Heureuse désillusion - Ruggarol

708 21 12
                                    

Mes larmes coulaient à flot et n'avaient aucune attention de s'arrêter. Ruggero était partit, et je ne m'en remmettrai jamais. Il m'a laissé seule, démunie. Je n'ai jamais eu autant mal qu'aujourd'hui. L'homme de ma vie, mon mari, était partit. Comment pourrais-je sourire après cela ? Dehors, les enfants des voisins jouaient et riaient. Il faisait beau, la température se faisait douce. En ce premier jour de printemps, la nature se réveillait, les oiseaux chantaient. Il y a encore quelques jours, j'aurais pu m'émerveiller devant ce spectacle que nous offrait la vie, impatiente de pouvoir à nouveau me lover dans les bras de Ruggero, allongés sur un transat, profitant du soleil sur la terrasse. J'aurais probablement sourit et, quelques minutes après, appelé mon mari pour lui répéter à quel point il me manquait et à quel point je l'aimais. Il m'aurait alors dit qu'il m'aimait encore plus, et de là s'en aurait suivi une bataille pour savoir qui aimait plus l'autre. « On dirait des enfants » me diriez-vous. Des enfants, ou des gamins, comme vous voulez, mais des enfants heureux. À vingt-deux ans pour moi et vingt-six pour lui, les gens nous trouvaient parfois « écoeurants » , mais comment vous dire que j'en avais vraiment rien à faire de ce qu'ils pouvaient dire. On s'aimait à la folie, j'étais dingue de cet homme et le reste m'importait peu.
Je jette mon téléphone par terre, frustrée, énervée, et anéantie, comme si mon téléphone y était pour quelque chose. La télévision continue d'émettre du son mais je n'entends plus rien. Mais que vais-je faire sans mon mari ? Rien, la voilà la réponse. Je jette un petit coup d'oeil à la télé. Le journal de vingt heure était fini, et la météo avait pris le relai. J'attrape la télécommande et éteins la télé. Mes larmes finissent par ne plus dévaler mes joues, sûrement car je n'en ai plus en stock. Je souffle bruyamment. "L'avion du vol n°31984 a été retrouvé dans l'Océan Atlantique, près de l'Argentine. Frederico, que savons-nous ?
- Oui, Michel, en effet, cet avion a été retrouvé dans l'Océan Atlantique très proche des côtes argentines, et les équipes scientifiques affirment qu'il se serait crashé, après avoir subit de violentes turbulences et avoir perdu la communication. Il n'y a malheureusement toujours pas de survivants trouvés et....... " Ces phrases tournaient en boucle dans ma tête. Je les ai bien retenues, c'est vrai, c'est facile quand c'est ton pire cauchemar. Ruggero était dans cet avion... J'aurais dû l'accompagner voir sa famille en Italie, mais je ne pouvais pas. Mon frère allait devenir papa, et je m'en aurait voulu d'avoir raté ça. J'ai l'impression que le monde entier m'a piétiné le coeur. Je me dirige à pas lourds dans notre chambre et m'allonge sur le lit, respirant l'odeur de mon mari. Je ne pourrai plus jamais me blottir contre lui ou l'embrasser. Je ne pourrais jamais fonder une famille. Je ne me vois pas avec quelqu'un d'autre et je refuse de sortir de mon deuil ou d'aller mieux. Je ne pourrais pas être heureuse sans lui de toute façon. Qu'est ce que je l'aime bon sang ! J'aurais mille fois préféré être à sa place aujourd'hui ! Des larmes recommencent à s'échapper de mes yeux. Apparemment je n'étais pas en rupture de stock. Instinctivement, je touche mon pendentif qui représente le signe infini. Je crois que sous ce torrent de larmes, je finis par m'endormir, le coeur meurtri.

Rêve de Karol•

[Souvenir]

Je me réveille doucement dans les bras de mon mari. Je souris automatiquement, je ne peux qu'être heureuse dans ses bras. Il dort encore. Qu'est ce qu'il est mignon ! Pourtant, aujourd'hui, nous sommes le 24 décembre et les parents de Ruggero -puisque nous logeons chez eux pour l'occasion- nous avaient demandé d'aller chercher Léo -le frère de Rugge- et sa petite amie, Ana, et il faut qu'il se réveille. Je m'allonge sur lui pour lui faire un câlin. Je l'embrasse ensuite sur le front, le nez, les paupières, les joues et je descends à son cou. Mes mains quant à elle, se baladent dans ses cheveux.

- Mon amour... Chuchotais-je au creux de son cou.

Il pousse un petit grognement trop mignon.

One shot •Lutteo•Ruggarol•Où les histoires vivent. Découvrez maintenant