Cercle Magus T2 : L'usurpateur

Chapitre 15

Yo. Bien ou bien ?

Ici, c'est l'éclate totale. Je kiffe ma vie d'adolescent, je kiffe mes cours de magie et je kiffe ces putains de chouettes qui hurlent dans mes oreilles à chaque fois que je mets les pieds dans cette volière pour t'écrire.

Eh ouais. Je te tutoie maintenant. J'suis trop un ouf. Si ça te pose un problème, tu peux toujours me le dire dans ta prochaine lettre. Mais il faudrait d'abord que tu répondes aux huit autres que je t'ai envoyées.

Je vous emmerde tous. Toi, ô Grande Inquisitrice, mais aussi tous tes laquais décérébrés qui te suivent comme si leur vie en dépendait.

Allez cordialement brûler en enfer,

Manu.

Mon courrier était exagérément puéril, mais j'avais au moins pu me défouler quelques instants. L'Ordre Écarlate s'obstinait à m'ignorer alors que je disposais d'informations cruciales pour notre mission.

– Hidam linguis...

Les lettres se déformèrent les unes après les autres pour être remplacées par d'anciens symboles oubliés de tous. Mon expérience dans le domaine du cryptage pouvait facilement leurrer les Fondateurs.

– N'importe quoi... grommelai-je avant de rouler le parchemin.

Personne au Cercle Magus ne se souciait un instant des messages que je pouvais envoyer vers l'extérieur. Même James Mc Callagan n'avait donné aucune suite à notre précédente rencontre dans la volière.

Je n'étais pas considéré comme une menace.

– Viens, Fumerolles.

Une chouette au pelage cendré quitta aussitôt son perchoir pour se poser sur mon épaule. L'animal était particulièrement sociable et semblait toujours enjoué à l'idée de livrer mes lettres.

Mais elle rentrait toujours bredouille.

– N'hésite pas à faire caca partout lorsque tu auras atteint leur repaire... lui conseillai-je avec malice en fixant le rouleau de parchemin à sa patte.

Elle me lança un regard perçant et déploya aussitôt ses ailes pour prendre son envol.

Je ressentis un léger pincement au cœur en voyant Fumerolles s'éloigner. Cette chouette n'hésitait pas à parcourir des dizaines de kilomètres pour me rendre service sans jamais être remerciée. L'Ordre Écarlate ne se donnait jamais la peine de lui donner à manger ou à boire pour assurer le trajet du retour. La pauvre bête était toujours à bout de forces après avoir rempli sa mission.

Je m'approchai machinalement de la fenêtre et ne vis bientôt plus qu'un minuscule point disparaître au loin derrière la forêt.

Les lueurs du crépuscule offraient à quiconque les observait un spectacle éblouissant. La volière était un point de vue unique qui permettait d'assister aux plus beaux couchers de soleil de la région.

La tour me donnait également une vue imprenable sur mon amie Alice.

– Qu'est-ce qu'elle fait ici ?

La petite blonde avançait d'un pas vif en direction de la forêt. Son empressement me sembla suspect, et je notai qu'elle lançait régulièrement des regards par-dessus son épaule.

Alice ne voulait pas être suivie.

– Toi... Tu me caches quelque chose.

J'attendis qu'elle se fût éloignée pour sauter par la fenêtre. Je ralentis ma chute à l'aide d'un sortilège et suivis prudemment mon amie à l'intérieur de la forêt.