✦꧁ღ [ 𝓐𝓶𝓸𝓾𝓻𝓼 ] ღ꧂✦

- 𝙴𝚌𝚕𝚊𝚝 - AVRIL 2085

𝙼𝚎̂𝚖𝚎  𝚍𝚊𝚗𝚜  𝚕𝚎𝚜  𝚙𝚕𝚞𝚜  𝚗𝚘𝚒𝚛𝚎𝚜  𝚝𝚎́𝚗𝚎̀𝚋𝚛𝚎𝚜  𝚙𝚎𝚞𝚝  𝚋𝚛𝚒𝚕𝚕𝚎𝚛  𝚞𝚗  𝙴𝙲𝙻𝙰𝚃...

L'image du trio de héros professionnels que j'avais en tête s'évanouit complètement, et je me maudis intérieurement pour m'être infligé une chose pareille. Mes espoirs ne le ramèneront pas.

Shirakumo n'est plus là, et il ne le sera plus jamais.

Je tournai brusquement dos à mon invité pour cacher mon envie de pleurer. Qu'est ce qui m'avait pris d'y penser ? J'avais raison, les souvenirs étaient beaucoup trop douloureux ; et les sentiments aussi.

- Hey ! J'ai fais aussi vite que j'ai pu !

- 'Soir.

Il ne sembla pas prendre en compte mon ton froid et mon attitude distante. Ma voix tremblait légèrement, mais il n'y fit pas attention non plus. Il se contenta d'enlever ses bottes et de fermer la porte avant de pénétrer dans l'étroit appartement.

Il portait encore son costume de héros, une tenue en cuir noir associée à un casque audio ainsi qu'une ceinture à piques. Il avait retiré les enceintes qui entouraient habituellement son cou. Ses longues mèches blondes retombaient naturellement sur ses épaules, bien que des résidus de gel en maintenaient encore quelques unes en l'air. C'était évident qu'il s'était dépêché pour venir.

- Tu peux aller prendre une douche si tu veux.

- Pourquoi, je pue ?

Je grimaçai sans répondre à cette remarque pleine de sarcasme. Les iris noires baissées sur le sol, je me dirigeai vers le coin cuisine.

- Tu en as sûrement besoin après ta nuit de travail...

Je sentais son regard dans mon dos, mais je ne voulais pas lui faire face. Il m'observait.

- Shota ?

- Mh.

Je ne me suis pas retourné vers lui. Je refusais de croiser son regard. J'attrapai l'assiette que j'avais sortie tout à l'heure du micro-onde pour la poser sur la table-basse, l'un des rares –pour ne pas dire l'unique– meubles de l'appartement.

- Je suis là.

- ....Je sais.

- Alors t'attends quoi ?

- Pour quoi ? j'ai dis après une imperceptible hésitation

- Pour te réfugier dans mes bras, me confier tes peurs, te lâcher !

Je repoussai doucement l'assiette vers mon ami en évitant ostensiblement ses iris émeraude. Je savais que je l'avais appelé pour ça, mais je ne voulais plus lui ouvrir mon coeur. Je finirai forcément par en souffrir. Hizashi était une personne rayonnante qui avait très certainement autre chose à faire que de traîner avec un endeuillé comme moi. Il allait se lasser et m'abandonner pour une compagnie plus joyeuse. Je ne voulais plus le forcer à prendre soin de moi. Presque cinq ans plus tard, j'aurais dû arrêter les cauchemars. J'étais en train de l'entraîner vers le bas, on s'écrasera simplement ensemble, et ça me fera encore plus mal.

- Shota ?

- Mh ?

- Tu peux au moins me regarder, non ?

Pourquoi continuait-t-il d'être si gentil ? Je n'étais même pas capable de sauver qui que ce soit. J'étais un héros inutile, un humain pitoyable et un ami remplaçable. Mais je finis quand même par relever les yeux vers les orbes de jades de mon invité ; les dents plantées dans ma lèvre inférieure pour contenir mes larmes.