XI

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Le gravier faisait trembler le vieux 4x4 rouge délavé par le temps. La pluie rendait la route tout autant plus difficile qu'elle ne l'était déjà à son habitude.

La météo avait annoncé de fortes averses pour cette semaine dû à une dépression saisonnière. Mais, dans un total acte d'impulsivité Chan avait décidé d'organiser un séjour dans un petit chalet. Avec simplement Changbin et Felix . Leurs amis ne s'étaient pas indignés.

Jisung semblait d'ailleurs soulagé à l'annonce de cette nouvelle. Le froid qui s'était installé dans la villa suite aux derniers événements rendait l'atmosphère anxieuse.
Cet été devait être festif. Il pensait qu'avec ses amis ils passeraient de longues journées à bronzer autour de la piscine, des soirées à composer avec Chan et Changbin dans le studio de la cave aménagée rien que pour eux. Ou à s'amuser aux fêtes du village.

Cette année cela n'avait rien eut de tout cela. Il y eut Felix, il était arrivé et n'était jamais repartit. Jisung avait cette impression qu'il ne causait que le chaos autour de lui. Il l'avait fait, l'été n'avait plus du tout la même saveur, elle était triste, terne, amer.

Le rouquin posa sa tête contre la vitre, la musique s'échappant de ses écouteurs le bercer, le relaxer. Pourquoi avait-il accepter ? La culpabilité ? Sans doute. Le texte de Chan ?

Il en avait été hanté.

Hanté par ses mots. Ses mots qui traduisaient les sentiments du grisé, qui les transmettaient. Felix en avait été flatté, puis il s'était sentit coupable. Il ne ressentait pas la même chose. Peut être ne voulait-il pas ou il était tout simplement trop tôt.

L'amour cela faisait mal. Le peu d'expérience l'avait dissuader d'en savoir plus sur ce sentiment .

-On est arrivé, prononça Chan après s'être garé dans une longue allée.

Celle-ci était une petite pente en gravier qui conduisait vers le chalet. Ce dernier était entouré par d'immenses sapins. Le chalet se trouvait en début d'une forêt . Felix voulait continuer à analyser les lieux, mais le temps et Chan l'en n'empêchèrent.

-On devrait se dépêcher d'entrer, la pluie n'a pas l'air de vouloir s'arrêter, déclara-t-il en détachant sa ceinture, Changbin aide moi à porter les bagages.

Celui-ci grogna. Il n'avait pas prononcer un mot durant tout le trajet, ce petit week-end au chalet ne l'enchantait guère . Le noiraud s'était même disputer avec le grisé à la villa. Une barrière s'était créé entre eux, l'amitié n'était pas détruite, cependant elle était devenue fragile.

L'amour était tout simplement horrible.

-Felix, poursuit l'aîné des trois en ignorant le noiraud, tu ouvrira la porte.

Il lui tendit les clés. Le roux détacha sa ceinture pour sortir du véhicule, puis courut sous la pluie battante. Il n'attendit pas que Chan lui prêta un parapluie, il souhaitait fuir cette atmosphère pesante. Il monta la petite pente de gravier puis se retrouva face au grand escalier fait de bois-comme le reste du chalet-menant à la porte d'entrée. Il monta les marches prudemment, cependant essayant d'être rapide. Hors de question de rester sous cette pluie battante.

Une fois devant la porte, il l'ouvrir avec un peu de difficulté. Les mains mouillées par la pluie, il faillit faire glisser la clé plusieurs fois de celles-ci. Mais il parvint à ouvrir la porte après quelques minutes. Il entra en trombe dans l'habitacle faisant cogner la porte contre le mur, il appuya sur l'interrupteur.

Rien.

Ses aînés arrivèrent quelques minutes après lui, trempés jusqu'au os. Le roux était assit dans le canapé.

-Il n'y a pas d'électricité, dit-il doucement, sans doute l'orage. Y-a-t-il des bougies ?

-Non, mais mon oncle gardait des lampe à l'huile dans la cuisine, répondit Chan, je vais les chercher.

Sans trop s'y attarder, l'aîné saisit une lampe de poche qu'il avait amener ds son sac et disparut vers le couloir, on n'entendait simplement des pas lourds qui descendaient ce qui semblait être un escalier.
Le roux observa les alentours. Une grande baie vitrée apportait de la luminosité permettant de voir l'ensemble de la pièce, elle donnait également accès à une petite terrasse sur laquelle se trouvait une petite table ronde blanche avec trois chaises pliables assorties.

Le noiraud et lui se trouvaient dans ce qui semblait être le salon. Une petite table ronde en bois ainsi qu'un grand canapé vert qui avait l'air assez vieux à en juger par l'odeur qui s'en dégageait. Il n'y avait pas de télévision, mais une cheminée en face du canapé.

Changbin s'assit sur le canapé vert, l'odeur viellot du meuble se fit plus forte, cependant le noiraud n'en avait que faire. Felix passa la main dans ses cheveux mouillés essayant de les replacer, puis il se recroquevilla sur lui-même. Pliant ses jambes afin de ramener ses genoux près de son visage, puis il posa son menton sur ses genoux , mettant ses pieds sur le vieux canapé. Il grelottait, claquait des dents,tremblait. Il ne savait dire si cela était le stress ou le froid qui régnait dans la pièce.

Le noiraud-qui jusqu'ici gardait une distance assez longue avec le cadet -se dirigea vers son sac. Il fouilla à l'intérieur quelques secondes pour trouver l'objet voulu, une couverture. Celle-ci avait des motifs écossais verts et rouges, dont le tissue était parfait contre ce temps glaciale qu'avait amené la pluie.
Il s'approcha du roux posa la couverture sur ses épaules,comblant l'espace entre eux deux. Si dans un première temps Felix fut surpris, il s'en roula ensuite dans la couverture et soupira d'aise.

-Ça va mieux ? Demanda Changbin en caressant le dos de son cadet.

Le roux soupira, exténué.

-Je ne sais pas, répondit-il d'un petite voix, physiquement ça va. Mentalement j'ai une immense envie d'imploser à l'instant.

-C'est la petite virée au chalet qui te met dans cet état là ? Demanda Changbin, il émit un petit rire nerveux.

Le noiraud éprouvait lui aussi cette envie d'imploser. Il ne comprenait pas l'objectif de Chan de les amener ici, si c'était dans un but de les réconcilier. Changbin doutait que cela marchait. Felix était la représentation du silence encore plus quand il était contrarié, quant au noiraud lui-même il préférait s'énerver en silence. Et Dieu sait qu'il accumulait beaucoup de colère en lui depuis quelques semaines.

-Pas seulement je me sens coupable, dit Felix, je ne pensais pas qu'il m'aimait. Du moins je veux dire pas de cette façon.

-Et toi tu ne l'aime pas ?

-Je n'ai pas envie d'aimer tout court, ça me degoute, déclara le roux d'un ton sec.

Il venait non seulement à cet instant de briser le cœur du noiraud. Mais, également celui du grisé caché dans le couloir.

ᴘᵉᵃᶜʰᵉˢ ᵃⁿᵈ ᴡᵒʳʳⁱᵉˢ|ᴄʰᵃⁿʙⁱⁿʟⁱˣ/sᵏᶻ|PAUSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant