L'Enfance de Newt

Chapitre 10

Le groupe des cinq enfants continuèrent leur course jusqu'à arriver devant le miroir. Sans aucune hésitation, Isas plongea dedans et disparut. Colin ne savait vraiment pas à quoi s'attendre une fois de l'autre côté. Tout s'était produit très vite et il n'avait pas eu le temps de vraiment réfléchir ; il avait surtout laissé son instinct le guider. Il regarda le sol en essayant de reprendre ses esprits et de se calmer. C'est là qu'il se rendit compte qu'il était seul et que tous les autres avaient traversé le miroir. Alors qu'il relevait sa tête en se demandant s'il allait passer de l'autre côté, une autre surgit devant la sienne.

- Stephen ! s'exclama-t-il en reculant, surpris.
- Qu'est-ce que tu fais ? demanda-t-il en laissant passer tout son corps.
- Je... je réfléchissais.
- A quoi ?
- A tout ça... Je ne comprends plus rien, Stephen, et j'en ai marre.

Colin baissa à nouveau la tête et dirigea sa lampe de poche vers le sol. Stephen se rapprocha de lui et posa ses mains sur ses épaules.

- Ecoute, Colin, tu n'es pas seul, on ressent tous la même chose. Tu ne peux pas nous laisser tomber maintenant, viens avec nous et nous trouverons des réponses à nos questions !

Il savait que son ami avait raison et que ce n'était pas le moment d'abandonner. Il avait honte d'avoir réagi comme ça, honte de sa faiblesse. Mais à présent c'en était trop. Il n'était qu'un enfant et il avait peur, il était même terrifié. Les jours passaient et rien n'avait changé, tous ses espoirs avaient disparus au fil du temps. Il était fatigué. Fatigué de faire comme si tout allait bien, comme s'ils n'étaient que les personnages d'un film et qu'à la fin, le bien triompherait du mal. Il ne savait même pas à qui il pouvait faire confiance. Ses amis, bien sûr. Ils étaient dans le même pétrin que lui. Mais que pouvaient-ils faire ? Se liguer contre le W.I.C.K.E.D. à cause de leurs manières suspectes ? Ou bien essayer de s'échapper et se retrouver dehors, au plein milieu de Fondus qui vont vouloir les dévorer ? Tout semblait tellement noir, tellement sombre.

- Colin ?!

Stephen le secoua, le chassant de ses pensées obscures. Il réalisa qu'il venait d'éteindre la lampe de poche.

- Il faut qu'on aide Arya et on a besoin de toi pour ça !
- J'suis pas bien, Stephen, laisse-moi.
- Hors de question ! Arrête de faire ton dépressif, attends d'abord de voir ce qu'on trouvera là-bas.

Le garçon le prit par le bras et l'emmena de l'autre côté du miroir sans attendre de réponse. Une vague de fraîcheur parcourut Colin, ce qui lui fit le plus grand bien. Il fallait qu'il se ressaisisse. La pièce était plongée dans le noir mais il pouvait apercevoir les visages de Lydia et de Luke près de la porte grâce à la lampe de poche d'Isas. Il alluma la sienne et se dirigea vers eux avec Stephen.

- Ah te voilà ! lança son ami asiatique.

Luke se leva et le rejoignit, un air soucieux sur le visage.

- Ca va ? murmura-t-il.
- Oui, désolé, j'ai eu un coup de mou...

Le jeune garçon le prit dans ses bras, le surprenant, mais ils en avaient tous les deux besoin. Luke était le seul à vraiment le comprendre ici. Colin avait fini par découvrir quelque chose d'important sur lui ; sa famille était morte. Il l'avait entendu une nuit, alors qu'il dormait et faisait un cauchemar. Il parlait à ses parents en disant qu'il était désolé, qu'il n'avait pas réussi à protéger son frère, et qu'il avait trahi la promesse qu'il leur avait faite. Colin n'avait pas eu le courage de lui en parler, bien que sa curiosité le poussait à le faire. Il voulait en connaître davantage sur lui et savoir ce qu'il ressentait au fond, car il était toujours là à se préoccuper de comment il allait sans rien demander en retour. Il voulait seulement qu'on l'aime car il se sentait seul. Personne ne l'attendait à l'extérieur et il n'avait rien à perdre, donc ses choix dépendaient uniquement du bien être de sa nouvelle famille. Colin se promit de toujours faire attention à lui car il savait à quel point il était fragile.
Stephen les doubla en les évitant de justesse pour rejoindre Isas et Lydia qui étaient accroupis près de la porte.