III. Le monde à travers ton regard | Negan [TOME 3 - The Walking Dead]

I. Sous les verrous

Plusieurs semaines s'étaient écoulées depuis l'arrestation de Negan. Plusieurs jours, plusieurs mois. Le Royaume avait continué à vivre dans l'harmonie, tout comme Alexandria ou la Colline, avec qui il s'étaient en contact. Julia avait continué sa vie et mené sa grossesse à terme. Tout se déroulait dans un semblant de meilleur des mondes. L'on n'avait plus de nouvelles des Sauveurs. De temps à autre, Simon dénonçait la perfidie de retenir leur meneur en otage. Par la même occasion, il remerciait la communauté pour cette épine sortie du pied. Il se retrouvait désormais à la tête du Sanctuaire. Que préparait-il à l'avenir ? Vivre dans l'attente d'une riposte ou vivre comme si de rien n'était ?

Ezekiel passait la majeure partie de ses journées à méditer sur l'avenir. Il alimentait les doutes et les appréhensions de Jerry, qui voyait son roi sombrer. Néanmoins, son obéissance l'obligeait à suivre les ordres et ne pas agir contre son gré. Tout semblait normal au Royaume. Dianne traquait des proies pour remplir le garde manger qui s'amenuisait au fil des jours. Depuis peu, les plantations se détérioraient et certains repensaient à la stabilité de la communauté. Une famine pouvait perturber le climat. La chasseuse et Julia partaient souvent en excursion à Alexandria, qui en solidarité de leur cause commune, avait accepté de leur fournir quelques provisions.

Negan n'était plus, mais l'horizon se voilait au loin. Tout était calme, trop calme. Richard et Morgan se côtoyaient en s'invitant chez l'un ou chez l'autre. Les deux hommes renfermés appréciaient la compagnie pour éponger les lourds moments. Et lorsqu'il n'était pas chez ce dernier, Richard gardait la fille de Julia. Sa protégée qu'il chérissait toujours malgré leurs déboires. La petite arborait un regard qu'il redoutait lorsqu'il la prenait dans ses bras. Les yeux de son père. Ils soulignaient toutefois une innocence enfantine et le mentor tentait de la câliner comme sa propre fille. L'on ne choisissait pas ses parents et Negan était vaincu. Il fallait vivre avec. Il fallait passer outre. Quand les souvenirs se faisaient trop douloureux, il s'enfermait comme à son habitude à double tour dans son camping-car.

Il partageait une étrange routine avec Julia lorsqu'il faisait la baby-sitter le temps d'une journée. Parfois une nuit. Parfois les deux. La jeune femme partait en mission, elle voulait continuer  de servir la communauté coûte que coûte. Il patientait, la boule au ventre de ne jamais la voir revenir. Quand elle rentrait, émerveillée de retrouver sa fille, il éclatait à l'intérieur. Constater la joie sur son visage dévasté par Negan. Comment pourrait-il lui pardonner ? Quand les secondes la tiraillait dans son lit, elle lui demandait niaisement de rester. Il veillait sur elle, loin sur le matelas. Il rentrait chez lui au petit matin, en chevalier servant.

Tout semblait anodin au Royaume, même pour celui qui attendait, l'âme rongée dans sa cellule. Negan. Il n'avait plus Lucille, il n'avait plus rien. Il n'avait plus Julia. Sa fille était née, il ne l'avait jamais vu, ni ne connaissait son nom. Le brun n'avait que ses souvenirs pour le conforter dans sa puissance passée. Depuis, tout était flou, tout avait changé, tout semblait normal. Comme promis, Julia lui rendait visite pour lui apporter un vulgaire sandwich. Elle tenait sa promesse. Elle avait donné sa parole. Ils discutaient. Il s'ouvrait à elle, elle se refermait. Elle n'était pas passée le voir depuis de longues et interminables semaines. Il l'attendait dans la crasse. Les rayons du soleil qui passaient par la fenêtre permettait à son imagination de s'évader. Son esprit impulsif réveillait régulièrement ses journées emprisonnées. Et il s'illuminait, un rictus narquois aux lèvres en fixant le ciel. Dès qu'il l'entendait, il relevait la tête emplit d'un espoir à la fois malhonnête et passionnel. Negan se sentait seul et faible, mais revigoré en présence de la brune. Il fallait masquer la vérité et ne pas défaillir. Il dépérissait à vue d'œil. Ce n'était que ce qu'il méritait, sa punition dont Julia avait accepté la responsabilité.