Échec et Mat (OS)

Part 6.

J'évite le regard de Thomas de toutes les manières possibles et inimaginables depuis qu'il a débarqué à la librairie et que nous nous sommes tous les trois assis autour d'une petite table, un thé entre les mains.

Je ne prends que très peu partie à la conversation. Certainement par ce que cette situation me gêne. Et si Thomas ne voulait simplement plus me voir ? Je lui ai peut-être tapé sur le système. Et le pauvre me retrouve à la librairie de son ami comme une idiote sur le plancher emportée par un fou rire.

La sonnerie du téléphone de Dylan me sort de ma rêverie et je l'observe s'éloigner pour y répondre. Mes yeux se baladent le long de la pièce avant de tomber dans le regard de Thomas. Il a l'air reposé, ses cheveux sont tirés en arrière, alors qu'habituellement ils lui tombent devant les yeux.

-Je suis désolé. Il lâche.

Je reste muette, mes yeux plantés dans les siens. Aucune émotion ne me traverse pendant quelques seconde tout simplement parce que je n'ai aucune idée de comment réagir. Il pose sa main sur ma cuisse et y pratique une douce pression. C'est alors que je prends conscience que cette situation n'a même pas besoin d'avoir lieu. Je ne ressens aucune rancœur, je ne suis pas vexée et ne lui en veux pas de m'avoir laissée sans nouvelles. Après tout, il avait ses raisons. En aucun cas il n'a besoin de se justifier ou de s'expliquer auprès de moi. Je pose ma main sur la sienne et ce contact me fait frissonner. Il m'a simplement manqué.

-Tu n'as pas à l'être, il n'y a aucune raison.

Je vois traverser dans ses yeux une étrange lueur. Il se rapproche de moi alors que je continue de le dévorer du regard. Son souffle vient caresser mes lèvres. Mais un énorme bruit dans les escaliers me fait bondir de ma place. J'échange un regard avec Thomas et nous courrons tous les deux dans sa direction. Dylan est étalé en bas des escaliers, il se tient le genou, la mine déconfite, en train de hurler des plaintes de douleur.

Décidemment... ça va finir par devenir une habitude.