Chapitre 12 : Parler du passé.

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Chapitre 12 :

Parler du passé.

Nous dînons tous ensemble ce soir. Même Vanora est avec nous pour une fois, les enfants étant chez les parents d'un de leurs amis. Si je n'étais pas autant occupée à éviter Tristan, gardant la tête dans mon assiette, émiettant mon pain pensivement, j'aurais pu trouver ça agréable. Mais je n'ose pas regarder Tristan depuis ce matin. L'entraînement a été reporté à cet après-midi et je suis déjà assez angoissée. Pour ce qui est de Dagonet, je n'ai pas besoin de le fuir, il a décidé de faire comme s'il n'avait rien vu. Je ne sais pas si c'est dans mon intérêt, pour éviter de me mettre mal à l'aise ou s'il est trop gêné pour faire une remarque. Honnêtement, tant qu'il n'en parle pas, je m'en moque.

Mais à voir le regard insistant de Tristan, il n'est pas décidé à oublier. Et il n'avait pas bu assez pour une amnésie salutaire. Quand ai-je eu de la chance depuis mon arrivée au Moyen-Âge de tout façon ?

Au pire, ne va pas t'entraîner.

Tentant, mais lâche.

— Je me demandais Enora, m'interpelle Vanora, une lueur de curiosité dans les yeux. Tu n'avais pas... quelqu'un chez toi ? Personne ne t'attend ? Tu es en âge de te marier, après tout, se justifie-t-elle.

Je m'étouffe avec un morceau de pain et Dagonet me tape le dos avec générosité. De mon côté, j'ai beau aimer Vanora, j'ai soudainement envie de la tuer. D'une manière très douloureuse.

Je me fige en sentant tous les regards converger vers moi avec intérêt et je rougis jusqu'à la racine de mes cheveux. Bon sang, ce sont des chevaliers ou des commères de quartier ?

— Vu la couleur de son beau visage, je pense qu'il y avait quelqu'un, rigole Lancelot.

Le compliment du mouton me passe vraiment au-dessus. Je déglutis en apercevant un corps en particulier se tendre comme un arc et me retiens difficilement de laisser glisser sous table.

— Personne ne m'attend, je grince en priant que cette demi-vérité suffira.

Oui bien sûr, regarde. 3,2,1...

— Tu ne vas pas me dire qu'une jolie jeune fille comme toi n'avait aucun prétendant, s'exclame Bors en fronçant les sourcils.

Bingo.

— Je n'ai pas dit ça, je soupire en me dandinant.

— Donc, il y avait quelqu'un, s'enquit Vanora en plaçant une main sous son menton.

Bon sang, achevez-moi.

J'ai beau envoyer toutes les ondes négatives dont je suis capable, aucun d'eux ne semble disposer à comprendre que je n'ai pas envie de parler de ça.

— Plus ou moins, je soupire en déposant mon morceau de pain, m'avouant vaincue. Julian et moi, c'était... compliqué. On a grandi ensemble et, une chose en entraînant une autre, on... est devenu adultes ensemble.

Gauvain manque de s'étouffer avec son vin et je rougis encore plus si c'est possible. Peut-on s'exprimer plus mal ? Des ondes négatives me percutent et cette fois, ce ne sont pas les miennes.

— Je ne voulais pas... je ne parlais pas de ça, je me reprends en paniquant devant l'aura sombre qui me perfore du regard. C'était juste facile. On a pas eu besoin d'aller chercher très loin, j'explique à Vanora, me concentrant sur elle.

— Tu l'aimais ?

— D'une certaine façon, je réponds en regardant dans mon assiette, mélancolique. Certains de nos amis se doutaient que ça ne durerait pas mais, je pense que mon père espérait qu'on se marie un jour.

Te repousser pour mieux t'aimerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant