Chapitre 7

38 7 0
                                    

La bataille faisait rage. Des orcs surgissaient de partout de plus en plus vite et de plus en plus nombreux. Le groupe de monstres ressemblait plus à une armée qu’à une petite troupe se dit alors Naïra. Munit de sa nouvelle épée, elle tranchait des têtes, coupait des membres et perçait des torses. La mort et le sang ne l'effrayaient pas. Elle ne voyait plus ses compagnons dans la mêlée, mais elle n’avait pas peur pour eux car après tout, ils étaient des Maîtres magiciens.

Deux petits orcs chargèrent sur elle. La jeune femme les évita de justesse en se retirant sur la gauche. Elle ne perdit pas de temps et se retourna pour leur trancher la tête d’un mouvement simple et efficace. Du sang noir jaillit de leur tête et Naïra manqua de vomir. Le sang des orcs n’avait rien à voir avec celui des humains, il était d’une couleur abjecte et vraiment nauséabond. Naïra s’écarta et attaqua plusieurs orcs sur son passage. Ceux-ci ne se battaient pas avec stratégie, ils se contentaient de foncer dans le tas, ce qui facilitait la tâche aux magiciens et à la jeune femme pour les tuer. Dans la mêlée, Naïra remarqua Barick. Il était encerclé par une douzaine d’orcs. Il les toisait du regard, attendant qu’ils attaquent. Au moment où ceux-ci s’élancèrent finalement, Barick leva sa hache en l’air et donna un violent coup à terre qui fit trembler tout le sol aux alentours. Naïra qui était toute proche tomba comme tous les orcs contre le sol. Le nain choisit ce moment pour réciter une petite incantation qui fit apparaître des piquants sur sa hache. Il fit léviter son arme au-dessus de sa tête et les piquants se plantèrent dans les torses des orcs qui étaient tombés. Naïra était très impressionnée par la technique du nain. Elle entendit alors un grognement qui la sortit de sa torpeur. Un orc un peu plus grand que les autres se tenait au-dessus d’elle et portait une lourde massue dans ses mains. Il la leva et l’abaissa avec force. La jeune femme eut tout juste le temps de parer l’orc avec son épée. Elle lui donna ensuite un coup dans les genoux à l’aide de ses deux pieds. Celui-ci hurla et s’effondra de douleur. Naira venait de se souvenir d'une conversation qu’elle avait eu avec Edbert où ce dernier lui avait révélé que le point faible des orcs se situait dans leurs genoux. Leur peau était moins épaisse à cet endroit-là et donc plus sensible. La jeune femme se releva rapidement et acheva l'orc en lui transperçant le cœur. Elle s’essuya ensuite le front et se concentra à nouveau. Si elle voulait éviter de se faire tuer, elle devait à tout prix rester concentrée. La jeune femme s’éloigna de la zone où était Barick et tomba rapidement sur Atlas. Elle ne pouvait pas le manquer avec ses trois mètres de hauteur. Il utilisait ses griffes en acier pour trancher la peau épaisse des orcs. Naïra le vit fondre sur plusieurs monstres et arracher la tête d’un avec ses crocs. Atlas avait remarquablement bien choisi sa transformation se dit-elle.

- Tu t’en sors Naïra ? lui demanda Harriet Robyn qui venait tout juste d’apparaître à côté d’elle.

- Ça peut aller, lui répondit la jeune femme.

Elle remarqua que la fée avait fait apparaître ses ailes. Elles scintillaient et brillaient dans l’obscurité de la nuit, ce qui la rendait facilement repérable auprès des ses alliés mais également auprès de ses ennemis.

- Je suis venue te chercher pour t’éloigner de cette zone. Yazar a un plan, et il veut que je vous évacue tous.

- Très bien.

Naïra se laissa transporter par la fée qui l’emmena auprès du Maître magicien de la terre des hommes. Il était entouré d’une lumière noire et récitait une incantation. Barick était déjà là et le protégeait des orcs qui se dirigeaient vers eux.

- Que fait-il ? demanda la jeune femme à Harriet Robyn.

- Il utilise son sort le plus puissant mais aussi le plus dangereux, lui expliquea la fée sans rentrer dans les détails. Je vais chercher Atlas, reste ici et ne te fais pas tuer.

Naïra acquiesça. Elle se dirigea néanmoins vers Barick pour l’aider à tuer les orcs qui s’approchaient d'un peu trop près de Yazar.

- Alors cette bataille ? lui demanda le nain en attrapant un petit orc par le cou avant de lui fendre le crâne en deux avec sa hache.

- Très instructive, répondit aussitôt Naïra.

- Ces orcs ne sont pas entraînés et ne savent même pas parler, donc la bataille est plutôt facile à gérer. En revanche, les armées de Zork elles sont très bien entraînées. La bataille sera plus rude, l'avertit le nain.

- Pourquoi Yazar utilise-t-il son sort le plus puissant alors ?

- Parce que nous ne devons pas perdre de temps. Nous pourrions nous amuser à les tuer tous un par un, mais nous ne pouvons pas nous le permettre, une autre bataille nous attend.

- Vous avez raison.

Yazar poussa un petit cri rauque, signe qu’il avait fini. Une immense brume noire apparut alors sur le champ de bataille. Les corps des orcs morts se relevèrent les uns après les autres dans une lenteur mortelle et se ré-assemblèrent. Ils se jetèrent ensuite tous sur les orcs encore vivants et arrachèrent leurs membres un par un avant de les dévorer. Ce fut un tel carnage que Naïra n’eut pas la force de regarder jusqu’au bout. Pendant ce temps, Harriet Robyn se posa près d’eux, portant le thérianthrope dans ses bras.

- C’est toujours aussi dégoûtant, déclara la fée écœurée.

- Dégoûtant mais efficace, ajouta Yazar haletant.

Le sort l’avait vraiment épuisé, il ne tenait quasiment plus debout. Atlas le souleva et l’aida à marcher vers son cheval.

- Que faites-vous ? demanda Naïra.

- Nous partons. Les orcs morts se chargeront de tuer tous les vivants, et ensuite, ils se tueront eux-mêmes, lui expliqua Atlas en revenant vers eux, les autres chevaux à ses trousses.

- Vous en êtes sûr ? demanda-t-elle perplexe.

- Affirmatif, lui assura le nain. Partons maintenant.

Naïra n’était pas entièrement convaincue mais elle décida tout de même de faire confiance aux magiciens et monta en scelle avec Harriet Robyn. Elle jeta une dernière fois un regard vers le champ de bataille. Il ne restait plus qu’un orc en vie. Il était entouré de tous les autres qui étaient temporairement revenus à la vie. Le monstre était effrayé et tournait sur lui-même cherchant désespérément une issue. Il se résigna quand il comprit qu’il ne pourrait pas fuir. Son regard croisa alors celui de Naïra. Ce n’était pas un regard haineux que reçu la jeune fille, mais un regard peiné. Tout être ressent quelque chose quand il meurt, et Naïra comprit en cet instant que cet orc était triste d’avoir eu une vie sans doute trop courte. Les morts-vivants se jetèrent sur le pauvre petit orc et l’engloutirent vivant. Naïra tourna la tête et ressentit une certaine compassion pour lui. Ces monstres étaient les pires créatures qu’elle connaissait, ils se tuaient entre eux, détruisaient des villages, tuaient les populations, violaient des femmes et pourtant Naïra était peiné de la mort de ce petit être et elle ne savait pas pourquoi. Elle chassa ces pensées plus qu’étrange de son esprit et se concentra de nouveau sur la route.

Naïra : Fille de FreyaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant