Chapitre 3 : Arthur et ses chevaliers

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Chapitre 3 : Arthur et ses chevaliers.

Je suis plongée dans le noir, ne pouvant qu'entendre ce qui se passe autour de moi. Il y a de l'agitation. J'ai l'impression qu'on me dépose sur le sol mais, je suis dans un tel état comateux que je ne peux dire si c'est un délire ou la réalité.

— Elle est brûlante.

— Ça ne m'étonne pas plus que ça.

Ceci explique cela, je suppose. Mon corps se venge de ce qu'on lui a longtemps refusé : le repos, la paix. Je sombre à nouveau dans les ténèbres, qui me promettent tranquillité et rétablissement en espérant me réveiller dans ma chambre. J'entends presque ma mère me dire que je suis en retard en cours.

Je vois son visage avec son sourire tendre et exaspéré quand j'ai renversé ma glace sur la tête d'un petit garçon qui m'avait embrassée. J'avais six ans.

Je me souviens de sa colère, le jour où je suis rentrée complètement saoule, alors que j'étais sortie en boîte pour la première fois. J'avais quinze ans et j'ai été privée de sortie pendant un mois.

Qu'est-ce que je ne donnerais pas pour retourner à cette époque. Une époque insouciante où tout était à sa place et où tout tournait rond. Je ne veux pas être ici. Un monde que je ne connais pas, sauvage, sanguinaire et sans pitié. Et je ne veux surtout pas ouvrir les yeux pour me retrouver dans ma cage.

Je ne sais combien de temps je reste inconsciente. J'ai de brefs moments de lucidité, j'entends qu'on parle, je sens qu'on me touche le front. Mais, après ce qui me semble une éternité, je me sens enfin mieux. Les migraines sont parties ainsi que l'état comateux. Mon corps me paraît également moins douloureux. J'entends des voix près de moi et je reconnais celles des hommes qui sont venus me chercher et m'ont sortie de cet enfer. J'ouvre doucement les yeux pour voir qu'il fait noir et qu'un feu de camp est allumé.

— Enfin réveillée gamine ? s'exclame une voix en me faisant sursauter.

— Tu ne vois pas que tu lui fais peur ? le réprimande un autre.

— Mais non, c'est parce qu'elle t'a vu, ça, réplique l'autre.

Je m'assieds doucement les regardant de manière méfiante. Celui à la grosse voix qui m'a fait sursauter a la carrure d'un ours. Il est chauve et a des cicatrices sur les parties visibles de son corps. Néanmoins, il a un air jovial qui contraste avec son apparence bourrue. On devine une certaine gentillesse et son sourire espiègle porte à croire qu'il aime taquiner.

L'autre me fait penser aux Saxons... en plus propre avec un côté moins barbare. Il a des longs cheveux blonds et une barbe qu'il ferait mieux de raser. Mais il semble plutôt mignon. À leur côté, il y a un autre homme qui les regarde, blasé. Il ressemble à l'ours mais en moins "armoire à glace" et il nettoie une hache. Je frissonne en la voyant, me demandant de quoi il la nettoie. Mon regard tombe sur un autre aux cheveux bouclés bruns et avec, lui aussi, une barbe à raser. Il me fait un signe de tête auquel je ne réponds pas, me contentant de les fixer avec insistance.

— Vous n'avez pas à avoir peur, fait l'homme qui a ouvert ma cage. Je suis Arthur, le commandant des chevaliers Sarmates. Et voici les chevaliers Bors (l'ours donc), Gauvain (le blond), Dagonet (l'homme à la hache), Galahad (l'homme aux boucles brunes).

— Et moi c'est Lancelot, se présente un homme qui arrive avec du bois en me faisant un clin d'œil.

J'entends quelques-uns de ses compagnons soupirer d'exaspération. Apparemment, il a déjà dû faire ce cirque à ses conquêtes. Je le regarde de haut en bas, un sourcil relevé alors que les autres sourient, amusés.

Te repousser pour mieux t'aimerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant