PROLOGUE

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"Qui aurait pu prévoir c'que le passé nous réservait ?"

Le Cap
4 avril 2018

- Thalía ? Oh ? J'te cause là ? Deux doigts qui claquent devant mes yeux me ramènent à la réalité. T'es au courant que tout le monde t'attend là ?

Un regard me suffit à percevoir la grosse tête de Nader qui s'égosille à me parler depuis un moment. Il a l'air énervé, ou peut-être juste de mauvaise humeur. Ma foi ça n'a pas d'importance vu comment je le supporte. Toujours en train de râler, et quand c'est pour me suivre comme un toutou toute la journée il est là. Comme si y avait que moi pour l'éclairer dans son rôle inutile. Il a cas aller voir Mess, ils se connaissent depuis plus longtemps.

- Zebi, t'es lourde, sa grosse main vient m'attraper le menton, par réflexe, dégoûtée, je m'enlève d'entre ses gros doigts crasseux.

- Casse toi avec ta mano, tu me touches pas. Un air haineux traverse son visage alors que je le méprise du regard, mais très vite il reprend conscience de la situation en remarquant qu'il a enfin mon attention.

- Maintenant qu'tu m'écoutes, y a Mess qui t'demande depuis dix minutes.

- Ça va, ça va... Il peut se passer de moi quelques minutes je réfléchissais juste...

Et c'était bien le cas, je m'étais isolée dans un coin, seule, à ruminer sur ma vie, et à quel point j'étais quand même chanceuse de voyager quelques jours pour le travail en Afrique du Sud, malgré les circonstances... C'était d'ailleurs un des seuls points positifs.

- Zehma t'as cru t'étais une reine ? Tout le monde t'attend, le set up est prêt.

Ah, j'avais pas pensé à ça. Je comprends mieux pourquoi y a du mouvement autour de moi alors.

- C'est bon, deux secondes, j'arrive. Lasse, je roule des yeux face à son regard de daron, comme si ça allait me faire quelque chose, à part avoir pitié de lui.

- Bon, bah vient.

Monsieur emboite le pas à l'opposé de là où je suis, ce qui est logique vu que le début de tournage est prévu à cet endroit précis. Et c'est seulement lorsque je pose mes yeux au loin sur l'amas d'individus qui s'agitent à tout va, sûrement à ma recherche, que je prends conscience que j'ai plus aucune issue de secours. Plus de retour à la case départ.

Je ne peux plus l'éviter.

La silhouette de Nader s'éloigne de plus en plus, il ne m'attend pas et tant mieux. Mais je ne parviens pas à faire de même, je reste bloquée, ici, à reluquer ce bordel que je viens de créer sans le vouloir. Ma tête me hurle d'avancer, d'y aller, puisque de tout de façon, quoi qu'il arrive, il y aura forcément un moment où je le recroiserai, mais mes jambes ne font rien de tout ça. Je reste droite comme un piquet dans mes vans, les poings serrés dans les poches de ma veste en jeans, à attendre un quelconque signe qui me fera enfin bouger de cette situation.

Et comme si Dieu m'avait entendu, mon téléphone se met à vibrer à l'arrière de mon pantalon. Prenant ça pour un signe, je m'empresse de l'attraper pour voir qui ose m'appeler. Sans grand étonnement c'est Mess. Ayant l'habitude qu'il me sauve la mise quand j'ai des doutes, je décroche, néanmoins pendant un certain laps de temps, aucun de nous deux a parlé, mais je sais qu'il est là, je peux entendre discrètement son souffle s'abattre contre son téléphone. Je sais que mon comportement de gamine l'agace, pourtant il se contrôle, comprenant totalement la raison de mes actions.

- Tu comptes revenir bientôt ?

Lorsque sa voix claque entre nos deux oreilles, instinctivement je cherche son ombre au loin, et il ne m'est pas difficile de la trouver, lui aussi me cherchait, et à mon avis, ça fait déjà un moment qu'il m'observe de là-bas.

LIGNE VERTEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant