CHAPITRE 7

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♫ Dilemme – Lous And The Yakuza ♫

Charlotte

Le dernier album de Lady Gaga en playlist sur mon portable, je branche les écouteurs, empoigne les deux sacs poubelles qui jonchent mon hall d'entrée depuis quelques jours, et me dirige vers l'ascenseur. Un papier scotché sur la double porte m'annonce qu'il est en panne... Encore... Comme au moins vingt jours par mois ! Alors je descends les cinq étages jusqu'à l'entrée de l'immeuble, avant de pousser le panneau de contreplaqué, tenu à l'aide de deux charnières rouillées, menant à la cave. Le morceau de bois résiste, mais je n'ai pas dit mon dernier mot !

— Saleté de taudis ! braillé-je pour moi-même en donnant un coup de pied dans la porte de fortune.

Le panneau cède, et je m'aide de mes hanches pour le pousser afin de libérer l'accès. J'entrepose mes ordures avec celles de mes quatre voisins. J'ai emménagé ici il y a deux ans suite à la vente de mon ancien logement par les propriétaires. Contrainte à prendre ce qui se présentait le plus rapidement, je n'ai pas eu d'autre choix que d'y déposer mes valises.

— Mademoiselle Wilhems, halète la voix criarde de ma propriétaire.

— Madame Wermer ! Quel plaisir de vous voir !

Bien que ma voix soit doucereuse, ni moi ni elle n'y croyons une seule seconde. D'un parce que je lui dois le loyer du mois dernier, et celui de ce mois-ci, sans compter que j'ai échangé mon tour des charges communes avec Edmond, un septuagénaire du premier étage à qui j'ai tapé dans l'œil, et de deux parce qu'entre la vieille propriétaire et moi, c'est tumultueux ? Chaotique ? Emprunt à de perpétuelles joutes verbales ? Oui, un peu tout ça en même temps, ce qui donne quelque chose de plutôt explosif. Un véritable cocktail Molotov vivant. Ses cheveux grisonnants dans lesquels elle a placé de gros bigoudis, sont en train de se dresser sur son crâne, et ce malgré qu'elle porte un fichu – aussi rouge que son âme – pour les protéger.

— Ne vous foutez pas trop de moi, Mademoiselle "j'ai deux loyers de retard" !

— Je n'oserai pas Madame !

— Mademoiselle ! hurle-t-elle, son index dressé vers moi.

— Oui, Madame, fais-je en mimant le salut militaire.

— Je vous ai déjà dit que j'étais jeune fille !

La vieille s'égosille, si bien que je peux voir ses amygdales vibrer avec l'intonation de sa voix.

— Le loyer c'est pour quand ? continue-t-elle, toujours sur le même ton, alors que je tente de regagner le dépotoir qui sert de hall d'entrée.

Je vis chaque jour avec la peur que la commune saisisse l'immeuble et le déclare insalubre, et dans ce cas, je n'aurais nulle part où aller. Chez ma mère ? Certainement pas, je deviendrai folle si je devais vivre avec elle en plus de Luna. Chez Clothilde ? C'est elle qui deviendrait folle tant son appartement est aseptisé. Chez mon frère ? Il faudra me mettre sous perfusion d'anxiolytiques pour que j'accepte de subir sa femme et ses lubies complètement surréalistes.

— Je vous verse celui de juin début de la semaine prochaine, et celui de ce mois le lundi suivant, dis-je dans un souffle.

— C'est votre dernière chance, Wilhems ! Si mardi à sept heures tapantes, je n'ai pas l'argent, vous aurez exactement deux heures pour déguerpir ! assène-t-elle. C'est bien compris ?

Foutu Menteur ! [SOUS CONTRAT D'ÉDITION ADDICTIVES]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant