L'existence

K- Rien de tout cela n'a marché.

-Comment ça "Beaucoup trop" ?

Katsuki s'était assis sur la chaise qui était face au bureau du bicolore, celui-ci finissant tranquillement sa cannette.

-Je t'expliquerai plus tard. Pour l'instant, nous devons reprendre l'histoire, sinon elle ne serait plus logique.

-Attends, quoi ?!

Shoto se leva et jeta son soda.

-On est censé avoir cours, au moins ce matin. Il faut un minimum de logique.

-Mais... Et pour cet après midi ?!

-Ne t'inquiètes pas pour ça.

Il s'assit tranquillement tandis que Katsuki restait figé sur place. Ce n'est qu'en entendant ses camarades arriver qu'il repris conscience et s'assit, les yeux dans le vide. Le professeur entra en premier puis les élèves qui s'assirent presque immédiatement tout en calmant leurs rigolades. La matinée passa lentement, comme si le temps avait décidé de passer plus lentement. Son cerveau marchait au ralenti, sa corps refusait de bouger.

Il n'existait pas. Il était contrôlé. Ce n'était qu'un pantin dont l'existence n'avait pour seule raison d'être que de faire plaisir à des personnes qu'il ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam.

Alors si tout ça n'était qu'une facette, une illusion, comment savoir s'il n'allait pas mourir dans les prochaines minutes car la personne qui le contrôle pouvait décider de son sort comme elle l'entendait ?

Ce fut pour la première fois depuis toute se vie que Katsuki eut peur de la mort. Lui qui admirait tout, du berceau jusqu'au linceul, le voila maintenant terrifié par l'idée. Le voila maintenant en train de supplier pour sa vie. Qui supplie-t-il ? Dans quel but ? Alors que ce qu'il lui réserve sera peut-être pire ?

Plus il réfléchissait, plus il commençait à devenir fou.

La cloche sonna et les élèves rangèrent leurs affaires. Surpris, Katsuki regarda son meilleur ami, Eijiro, sans comprendre. Celui-ci fit un grand sourire.

-Les profs nous laissent l'après midi libre! On a pas cours parce qu'ils doivent s'absenter pour un projet important!!

Katsuki, abasourdi, regarda le bicolore, qui rangeait tranquillement ces affaires. Il avait prédis ce qui allait se passer ? Non, la personne qui les contrôles le lui a dit.

Katsuki attrapa son sac et alla le voir.

-Faut qu'on parle.

Shoto le regarda avec son éternel air neutre.

-Que veut-tu savoir ?

Katsuki le détailla un moment. Ses cheveux parfaitement rangés, ses yeux vairons, son nez légèrement arrondi, ses lèvres fines, son air triste et calme.

-Ton histoire. Dis moi qui tu es.

Shoto fronça légèrement les sourcils, regardant rapidement autour de lui, puis lui pris la main.

-Allons ailleurs, sinon on va nous prendre pour des fous.

Shoto sortit de la salle, puis du lycée avant de se diriger vers un un parc, ce qui étonna Katsuki.

-Un parc ? Mais à cette heure là ça va être blindé!

-Non, n'oublie pas que nous sommes dans une histoire. Tout est fait pour nous arranger.

Katsuki serra les dents. Décidément, il ne s'y fera jamais à cette histoire. Ils arrivèrent et effectivement, le parc était quasiment vide. Shoto s'assit sur un banc un peu à l'écart, face à un magnifique lac. Katsuki, légèrement inquiet mais très curieux, s'assit à coté de lui et le regarda. Il s'avoua trouver le visage du bicolore très beau, mais aussi très triste. Celui-ci soupira lentement.

-Bien... par quoi commencer...

-Et bien.. je dirais par le début, dit Katsuki avec un léger sourire.

-Alors je suis né le 7 janvier 1940, avec l'étranger capacité d'avoir une mémoire infaillible, au point que je me souviens de chaque moment de ma vie. De ma naissance jusqu'à maintenant.

Ma mère biologique est morte en me mettant au monde et mon géniteur, fou amoureux, m'a abandonné dans les bois pensant dur comme fer que tout était de ma faute. Ensuite, une famille de loups garous m'a adopté. Et tu étais dans cette famille.

Katsuki le regarda avec étonnement et son regard s'agrandit en entendant.

-Enfin, ton ancien toi.

-Euh... Comment ça ?

-A l'époque, tu étais mon frère. On a grandi ensemble et on avait découvert à quel point ma magie était dangereuse. J'ai appris la magie, avec toi j'avais aussi appris l'amour.

-Attends, on a eu une relation incestueuse?!

Shoto regardait l'horizon, le regard perdu sur un univers que seul lui pouvait voir, sûrement ses souvenirs.

-Vois le comme tu veux, mais on s'aimait. Et un jour... Des chasseurs de monstres sont venu, et tout est partis. Notre famille, notre maison, toi...

-Je... Je suis censé être mort ?

-Non. Le Katsuki que j'ai connu est mort. Toi, tu es encore là.

Katsuki fit une grimace avant de passer sa main dans ses cheveux et de bien se rasseoir.

-Attends, quoi ?!

Shoto, lui, ne bougeait pas d'un poil, seulement le vent qui bougeait légèrement ses cheveux.

-Tu n'as jamais entendu parlé d'une seconde vie ? Où plutôt de sosie dans le temps ? Sur toutes ces années d'existences qui ont été inventé, il y a bien eu des fois où on retrouve une personne exactement pareil à une autre qui avait existé. Tu n'es pas une réincarnation, en tout cas je n'y crois pas. Tu es juste un autre personnage, qui a d'énormes points communs avec celui que je connaissais.

-Euh... Je comprends pas trop... Mais... Comment est-ce que tu as su pour... notre fausse existence ?

-Juste après ta mort. J'ai voulu te rejoindre.

Katsuki vit Shoto serrer le poing et froncer ses sourcils, semblant agacé et regrettant ce qu'il allai dire.

-J'ai sauté du haut d'une falaise, je me suis ouvert les veines, j'ai tenté plusieurs fois de me faire renverser par un train ou une voiture, je me suis ouvert le cou, j'ai planté un couteau dans mon cœur, participé à la guerre comme chaire à canon, me suis mis plusieurs balles dans le corps, m'attacher à de lourdes pierres et me laissé tombé au fond d'un lac, me suis fait brûlé pour sorcellerie, je me suis même coupé la tête. Rien de tout cela n'a marché.

Katsuki avala sa salive. Et dire que lui se lamentait sur ses petits problèmes. A côté, sa mutilation ressemblait à un petit agneau face à un loup affamé. Il n'en ferait qu'une bouchée.

-Et... Est-ce que tu t'en ai sortis ?

-Oui.

-Comment ?

Shoto repris son air calme tout en fixant l'horizon.

-Grâce à un bâton.