Cercle Magus T2 : L'usurpateur

Chapitre 26

Les effets du Felix Felicis se dissipèrent à la minute où je mis les pieds dans le laboratoire secret de James Mc Callaghan.

– Ce vieux renard avait vu juste... souffla la voix de Dagmar Mortarion.

Le Fondateur me tenait en joug avec sa baguette et gardait ses yeux vairons rivés sur moi. Sa méfiance à mon égard était presque flatteuse, mais je n'avais pas fait tout ce chemin pour entretenir une vieille rivalité vide de sens.

– Je viens en paix... assurai-je en levant les mains.

Je m'extirpai hors de la cheminée et époussetai ma cape de sorcier pour en chasser les cendres.

Mon nouvel environnement était particulièrement intimidant. Le laboratoire était faiblement éclairé par des flammes instables qui alimentaient des dizaines de chaudrons bouillonnants.

– Où sommes-nous ?

Dagmar ne me répondit pas tout de suite. Il évalua brièvement les risques liés à ma présence et consentit enfin à baisser sa garde.

– Nous sommes quelque part sous le Cercle Magus, déclara-t-il sombrement. Dans un lieu que personne ne pourra jamais trouver.

– J'y suis pourtant parvenu... fis-je remarquer avec un sourire en coin.

Le chasseur me lança un regard noir.

– Seulement parce que James le voulait bien.

Je fronçai légèrement les sourcils en songeant que ma réussite était principalement due à ma chance.

Une chance que le Fondateur des Vulpes Callidum avait délibérément provoquée en me donnant le Felix Felicis plusieurs mois à l'avance.

– Il savait donc ce qui allait se passer... murmurai-je avec scepticisme. Il est medium, ou quelque chose dans le genre ?

Dagmar sembla hésiter.

– Je vous rappelle que votre ami a été appréhendé par le Ministère de la Magie, comme...

– C'était également volontaire, coupa sèchement le Fondateur des Mortarion. Tu aurais parlé sous l'effet du Véritaserum, sans son intervention.

J'écarquillai les yeux en comprenant les raisons de mon immunité au philtre de vérité.

James Mc Callaghan avait réussi à me faire inhaler des spores de végétaux permettant de réduire à néant les effets des potions les plus élaborées.

Benjamin avait déjà évoqué leur existence cinq ans plus tôt, lorsque je soupçonnais Eleanor d'utiliser un élixir de jouvence pour paraître plus jeune. Il utilisait ces plantes en classe pour empêcher les petits malins de recourir à l'alchimie pour tricher.

– Les effets du Felix Felicis se sont immédiatement dissipés quand je suis arrivé ici, murmurai-je avec un sourire incrédule. Ça veut dire que nous inhalons les spores en ce moment-même.

– Une précaution parmi tant d'autres... confirma le Fondateur avec un haussement d'épaules.

Mc Callaghan avait donc tout prévu depuis le début et nous avait utilisés comme de simples pions sur son vaste échiquier.

– Comment s'y prend-il pour anticiper avec autant de précision les événements à venir ? insistai-je. Quel est son secret ?

Dagmar serra la mâchoire. Sa patience était mise à rude épreuve.

– Tu n'as pas besoin de le savoir.

– D'accord, fis-je d'un ton détaché. Alors j'imagine que vous n'avez pas besoin de mon aide, dans ce cas.