Chapitre 21 : Un verre trop rempli

33 6 0
                                    

Chapitre 21 :

Un verre trop rempli.

L'eau est froide mais me fait du bien, me lave, me purifie. Je n'arrive pas à émettre de pensées cohérentes.

Le silence est apaisant après tous ces cris, c'est reposant. Je fixe l'eau et me concentre un instant. Au bout d'une ou deux secondes – je m'améliore – une boule d'eau flotte devant moi, je la fais grossir, encore, encore un peu et... des bras passent autour de ma taille dans l'eau, me déconcentrant et faisant éclater la boule.

— Tu m'as déconcentrée, je le gronde en me laissant tout de même aller contre son corps.

— Comment fais-tu cela ? demande-t-il avec curiosité en posant un baiser dans mon cou.

— Je ne sais pas, j'avoue en fronçant les sourcils. C'est comme si les éléments répondaient à mes désirs. Ça demande beaucoup d'énergie et de concentration. Sûrement parce que j'ai toujours laissé mes émotions les guider au lieu d'apprendre à me contrôler.

— Comme avec le Saxon, demande-t-il alors que je me tends. J'ai vu son visage, ajoute-t-il.

— Oui, je réponds en serrant les mâchoires.

— J'ai entendu une partie de ce qu'il t'a dit, réplique-t-il en me serrant plus fort.

Je m'éloigne de lui en soupirant, baissant les yeux alors qu'il attend que je parle. Je soupire profondément en plongeant mes yeux dans les siens.

— Tu vois cette cicatrice ? je lui dis en lui montrant la marque de mon cou et il acquiesce. Quand j'étais là-bas, j'avais une sorte d'autoprotection. Quand ils me faisaient du mal, je me déconnectais de la réalité, comme si j'étais ailleurs. La plupart s'en fichait tant qu'ils pouvaient... Enfin soit. Mais ce Saxon, il ne le supportait pas, il aimait m'entendre crier, pleurer, supplier... Alors quand il sentait que je m'évadais, il m'entaillait juste là. Il a répété ce geste tellement de fois que la marque est imposée à jamais, comme une piqûre de rappel. Tu comprends maintenant ?

Tristan s'est crispé tout au long de mon récit. Au bout de quelques secondes, il m'attrape le bras et m'attire à lui avant de m'embrasser, passant une main dans mes cheveux mouillés.

— Comment te sens-tu ? demande-t-il finalement et je sais qu'il parle du Saxon que j'ai tué.

— Je ne sais pas trop, je souffle. Mal, je crois.

— Il méritait de mourir, répond-t-il avec force.

— Ce n'est parce que je l'ai tué que je me sens mal, j'avoue. Si encore je n'avais rien ressenti... Mais je me sens soulagée, Tristan. Comment peut-on être soulagé d'avoir tué quelqu'un ? Est-ce que ça fait de moi un monstre ?

— Non, dit-il en fronçant les sourcils. Tu ne seras jamais un monstre, pas pour moi.

Je pose mon front sur le sien, collant mon corps nu contre le sien. Je mets ensuite mon visage dans son cou et soupire de bien-être. Je ressens soudain le besoin de lui dire qu'il est important pour moi, que j'ai besoin de lui et que s'il me laissait... S'il me laissait ma vie redeviendrait dénuée de sens, de goût, dénuée de tout. Mais j'opte pour quelque chose de plus léger.

— Tristan ?

— Hum ?

— Je sais que tu trouveras ça sans aucun doute mièvre et que tu feras comme si tu n'avais rien entendu mais... Je me sens bien avec toi. Dans tes bras, j'ai l'impression que rien ne pourra m'arriver.

Il ne répond rien, comme je l'avais prédit, mais me serre plus fort contre lui alors que mes mains jouent avec ses cheveux à la base de sa nuque. Oui, il n'y a que dans ces moments-là que je me sens vraiment bien.

Te repousser pour mieux t'aimerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant