Chapitre 10

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Les magiciens avaient réuni les cinq espèces du Royaume des Cinq Contrées en l’espace de quelques jours. Le roi Egaldir était arrivé le premier sur le champ de bataille. Il était celui qui entretenait la meilleure relation avec le roi Edmund, les deux royaumes s’entraidaient beaucoup. Il était également le plus favorable à l’entraide entre les différents peuples. Les autres nations avaient toutes répondu présentes, même s’il fallut quelque peu insister auprès d’Altros, le roi des elfes sylvains. Toutes les armées étaient sur le champ de bataille désormais, sur les terres neutres d’Ashbell. Ils attendaient tous avec crainte l’arrivée des armées de Zork. Les Maîtres magiciens et les rois des différents peuples étaient positionnés en hauteur sur une petite colline qui surplombait le plateau d’Ashbell. Il n’y avait aucun bruit, le silence régnait. Tout était calme, trop calme, c’était le signe qu’une guerre était sur le point d’éclater. Yazar profita de ce moment de tension et d'accalmie pour motiver le moral des troupes. Il tapa le sol grâce à son bâton magique, ce qui attira l’attention de tous sur lui.

- Mes frères ! Que nous soyons elfe, nain, thérianthrope, fée ou bien homme, aujourd’hui, c’est notre paix à tous qui est menacée. Nous devons nous entraider afin d’écarter la menace qu’est Zork. Ne laissons pas tomber le monde entre ses mains diaboliques, ou nos enfants ne connaîtront rien d’autre que la terreur et l’horreur. Protégeons ces terres pour sauver notre Royaume ! Nos enfants ! Nos familles ! Notre paisible vie !

Yazar hurla ces derniers mots. Les différentes armées commencèrent à s’enflammer et à hurler en cœur. Il n’y avait plus aucune disparité entre les espèces, il n’y avait qu’une seule et unique armée, l’armée des Cinq Contrées.

- Quel petit discours touchant. Se moqua une voix sombre et terrifiante. 

Les rois et les magiciens se retournèrent et firent face à l'être tant redouté : Zork. Il venait tout juste d’apparaître sut la petite colline et les narguait de son sourire suffisant.

- Tu peux encore mettre un terme à tout cela Zork. Rien n’est définitif, tu peux toujours revenir dans le droit chemin et re-… commença Yazar avant de se faire couper par le magicien noir.

- Vieux fou ! Tu t’es toujours entêté à me dire que rien n’est éternel mais tu te trompes ! La magie de cette pierre, elle, est éternelle !

  - La magie de cette pierre te détruira, l'avertit le magicien.

  Zork commença à rire avant de reprendre avec sérieux :

- Ai-je l’air d’être mal en point ? Je me porte comme un charme depuis que cette pierre est entrée dans ma vie. Vous ne survivrez pas, donc autant abréger vos souffrances ici et maintenant.

Zork poussa alors un cri effrayant et inhumain et la terre se mit à trembler. Elle se craquela et des dizaines d’orcs et autres créatures maléfiques sortirent des profondeurs de la terre.

- Partez ! ordonna Yazar aux magiciens et aux rois. Je me charge de lui !

- Tu ne comptes tout de même pas te battre seul contre lui ? s’inquiéta Harriet Robyn.

- Je l’occuperai jusqu’à l’arrivée de Naïra.

- Mais-…

- Partez ! hurla de nouveau le Maître magicien de la terre des hommes en coupant la parole à la fée.

- Fais attention à toi.

Yazar acquiesça et ils partirent se jeter dans la mêlée, combattre les armées maléfiques du mage noir. Le magicien se tourna vers son ancien élève et le toisa du regard.

- Tu comptes m’affronter seul ? Quel courage, ou quelle folie plutôt ! N'espère pas me battre, tu vas mourir.

- À nous deux Zork, murmura alors le magicien en se jetant sur lui.

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Un nuage de poussière s’élevait dans le ciel au-dessus des terres d’Ashbell. La bataille n’était pas visible depuis les airs, mais Naïra, assise sur son étalon ailé pouvait aisément entendre les cris, les grognements et les épées s’entrechoquer. Naïra pénétra dans le nuage de poussière et perçut les différentes armées se battre à terre. L’armée des elfes communs de Westrok dirigée par Egaldir était présente. Les elfes sylvains dirigés par Altros et les elfes noirs dirigés par Astreya se battaient côte à côte. Les nains du Nord et du Sud se battaient autour de Barick qui créait des mini-séisme avec sa hache légendaire pour déstabiliser ses adversaires. Les fées, établies dans toute la zone aérienne, lançaient des attaques à distance sous le commandement d’Harriet Robyn. Elles surprenaient leurs ennemis et les troupes à terre les achevaient. Naïra entendit un grognement qu’elle reconnut immédiatement, c’était celui d’Atlas. Il était de nouveau sous sa forme d’Ousabring et était entouré par toute sorte d’animaux, tel que des ours, des loups et autres dangereux félins. La troupe des hommes menée par Edmund était l’armée la plus conséquente étant donné la proximité qu’avait le royaume des hommes avec les terres neutres d’Ashbell. Naïra essaya de repérer Edbert dans de chaos, mais en vain. Une vague de panique l’envahit, mais elle se ressaisit bien vite. Ils allaient se revoir, ils se l’étaient promis. Le mieux qu’elle pouvait faire pour l’aider était de tuer Zork une bonne fois pour toute.

Naïra repéra Yazar. Il était sur une petite colline, face à un homme effrayant. Il faisait vraiment peur à voir avec ses longs cheveux noirs et ses yeux rouge sang qui révélaient toute la folie qui l'habitait. Ses veines d’une étrange couleur noire ressortaient sur toute sa peau et lui donnait un air encore plus terrifiant et diabolique. Il portait une armure noire aux reflets magenta qui recouvrait tout son corps sauf ses mains. Celles-ci étaient d’une couleur aussi rouge que ses yeux. Il tenait un objet brillant dans ses mains. C’était la pierre du Nan’gmoura se dit alors Naïra. Elle ne l’avait jamais vu auparavant, mais elle se doutait bien que cet objet était celui dont parlaient les magiciens. La jeune femme ordonna à Azlân de se rendre sur la petite colline. Le pégase s’exécuta, mais au moment où il allait se poser, un cyclope l’attrapa par les pattes et l’envoya valser contre le sol, non loin de la colline. Naïra poussa un cri en tombant à terre. Azlân l’avait projeté grâce à ses ailes avant que le cyclope n’éclate son corps contre le sol. Le pégase ne bougeait plus et tous ses membres étaient disloqués. Le cyclope émit un lourd rire rauque avant d’arracher la tête du pégase et de la gober. Naïra vit alors rouge. Elle se saisit de son épée et s’approcha prudemment du cyclope. Celui-ci devait avoir au moins trois ou quatre têtes de plus que la jeune femme. Elle savait cependant que son point faible était son unique œil. Quand un cyclope perdait son œil, il mourrait sur le champ car un nerf reliait directement le cœur à l’œil. Quand ce nerf lâchait, une intense décharge était envoyée au cœur, ce qui l’arrêtait aussitôt. Les nombreuses heures passées à étudier l'anatomie des monstres sous les ordres de sa mère servaient enfin à quelque chose se dit alors Naïra.
Elle s’approcha d’un peu plus près du cyclope et lorsqu’elle atteint enfin le bon angle de trajectoire, elle lança son épée d’un puissant coup dans l’œil du monstre. Celui-ci hurla de douleur avant de s’effondrer au sol, soulevant de la terre dans sa chute. Naïra récupéra son épée en esquissant une grimace de dégoût face au sang noir de la bête qui recouvrait toute sa lame. Elle s’assit ensuite aux côtés d’Azlân, ou plutôt de ce qu'il restait de lui. Elle lui caressa le dos en versant quelques larmes :

- Je suis désolée de ne pas avoir tenu ma promesse Freya. Je vais tout faire pour éviter que d’autres de mes amis ne meurent.

Naïra se releva, sécha ses larmes et grimpa sur la colline. Yazar et Zork se battaient à coups d’épée et d’incantations. Le Maître magicien avait utilisé son sort de nécromancie, de nombreux ossements étaient jonchés sur le sol. Il avait du mal à tenir debout et vacillait de temps à autre. Il était exténué et allait bientôt être à court d’énergie. Naïra s’avança vers lui à toute vitesse pour le soutenir alors qu’il allait tomber.

- Je prends la relève Maître Yazar.

- Naïra ! Enfin vous voilà. J’ai échoué, je n’ai pas réussi à raisonner mon élève, dit-il en toussant et en crachant du sang.

- Vous ne pouvez le raisonner Yazar, il est perdu. Le seul moyen pour le sauver, c’est de purifier son âme. J’espère seulement qu’elle n’a pas totalement sombré dans les ténèbres et qu’elle peut encore être sauvée.

- Sauvez-le, je vous en supplie.

- Je vais faire le nécessaire, ne vous inquiétez pas.

- Merci.

Naïra posa le magicien à terre et se dirigea vers Zork. Il avait un sourire suffisant sur le visage et paressait confiant.

- Zork, si tu es encore là, écoute-moi. Ton âme peut encore être sauvée, il suffit que tu me laisses pénétrer au plus profond de toi pour que je puisse te sortir des ténèbres.

- Yazar succombe à mes supplices et il envoie une gamine pour me combattre ? C’est pitoyable.

- Je ne suis plus une enfant depuis longtemps et tu ne devrais pas me sous-estimer. Si tu ne coopères pas, je ne pourrais pas t’aider.

- M’aider ? répéta-t-il avant de partir dans un fou rire. Tu penses réellement que j’ai envie que l’on m’aide ? Je n’ai jamais été aussi puissant et aussi bien que maintenant. Je n’ai aucune envie de retourner à ma misérable de vie de magicien au service de ce faible de Yazar ! Nous les magiciens, nous sommes tellement puissant et pourtant nous nous soumettons aux lois des différents peuples de ce royaume. Ce sont les plus forts qui méritent de régner sur ce monde. Je le prendrai par la force et le soumettrai aux ténèbres !

- Je ne te laisserai pas faire.

- Tu ne peux rien contre moi car j’ai la pierre ! C’est elle qui m’a donné ces fabuleux pouvoirs. Tout ce qu’elle désire en échange de ces fabuleux dons, c’est la destruction.

- Ne te rends-tu pas compte de ce que cette pierre a fait de toi ? Tu es devenu un être horrible, effrayant et sans cœur ! La pierre te contrôle et tu ne t’en rends même pas compte !

Naïra sentit une énergie se déployer en elle, c'était le pouvoir de Freya. Elle vit son médaillon flotter dans les airs, signe que la magie s'activait en elle. Elle se laissa submerger en toute confiance par cette énergie qui lui montra l’âme de Zork. Son âme n’était que noirceur et ténèbres, aucune once de lumière ne filtrait. Elle se sentit décoller du sol, la lumière l’entourant de toute part. Ce n'était plus elle qui était aux commandes, le pouvoir de Freya avait prit possession de son corps, elle ne contrôlait plus rien. Ce pouvoir était bien trop puissant pour la jeune femme, elle ne le maîtrisait pas encore et elle en était encore bien loin. Comment allait-elle pouvoir battre Zork dans ces conditions ? Les combats cessèrent immédiatement et tous se tournèrent vers la source de lumière qui se trouvait être Naïra elle-même.

- Zork, ton âme ne peut être sauvée. Pour tous les crimes que tu as commis au nom de cette pierre, je te condamne à la mort, lui dit-elle d'une voix à la consonance mystique.

Zork hurla et lança une incantation à l’encontre de Naïra. Celle-ci brandit le bras et un rayon de lumière purificatrice d'une puissance exceptionnelle sortit de sa main. Naïra ne contrôlait plus rien, on aurait dit que quelqu'un bougeait et parlait à sa place. Sur le champs de bataille il y avait d’un côté les ténèbres et de l’autre la lumière. Ces deux énergies puissantes se confrontaient l’une contre l’autre, détruisant le sol aux alentours. Les autres combattants eux-mêmes eurent du mal à résister aux ondes de choc de ce duel. Naïra puisa dans toute son énergie et redoubla d’efforts. Sa peau lui brûlait, elle était littéralement en train de calciner sous ses yeux à cause de la puissance de ce pouvoir qu'elle n’arrivait pas encore à maîtriser. Zork gagnait de plus en plus de terrain sur elle, ce n’était qu’une question de temps avant que la jeune femme ne soit décimée par le rayon dévastateur du magicien noir. Naïra commençait à désespérer, c'était la première fois qu'elle utilisait ce pouvoir et elle n'était même plus sûre d'être totalement elle-même. Ce pouvoir la détruisait de l'intérieur comme de l'extérieur. Comment allait-elle pouvoir battre ce puissant chef d'armée dans ces conditions ? Elle avait besoin de Freya si elle voulait battre Zork.

- Déesse, venez-moi en aide, je vous en prie, marmonna-t-elle.

Son corps prenait littéralement feu à cause de la puissante qui déferlait en elle et Zork gagnait de plus en plus de terrain sur elle. Ce n'était qu'une question de temps avant qu'elle ne succombe. Elle entendit soudainement une voix dans sa tête.

Ne perds pas espoir mon enfant.
Tu dois juste croire en ton pouvoir.
Mais tu ne pourras pas sauver son âme.
Cependant tu pourras l’emprisonner dans un tombeau conçu à cet effet dans les montagnes de Greenshades.
Avec le temps son âme s’apaisera, et un jour un de tes descendants pourra le délivrer définitivement, comme il délivrera le monde de la terrible pierre du Nan’gmoura.

Suite à ces paroles, une énergie nouvelle et encore plus puissante apparut en Naïra. Freya l'aidait et la protégeait, la jeune femme pouvait le sentir. Elle laissa donc son pouvoir se propager dans son corps, avant d’envoyer une nouvelle décharge, cette fois-ci beaucoup plus puissante que la précédente. Zork hurla et se consuma sous l’énergie purificatrice. Le magicien noir tomba à terre, lâchant la pierre du Nan’gmoura dans sa chute. Toutes les créatures maléfiques qui l’accompagnaient succombèrent elles aussi. Naïra sourit, heureuse d’avoir vaincu Zork et d’avoir sauvé le monde, puis elle s’évanouit. Elle sentit son corps meurtris chuter et heurter quelque chose. Elle ne ressentit cependant pas de douleur et c’est le sourire aux lèvres qu’elle plongea dans un paisible sommeil.

Naïra : Fille de FreyaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant