Chapitre 6

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Quatre jours étaient passés et le voyage se déroulait sans embûches. Naïra et les Maîtres magiciens ne s’arrêtaient que très rarement pour manger ou pour soigner les chevaux. Naïra avait commencé à faire connaissance avec les quatre magiciens. Elle trouvait que Barick était très drôle. Il aimait les choses simples, ne se compliquait jamais la vie et passait son temps à se moquer de ses confrères quand ceux-ci lui tournaient le dos. Il lui avait raconté un bon nombre d’anecdotes d’anciennes missions qu’ils avaient effectués tous les quatre. Le thérianthrope était tout aussi sympathique. Il était très intelligent et possédait de nombreuses connaissances sur le Royaume des Cinq Contrées. Contrairement à ce qu’elle pensait, Atlas était très calme et parlait avec une douceur qui ne collait pas à son personnage. Harriet Robyn, elle, était rapidement devenue une véritable confidente. Naïra lui avait raconté tout ce qu’elle avait vécu dans sa vie avant qu’elle ne les rencontre. Elle lui avait même fait part de son amour pour Edbert. Harriet Robyn de son côté, lui avait expliqué quelques faits qui l’avait marqué durant sa vie, notamment le jour où elle était devenue une fée. Elle était autrefois humaine et avait appris lors de son premier périple qu’elle avait des ancêtres fées. Ce sont les dieux eux-mêmes qui lui auraient donnés ses pouvoirs. Yazar quant à lui était toujours aussi mystérieux. Il ne plaisantait jamais, ne souriait jamais et ne prenait presque jamais part aux discussions du groupe, et ce soir-là ne faisait pas exception. Le groupe s’était arrêté à quelques heures du sanctuaire de Freya pour faire une dernière pause. Ils avaient pénétrés sur le territoire des elfes de Westrok le jour-même.

Alors que Naïra et Harriet Robyn préparaient le repas du soir, Yazar montait la garde. Atlas et Barick étaient allés chercher du bois non loin de leur campement de fortune. Naïra remarqua que le magicien était tendu, il semblait à l’affût du moindre bruit suspect, comme s’il sentait que quelque chose était sur le point de se passer. Il ne se détendit pas plus lorsque Barick et Atlas revinrent, les bras chargés de bois pour alimenter le feu.

- Yazar n’a pas l’air d’aller très bien, fit remarquer Naïra à Harriet Robyn qui était concentrée sur la cuisson de la viande.

Cette dernière était en train de faire cuire des lapinos, de mignonnes petites bêtes aux oreilles pointues et au pelage marron qui possédaient de longues cornes sur la tête. Ils étaient assez gros et très rares. Leur viande était  très savoureuse et juteuse.

- Il a toujours été comme ça, ne t’inquiète pas. S’il y a le moindre danger, il sera le premier à nous en avertir.

- Il semble prendre son rôle de Maître magicien très à cœur.

- Encore plus que quiconque. Zork était autrefois l’élève de Yazar, et ce dernier plaçait de grands espoirs en lui. Lorsque Zork et son confrère Ezalius ont trouvé la pierre du Nan’gmoura dans une caverne resurgit des profondeurs de la terre, nous avons tout de suite compris que cet artefact était très ancien et surtout très dangereux. Nous ne savions pas d’où venait cette pierre, mais nous avons malheureusement appris que quiconque la touchait se voyait posséder par les ténèbres. C’est ce qu’il est arrivé à Zork. Yazar pensait que son élève pouvait détruire cette pierre, mais c’est plutôt elle qui l’a détruit. Il est aujourd’hui à un point de non-retour, mais je pense que Yazar nourrit toujours l’espoir de pouvoir sauver son ancien élève. C’est pour cette raison qu’il place autant d’espoirs en toi.

- Pensez-vous que je peux le sauver ?

- Je ne pense pas non.

Harriet Robyn marqua un petit temps de pause avant de reprendre.

- Son esprit a demeuré bien trop longtemps en contact avec la pierre pour espérer un quelconque sauvetage. Ce que tu dois faire, c’est le tuer et purifier son âme. C’est le seul moyen pour détacher l’emprise qu’a la pierre sur lui.

- Je vois. Yazar va être déçu de ne pas pouvoir sauver son ancien élève.

- Ne t’en veux pas Naïra, rien de tout ceci n’est de ta faute. Lui-même n’est pas fautif de ce qui est arrivé à Zork. Personne ne pouvait se douter de ce qu’il se passerait, la rassura Atlas qui s'était assis à ses côtés après avoir donné le bois à Harriet Robyn.

- C’est vrai, merci.

- Qu’est-ce-que j’ai faim ! Le repas est-il bientôt prêt ? demanda le nain, allongé contre un tronc d’arbre.
- Patiente un peu Barick, le lapinos ne se cuit pas en deux secondes. Si tu veux que la viande soit tendre et juteuse, il faut un certain temps de cuisson.

- Qu’est-ce que tu en sais ? Tu t’es reconvertie dans la cuisine Harriet ? se moqua la nain.

- Il faut bien que quelqu’un se mette aux fourneaux lorsque nous sommes en mission, et je devine bien que ce n’est pas vous qui allez nourrir nos pauvres ventres affamés ! Si je n’étais pas là, vous seriez déjà tous morts depuis le temps ! s’énerva la fée.

- Vous les femmes vous êtes toujours dans l’exagération.

- Moi j’exagère ? Si tu n’es pas content, nourris-toi de terre et étouffe-toi avec !

La fée lui tourna le dos en marmonnant dans sa barbe, tandis que Naïra et Atlas se retenaient de rire devant la mine déconfite du pauvre Barick.

- Un groupe d’orcs approche, préparez-vous ! hurla soudainement Yazar depuis son poste de guet, coupant ainsi l'atmosphère légère qui s'était installée.

Les trois magiciens se levèrent d’un coup. Barick prit en main sa hache aux motifs étranges et s’approcha de Yazar. Naïra vit également la thérianpierre d’Atlas briller d’une vive lumière rouge qui l’enveloppa. Elle l’observa avec stupéfaction se transformer en un gigantesque Ousabring. Les Ousabring ressemblaient aux ours, mais ils étaient plus grands et beaucoup plus imposants. Ils avaient des dents et des griffes d’acier, des yeux rouges, et un pelage noir comme le charbon. Ils étaient très puissants et extrêmement dangereux. Harriet Robyn n’avait pas d’arme, mais d’après ce que la jeune femme savait, elle pouvait contrôler les éléments, et ceci grâce à sa bague qui lui servait de catalyseur. Yazar quant à lui utilisait une magie qui lui avait été transmise du dieu des Enfers en personne, la nécromancie. Il avait bâton et épée en main et se préparait à l’assaut. Naïra rejoignit ses compagnons qui étaient déjà prêts à combattre les orcs. Elle savait se battre et n’avait pas peur d’utiliser ses poings, même contre des orcs.

- Savez-vous vous battre ma jeune amie ? lui demanda Yazar.

- J’étais chasseuse de prime avant, donc oui.

- Prenez ceci.

Yazar tendit à Naïra une vieille épée toute rouillée, dont certains morceaux manquaient à quelques endroits. La jeune femme regarda le magicien d’un air médusé. Voulait-il vraiment qu’elle se batte avec cette épée ? Enfin, si elle pouvait l’appeler ainsi, car l’épée ressemblait plus à un vieux morceau de fer rouillé et obsolète qu’à une arme de guerre.

- Vous vous moquez de moi ? s'écria-t-elle.

- Naïra, sache que Yazar ne plaisante jamais’ lui répondit Harriet Robyn en lui faisant un clin d’œil.

- Cette épée, quand vous l’aurez en main, canalisera toute la puissante magique qui sommeille en vous et se transformera en arme liée à votre sang, reprit Yazar.

- Vraiment ?

- Évidemment. Le métal qui la constitue vient des dieux eux-mêmes et vous allez avoir besoin d’une arme digne d’un magicien pour vous battre.

Naïra acquiesça et prit l’épée en main. Celle-ci s’illumina au contact de sa peau d’une lumière blanche très vive et se forgea seule dans sa main. Elle s’adapta à la poignée de la jeune femme et fusionna avec ses pouvoirs. La lumière dissipée, Naïra n’en crut pas ses yeux. Le bout de ferraille que lui avait montré Yazar quelques secondes plutôt laissait maintenant place à une épée argentée qui brillait d’une pure lumière blanche.

- C’est à peine croyable ! s’exclama Naïra encore sous le choc de ce qu’elle venait de voir.

- Et c’est pourtant la réalité, lui assura le thérianthrope.

- Assez blablater ! les coupa subitement le nain. Nous sommes maintenant tous prêts pour trancher quelques têtes d’orcs ! hurla-t-il en se jetant sur le premier monstre qu’il vit.

Les autres s’engagèrent également dans la mêlée et la bataille commença.

Naïra : Fille de FreyaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant