Cercle Magus T2 : L'usurpateur

Chapitre 6

– Ne me dis pas que nous sommes perdus.

– Nous ne sommes pas perdus, me défendis-je en examinant les alentours d'un air perplexe. Je suis sûr que c'est la première fois que nous mettons les pieds dans ce couloir.

Alice laissa échapper un soupir interminable.

– C'est la quatrième... rectifia-t-elle en pinçant les lèvres. Je pensais que tu connaissais le chemin.

Ce n'était pas le cas. Mon amie pensait sans doute que je lui avais proposé de rejoindre l'infirmerie en connaissant son emplacement, mais je n'avais encore jamais eu l'occasion de m'y rendre.

Rien dans ce foutu château n'avait été conçu pour orienter les nouveaux élèves. Personne n'avait jugé utile de placer des panneaux en bois pour faciliter la circulation dans le Cercle Magus.

– On oublie l'infirmerie, lâcha Alice en sortant sa baguette magique. On ferait mieux de rejoindre notre salle commune avant que les Mortarion ne réalisent que nous leur avons volé quelque chose.

La petite blonde pointa l'extrémité de sa baguette sur son épaule et prit une profonde inspiration avant de fermer les yeux.

– Episkey.

Un craquement d'os dégoûtant m'indiqua que son membre venait d'être remis en place. Alice venait une fois de plus de me démontrer son talent exceptionnel pour la magie alors qu'elle n'était qu'une banale élève de première année.

– Où as-tu appris à faire tout ça ? demandai-je en fronçant les sourcils.

Mon amie fit mine de ne pas m'avoir entendu et se dirigea d'un pas vif vers l'extrémité du couloir.

Je voulus la retenir par le bras pour l'inciter à me répondre, mais elle repoussa brusquement ma main et pointa sa baguette sur ma poitrine.

– Je n'ai pas le temps de t'expliquer, gronda-t-elle en jetant un rapide coup d'œil derrière elle. Dépêche-toi de me suivre si tu veux sortir d'ici.

Je n'étais pas en mesure de contester. Alice était armée alors que j'avais délibérément fait le choix de ne pas l'être. Mon refus incompréhensible de prendre une baguette lors de mon épreuve commençait déjà à se retourner contre moi.

La petite blonde semblait avoir un très bon sens de l'orientation. Elle s'engagea dans un nouveau couloir sans l'ombre d'une hésitation et finit par retrouver les escaliers que nous avions tous les deux empruntés pour rejoindre le dernier étage du château.

Nous descendîmes les marches trois par trois sans nous soucier d'être repérés et courûmes sans relâche vers notre salle commune pour présenter à mon cher collègue le tribut volé à la maison Mortarion.

Mais une personne se tenait déjà devant le tableau vieillissant de Benjamin.

– Alice et Jules... murmura Louna Nocturis d'une voix blanche. Les nouvelles célébrités de cette année scolaire.

Nous nous figeâmes brusquement et échangeâmes un regard paniqué tandis que la directrice du Cercle Magus s'avançait vers nous.

– Expelliarmus.

La baguette de mon amie lui échappa des mains pour rejoindre celles de mon ancienne Fondatrice.

Cette dernière se tourna ensuite vers moi et fronça légèrement les sourcils.

– Où est la tienne ?

– Je n'en ai pas, répondis-je en soutenant le regard de la louve d'un air provocateur.