Chapitre 29 : Oups

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Je reste près de Tristan qui n'a, de toute façon, pas l'air d'avoir envie de me lâcher. Les images disparaissent petit à petit grâce à lui et ma respiration se calme ainsi que mon cœur. Je frissonne alors que le vent se lève, envoyant des flocons de neige et il m'encercle de sa cape.

Au bout de ce qui me semble une éternité, Lancelot apparaît en même temps que la voix paniquée d'Arthur.

-De l'eau, apportez-moi de l'eau !

Il arrive avec la femme dans les bras, suivi de Dag portant un enfant. Deux survivants. Sur toutes les cages que j'ai vues, il n'y a que deux d'entre eux en vie. Gauvain arrive en poussant sans délicatesse l'homme de Dieu. Personnellement, il pouvait bien le laisser en bas, je n'y aurais vu aucun inconvénient.

Un homme apporte de l'eau à Arthur et la femme du boudiné accourt près d'elle alors que mon regard croise celui de cette femme. Je me crispe et me tourne vers Dag et l'enfant à qui on donne également à boire.

-Il a le bras cassé, marmonne l'homme, les sourcils foncés. N'a-t-il pas de famille ?

Une bouffée de rage me gonfle la poitrine alors que Dagonet secoue négativement la tête et je pince les lèvres en foudroyant du regard le moine qui se ratatine et se détourne. Si on le garde, je m'occuperai personnellement de son cas !

-Elle est picte, fait la voix de Tristan, me faisant sursauter.

Je l'interroge du regard et il me désigne la femme du menton. Je hausse les sourcils en me tournant vers elle. Picte ? Mais qu'est-ce qu'elle fout là, bon sang ? Arthur lui parle doucement, promettant sécurité alors que j'ai une moue septique. Je doute que son évêque mono-sourcil apprécie la venue d'une picte au mur. Pour le coup, il risque d'être encore plus désagréable avec elle qu'avec moi.

Comme pour me donner raison, le boudiné arrive en criant au scandale et je lève les yeux au ciel en soupirant alors que Tristan me lance un coup d'œil goguenard. Arthur se transforme alors en ce qui ressemble étrangement à un serial killer et se relève, franchement en colère.

-J'attends des explications, grogne-t-il.

-Il n'y a que des païens ici, s'exclame Marius le boudiné.

-Comme nous, rappelle Galahad.

-Ils refusent d'accomplir les tâches que le Seigneur leur a attribuée, reprend-t-il sans lui prêter attention. Ils doivent mourir ! Et servir d'exemple.

-Vous voulez dire qu'ils ont refusé d'être vos esclaves ! crie Arthur et je lui lance un regard ébahi.

Ben ça alors, il sait s'énerver lui ? Le boudiné lui lance un regard également surpris et un tantinet méprisant.

-Vous qui êtes romain, commence-t-il. Et chrétien ! Vous êtes censés comprendre.

Ha, donc, pour lui, être chrétien implique systématiquement un goût prononcé pour l'esclavagisme ? Charmant !

-Toi, crie-t-il soudain en se tournant vers sa femme qui est toujours auprès de la picte. Tu l'as maintenu en vie !

Il la gifle et je me crispe alors que mon corps s'apprête à descendre de la monture de Tristan pour régler son compte à ce connard, mais Tristan me retient fermement par la taille et Arthur est plus rapide que moi -en même temps, il est juste en face.

Il envoie une droite que j'admire presque au boudiné qui se rétame à terre à ma plus grande satisfaction. Il prend ensuite son épée plantée dans le sol et le menace avec. Les soldats poussent un cri angoissé mais le boudiné à la bonne idée de les arrêter.

-Non a-...arrêtez, s'écrie-t-il avant de se tourner vers Arthur. Lorsque nous arriverons au mur, vous serez punis pour cette hérésie, le menace-t-il.

Te repousser pour mieux t'aimerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant