Chapitre 20

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Il faisait noir.

J'étais assis sur une chaise grinçante au cœur d'une pièce froide et humide – à moins qu'il ne s'agît d'une caverne souterraine ?

Cet endroit m'était vaguement familier, mais je ne parvenais pas à le situer précisément. Mes souvenirs se fondaient dans l'oubli malgré mes efforts pour les retenir. Mon esprit tout entier était brumeux.

– Ne reste pas là... gémit une voix.

Je plissai les yeux et me concentrai pour essayer de déterminer sa provenance, mais il n'y avait personne d'autre que moi.

– Tu dois fuir.

Un frisson parcourut mon échine lorsque je réalisai que cette voix était la mienne. Pas celle que j'utilisais sous les traits de Jules depuis mon arrivée au Cercle, mais celle qui m'avait été donnée à la naissance.

C'était ma voix d'adulte.

Je voulus crier pour lui demander des explications, mais aucun son ne sortit de ma bouche. Je voulus me lever pour trouver un moyen de quitter la pièce, mais des cordages épais immobilisaient mon corps.

C'est un cauchemar.

Je fermai les yeux et secouai la tête en espérant que cela suffît à me réveiller. La frontière entre le monde des rêves et la réalité était parfois mince, au point où il devenait possible de maintenir un certain degré de conscience à l'intérieur de ses songes.

Mon subterfuge se solda néanmoins par un échec. L'obscurité de cette caverne était ma seule prison, et je n'avais aucun moyen de m'en extraire.

– Écoute-moi... supplia ma propre voix. Tu ne peux pas rester ici. Tu dois f...

Une porte s'ouvrit à la volée. La lueur des lanternes éclaira alors le visage familier d'une femme brune qui s'avança dans ma direction. Cette dernière était vêtue d'une cape rouge et tenait au creux de sa main ce qui semblait être un tison encore brûlant.

– Tu n'as donc pas compris la leçon...

L'Inquisitrice de l'Ordre Écarlate s'avança vers moi et releva la manche de mon pull sans que je ne pusse l'en empêcher.

– Ar... Arrêtez... bredouilla ma propre voix. Je vous jure que je...

Ma tortionnaire plaqua l'extrémité du tison contre ma peau. Un hurlement de douleur se répercuta alors dans la Caverne du Dragon et me glaça le sang.

– ARRÊTEZ !

Je me redressai brusquement sur mon lit, le corps tout entier recouvert de sueur.

– Ferme-la... grommela Grégory dans son sommeil avant de se retourner.

J'allumai aussitôt ma lampe de chevet et remontai les manches de mon pyjama pour observer mes deux avant-bras.

Il n'y avait pas la moindre trace de brûlure.

– Foutu cauchemar...

J'éteignis la lumière et laissai tomber ma tête avec soulagement sur mon oreiller. L'Ordre Écarlate était encore loin du Cercle Magus. Et ils n'avaient aucune raison de s'en prendre à mon véritable corps.

Je pouvais malheureusement tirer un trait sur mon temps de sommeil pour cette nuit. La perspective de me retrouver pris au piège dans ce mauvais rêve me maintenait pleinement éveillé.

Cercle Magus T2 : L'usurpateurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant