Je ne m'étais pas sentie aussi surexcitée depuis des jours et des jours. C'était grisant. Je courais dans les couloirs et dévalais les escaliers au risque de me tordre la cheville. Je me retrouvais enfin dans le parc enneigé. Si je voulais m'isoler et que Regulus me cherchait, il n'avait qu'à grimper à la tour d'astronomie ou à la volière pour me trouver. Mais si c'était lui qui voulait s'isoler, c'était au terrain de Quidditch que je devais me rendre. Le seul endroit où il s'était toujours senti complètement libre.
Il se tenait debout au milieu du terrain, le dos tourné et le nez levé vers le ciel, les flocons de neige tournoyant autour de lui. Son balai reposait à ses pieds. C'était une belle vision. Un grand sourire étirait mes lèvres.
– Reg ! Regulus ! J'ai trouvé quelque chose !
Je manquais le percuter de plein fouet en arrivant près de lui. Mais je n'en tenais pas compte, je fouillais frénétiquement le livre que j'avais emporté avec moi, oubliant complètement la menace de la bibliothécaire. Je ne voyais pas les traits de son visage.
– Regarde ! C'était sous nos yeux depuis tellement longtemps ! Comment on a pu passer à côté de ça ! Bon, rien ne prouve qu'on soit sur la bonne piste, mais c'est déjà un point de départ. Mon instinct me dit que c'est un point de départ. Regarde ! Ça parle des hor...
– C'est fini, Ayden.
– Regarde, tout est là, lis ce paragraphe !
– Arrête.
Je décidais enfin à m'arracher de la page pour lever les yeux vers lui. Son expression me faisait l'effet d'une chute libre. Ses yeux affichaient une impassibilité implacable qui me clouait sur place. Jamais je ne lui avais vu un regard aussi dur. Mon exaltation retombait aussi violemment qu'elle était apparue. Le timbre de ma voix se faisait hésitant.
– Regulus... tout n'est pas perdu... tu as déjà entendu parler des horcru...
Une fois encore, il ne me laissait pas le temps de terminer ma phrase.
– Ayden, je t'ai demandé d'arrêter.
Il continuait de me fixer, imperturbable. J'essayais de comprendre, de percer sa carapace, de lire dans ses yeux comme je l'avais tant de fois fait auparavant. Mais il était inébranlable. Plus que jamais, j'avais le sentiment d'être une étrangère à ses yeux. Quelque chose se brisait en moi. Irrévocablement.
– Ma mère m'a envoyé une lettre, reprenait-il froidement. Elle m'a trouvé une épouse convenable. Je vais perpétuer la noble lignée des Black.
– Ce ne sont pas tes mots... chuchotais-je, passé le moment de stupeur. Ce n'est pas toi...
– Je vais faire honneur à ma famille, à mon sang. Et au Seigneur des Ténèbres.
J'écarquillais les yeux. La signification de ses paroles me faisait l'effet de mains géantes empoignant mes poumons pour les broyer lentement, inexorablement.
– Non... Non...
– Je pensais que tu finirais par comprendre, que tu lâcherais l'affaire. J'ai essayé de te le dire, mais tu n'as rien voulu entendre. Je suis un mangemort. Et je ne veux pas en changer.
Les paroles qu'il prononçait sortaient tout droit de la bouche de Walburga Black. Mon meilleur ami ne parlerait jamais de la sorte. Il me toisait avec dédain. À mon poignet, le bracelet qu'il m'avait offert pour mes dix-sept ans semblait peser des tonnes. Je ne voulais pas y croire. Je ne pouvais y croire. Mais à aucun moment ses traits ne le trahissaient.
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Une Lune d'or et de noir [ANCIENNE VERSION]
ФанфикDécembre 1977. Voldemort continue d'étendre son ombre sur le monde des sorciers. Le Royaume-Uni est assailli de toute part et même Poudlard peine à épargner ses élèves. Ayden, jeune femme à la lugubre affiliation et dont le destin est inextricablem...