Fake Happy

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POV de Stacy

Je fus sur pieds bien avant que le réveil ne songe même à sonner.

J'avais dit que je serais la première personne que la secrétaire du Bradford Medical Center verrait. Elle n'allait pas être déçue. Toute cette histoire sentait bien trop mauvais. Des pages manquantes, mon nom à moitié écrit sur un document officiel, et par-dessus le marché, un bug informatique ? Je ne sais pas quels dieux essayaient de m'empêcher d'accéder à mon propre dossier médical, mais si ça continuait comme ça, ma fureur serait telle qu'ils ne pourraient plus faire grand-chose du tout.

Au petit matin, je sautais dans la voiture, embarquant un café encore brûlant avec moi. Pas le temps de grignoter, et puis, de toutes façons, le frigo était vide.

C'était sans compter sur les embouteillages quotidiens.

Après avoir roulé seulement cinq minutes, j'étais déjà bloquée, à l'arrêt, au milieu d'une bonne centaine d'autres personnes, désireuses d'aller travailler. Putain, j'avais oublié qu'on était Lundi. Les vacances n'étaient pas pour tout le monde, apparemment. Il fallait donc que je fasse preuve de calme. Il n'y avait pas le feu, et j'arriverais à bon port quoi qu'il arrive. Seule ma curiosité en prenait un coup, elle allait devoir être patiente pendant une petite heure supplémentaire.

Ça restait quand même très frustrant. M'être levée si tôt, alors que je réussissais enfin à passer une nuit correcte, et me dépêcher, pour rester bloquer dans la voiture à ne rien faire ? J'aurais mieux fait d'y aller à pieds ou en métro. Mais je ne devais pas m'énerver, je devais réellement faire des efforts. Ne serait-ce que pour ma santé mentale. Pour m'occuper, je trifouillais l'autoradio, cherchant une station correcte, c'est-à-dire une station capable de diffuser de la vraie bonne musique, et pas ces clichés commerciaux qu'on entend trop souvent de nos jours, sans fond, sans intérêt.

Lorsque j'entendis les premières notes, je reconnus immédiatement la chanson. Cela faisait des années que je ne l'avais pas entendue, et pourtant, je la connaissais encore par cœur. J'étais même.. émue, je dirais. Oui, j'avais presque envie de chanter. Arrêtée à un nouveau feu, je tapais du pied en rythme avec le son de la batterie, hochant la tête au rythme saccadé de la guitare électrique. Quand la voix de Hayley Williams retentit, je me surpris réellement à chanter avec elle :

I love making you believe
What you get is what you see
But I'm so fake happy
I feel so fake happy

C'était parti, je ne pouvais plus m'arrêter, et ça faisait tellement de bien. J'avais toujours adoré Paramore. Je connaissais chacune de leurs chansons, mais cet album... After Laughter... Je le comprenais tellement. Je pouvais facilement m'identifier à chacune des chansons, comme si j'avais vécu chacune des histoires qu'elles racontaient. Et, comme Hayley le scandait dans Fake Happy, j'étais tout aussi convaincue que nous faisions tous semblant d'être heureux, dans nos vies.

And if I go out tonight, dress up my fears
You think I'll look alright with these mascara tears?
See I'm gonna draw my lipstick wider than my mouth
And if the lights are low they'll never see me frown

J'étais de nouveau une enfant, qui dansait sans se soucier de ce que les autres pouvaient penser. Seule dans l'habitacle, j'avais monté le son si fort que j'entendais à peine ma voix lorsque je criais ne me demande pas comment je me sens, ne me force pas à faire semblant OOOOH NOOOO .

- A quoi ça servirait, hein ?

Je hurlai, abattant mes mains sur le volant. Je criais en chantant, je vivais les paroles, je respirais une très vieille rancœur et tentais de la chasser, en osmose avec le son.

Gotta Be You ( One Direction Fiction )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant