Naïra : Fille de Freya

Chapitre 5

- Fais attention à toi Naïra, murmura doucement Edbert à l’oreille de la jeune femme.

Le roi et Edbert étaient en train de raccompagner Yazar et la jeune femme aux portes du château où le cheval du magicien les attendait. Naïra était encore toute retournée par les paroles de son souverain. Elle ne savait pas dans quoi elle était en train de s’embarquer et se disait que finalement, le cachot à vie était peut-être une bonne option. Elle avait l’étrange impression qu’elle courait aux devants de la mort en suivant le Maître magicien, mais elle sentait aussi que sa vie était radicalement sur le point de changer. Elle ne savait pas encore ce que toute cette histoire signifiait, mais elle remarquait bien que tous semblaient placer d’immenses espoirs en elle. Elle avait pu le voir aux regards que lui avaient lancé le roi et le magicien. Ceux-ci marchaient devant elle et étaient en grande discussion. Sûrement devaient-ils parler de la mission à laquelle la jeune femme allait devoir prendre part se disait-elle. Elle, marchait aux côtés d’Edbert. Elle s’efforça de lui répondre sans trop laisser paraître son anxiété.

- Je vais essayer, mais il va de soi que je cours droit vers la mort, plaisanta-t-elle.

- Rien n’est moins sûr.

- Si tu essayais de me rassurer, c’est raté, lui répondit-elle en lui donnant un léger coup de poing dans les côtes.

Celui-ci sentit à peine le coup et sourit d’un air amusé.

- Si tu comptes frapper tes ennemis à cette puissance, je te conseille de viser plus bas.

- Et moi je te conseille de te taire si tu ne veux pas finir castré, répliqua-t-elle, elle aussi amusée par la tournure de la conversation.

Il n’y avait bien que le chef de l’armée royale pour arriver à plaisanter dans une situation aussi grave. Les quatre individus arrivèrent bien vite aux portes du château. Yazar se tourna vers le roi et le salua une dernière fois en le remerciant pour sa compréhension avant d’inciter Naïra à le suivre.

- Il est temps de partir.

La jeune femme soupira et acquiesça. Elle n’avait pas spécialement envie de quitter sa terre natale, malgré la vie difficile qu’elle avait eu jusqu’à présent. Elle quitta à contrecœur le chevalier et suivit le Maître magicien vers son cheval, cependant, avant de grimper sur l’étalon, elle sentit une main lui retenir le bras. Elle se fit brusquement retourner et reconnut Edbert. Ce dernier ne perdit pas son temps, il prit le visage de Naïra en coupe et écrasa sauvagement ses lèvres contre les siennes. Naïra fut surprise de ce geste, mais elle répondit tout de même à son baiser. Elle ferma les yeux et savoura ce moment, avant qu’Edbert ne s’écarte d’elle.

- Je ne te l’ai jamais dit mais je suis tombé amoureux de toi depuis le jour où tu m’as humilié devant mes hommes. Je pense que c’était le meilleur moment pour te le dire.

- Je le pense aussi, et mes sentiments sont réciproques, murmura Naïra, encore toute retournée par le baiser sauvage et remplit d'amour que venait de lui offrir Edbert.

- Voilà une raison de plus pour toi de revenir vivante.

- Je te promets que je reviendrai.

Edbert acquiesça et laissa Naïra monter sur le cheval. Yazar monta à sa suite, amusé par leur petit échange. Le roi quant à lui était très surpris, mais n’en dit pas un mot, enfin pas tout de suite. Il préférait attendre d’être seul avec Edbert, car ce que Naïra ne savait pas, comme peu de gens d’ailleurs, c’était qu’Edbert était le fils du roi et l’héritier de la couronne de la terre des hommes. Il était chevalier, certes, mais aussi prince. Le roi pensait qu’il était plus prudent pour son fils de garder son statut de prince secret pour le protéger, mais également pour qu’il puisse protéger le royaume sans que ses obligations de prince n’interfèrent. Pour le peuple, le prince était juste un homme mystérieux qui s’entraînait au métier de roi, enfermé dans le château. Personne ne cherchait à en savoir plus et c’était mieux ainsi. Edbert ne comprenait pas vraiment le choix de son père, mais il s’y pliait, car il savait que le roi n’agissait jamais sans raisons.