompagnait. Il pesait son poids malgré sa petite taille. Intriguée, je l'ouvrais et laissais glisser dans ma paume son contenant. J'avais le souffle coupé en reconnaissant le pendentif de ma mère. À la lumière, la pierre noire taillée en forme de goutte se paraît de reflets oscillant du bleu abyssal de la mer au vert profond de la forêt. Des reflets que ne laissait pas entrapercevoir la photographie que m'avait envoyé Grindelwald. Elle était enchâssée dans une monture en argent, délicatement sculptée en un entrelacs de feuilles de lierre. Il était tout simplement somptueux. Je le tenais dans ma main pendant de longues secondes, le contemplant, m'apercevant à peine que mes yeux s'humidifiaient. Ma grand-tante n'aurait pas pu tomber plus juste.

Après avoir passé le bijou autour de mon cou, je lisais la lettre qu'elle avait joint.

Chère Ayden,

Que de temps a passé depuis ce jour où Albus t'a amené à moi. Pas beaucoup plus grande qu'un botruc, quelques mois à peine depuis ta venue au monde, mais avec l'œil étonnamment brillant. Si petite, si fragile, mais ayant déjà survécu à des épreuves qu'un enfant ne devrait pas connaître. J'étais déjà vieille, mais mon cœur de femme s'est gonflée d'amour à tout jamais.

Une Lune d'or et de noir [ANCIENNE VERSION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant