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On a su peu de temps après que ceux touchés par le bouleversement s'étaient levés avec mal à la tête. Ce fut mon cas, mais rien ne me surprit. En effet je ne suis plus bien depuis que j'étais seule dans la chambre. Alors un réveil avec la tête en vrac c'était mon quotidien, rien de plus banal.

Je me suis lavé, habillé, j'ai mangé un bout en vitesse puis j'ai couru à mon bus comme à mon habitude. J'étais toujours dans les temps à mon arrêt, il me suffisait de courir sur le pont jusqu'à la boulangerie. Mais ce matin elle était fermée, chose complètement inhabituelle. Le gérant ouvre à 6h30, il n'a jamais de retard, ce matin il aurait dû ouvrir depuis 20 min. Le bus avait aussi du retard, le chauffeur s'excusa nous parlant d'une panne de réveil. Je suis monté dans le bus avec mes écouteurs vissés sur les oreilles. Et c'était parti pour 50 min de bus. Le même paysage parcouru à la même vitesse avec le soleil qui se lève, rien de plus banal.

Arrivée au lycée mon mal de crâne s'intensifie. J'ai salué tous mes amis. Louise me rentra dedans la première. On s'est jamais dit bonjour autrement que comme ça. Je la connais plutôt bien. C'est pour ça que ce matin là, je vis dans ses yeux que quelque chose avait changé. Quand je lui ai posé la question, elle éclata de rire et me dit que jamais elle s'était sentie aussi bien. Elle était toujours aussi énergique le matin. Maxence était penché sur son tel toujours à lire l'actualité et nous faire flipper avec des nouvelles toujours plus effrayantes. Il remonta ses lunettes jusqu'au bout de son nez et me dit bonjour. Il me demanda comment j'avais dormi.

«Ben normal et toi ? Pourquoi tu me demandes ça? » On ne discutait pas vraiment ensemble le matin. Je lui ai donc répondu à l'instinct, par réflexe. Mais si il m'avais posé plus de questions je dois avouer que ce matin là, il m'était impossible de me rappeler ma nuit. Je me souvenais de mon réveil mais pas de ma nuit ni même de m'être couchée. Elsy arriva les bras tendu et en criant. Elle était encore de bonne humeur et elle enchaînait les câlins. J'ai essayé comme à chaque fois de l'esquiver. Mais comme toujours elle m'attrapa et me serra fort dans ses bras.

«Mais oui toi aussi Zoé, petite sauvage tu mérites un câlin. » Elle était très tactile et semait la bonne humeur autour d'elle comme chaque matin. Une fois que j'ai eu salué tout le monde Talia arriva. Elle arrivait pourtant toujours en retard. Aujourd'hui elle était à l'heure et elle sortait des toilettes en râlant. Elle nous parla d'un réveil compliqué et d'un mal de tête qui la suivait depuis son lit. Comme à mon habitude je l'ai chambrée. Racontant qu'elle avait dû tout simplement veillé sur sa console très tard dans la nuit. Elle grogna, me poussa et alla saluer tous les autres. Je me moquais mais moi aussi j'avais mal à la tête ...

La journée de cours commença en étude, le prof n'étant pas venu et ne donnant pas de nouvelles. Ce n'était pas pour nous déplaire deux heures de maths le lundi matin ça ne plaît à personne. Nous avions assemblé plusieurs tables, nous étions tous assis en rond. Mais quelle belle table, ça discutait, dessinait, jouait à la console et moi je testais un filtre sur ma tête et celle de Louise. Celui-ci indiquait si on aurait notre diplôme de fin d'année. On éclata de rire quand celui-ci nous donna les félicitations et la meilleure mention. "Ce ne sont pas les têtes d'andouilles comme vous qui auront le BAC à la fin de l'année !" cria Talia qui avait pris goût aux jeux. Maxence réclame notre attention. Il brandit son tel en l'air.

«Les gars c'est officiel, c'est l'apocalypse !!! »

«Rhaaa tais-toi. C'est toujours la même chose avec toi !! Qu'est ce qui vas pas, y'a plus de frites au self ou le prof de math te manque déjà trop sale intello ?! » J'étais montée sur la table pour lui piquer son tel. A l'époque, j'avais encore ma grande gueule, j'avais surtout une grande facilité pour trouver la remarque vexante. Un cauchemar ambulant. Louise me fit tomber au sol et rendit son tel à Maxence, elle répliqua.

«Putain mais ta gueule Zoé! T'es vraiment le démon des fois! » J'ai éclaté de rire, croisé les bras et j'ai fixé Maxence le défiant avec un regard hautain.

Il se mit alors à lire l'article paru à l'instant. «Des adultes de 20 à 70 ans avaient été retrouvés morts chez eux partout sur terre, 1,7 milliards de morts déjà comptés à travers le monde. Tous dans la majorité sans aucun soucis de santé apparente. L'article détaille le nombre de morts déclarés pour chaque pays. Un conteur en ligne sera bientôt créé, comme pour les 3 dernières épidémies mondiales.

Le risque d'une nouvelle maladie n'était pas écartée. Encore des morts par millier ce n'était donc jamais fini. Plus effrayant encore, en Europe nous sommes tous mis en activité comme tous les matins. Chacun levé aux alentours de 6h du matin, choses peu surprenante pour la population active du pays mais pas pour la population retraitée ou sans activité. Au moment ou il était 6h du matin en Europe il était 23h au Mexique, une heure assez surprenante pour se réveiller et vouloir aller travailler et accomplir cette routine du quotidien. A Tokyo il était 13 h de l'après-midi. Au moment où on commence une journée paisible le reste du monde devient fou et conscient que l'espèce humaine vient de vivre un événement perturbateur mondial. Mais personne ne sait ce qui à pu se passer et les morts ne peuvent pas parler.

Les lobbyistes s'emparent de l'histoire et parlent d'un coup d'État d'un pays extrémiste voulant supprimer les plus âgés et gouverner le monde par un embrigadement des jeunes dans de nouveaux mouvements politiques. On nage en plein délire. Mais pourquoi parlait t-il de la jeunesse ? Le journaliste a déclaré et bien jeunesse du monde ne trouvez-vous pas bien étonnant pour certain de vous être levé ce matin avec un mal de crâne terrible ? Ne vous sentiez vous pas différent ? Vous avez été hypnotisés vous êtes les cibles des gouvern .... »

Maxence arrêta la lecture.

«Bon il faut retenir le début, le mec devient fou à la fin de son article héhé ... Vous avez mal à la tête vous ?? »Le groupe se tourna vers Talia et personne n'osa dire qu'il avait mal à la tête.

«Bon, on a affronté des théories bien plus des tordues que ça hein? » Je leur dit en éclatant de rire, prenant Talia par les épaules pour la lever et la sortir de cette foule de regards suspicieux et accusateurs. "Viens on va faire un tour il y a une drôle d'ambiance hein ? " Lui dit-je. Elle posa son crayon, enfila sa veste et me suivit. Ils nous regardèrent tous sortir de la salle. Ils avaient tout posé ce qu'ils avaient dans leur main.

BouleversementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant