chapitre 1

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Mon cœur pulse lourdement dans ma poitrine, et mon corps s'affale lentement au sol. Sans réfléchir, mes mains trouvent les plaquettes de médicaments dans mon casier. Ces derniers se coincent dans mon estomac, sans chercher la porte de sortie. Je me sens planer, quelques minutes, et puisque cela ne suffit pas, cinq autres pastilles de médicaments glissent sur ma langue. Leur goût amer me laisse penser que j'en ai peut-être pris de trop.

Même si cela ne sera jamais assez.

Un vertige menace de faire son apparition, mais je me redresse juste avant qu'il n'engloutisse complètement mes pensées, pour au final, m'achever douleureusement. Un soupir m'échappe.

Encore deux foutues heures de cours en compagnie de mon très cher professeur de philosophie. De quoi mourir d'ennui. Ou faire une sieste. Ça dépend de l'humeur, j'imagine.

Je sors rapidement du couloir des casiers. Si rapidement, que je n'ai pas le temps de voir qu'il y a beaucoup trop de monde, et je me retrouve bien vite engloutie dans la masse humaine qui n'attend qu'à aller en cours.

Ma tête me tourne un peu lorsque je sens des coudes effleurer mes bras, l'odeur de la sueur, et je n'ai qu'une envie, c'est de sortir dehors.

- Eh ! s'écrie soudain une voix derrière moi, et je reconnais sans mal Elyad.

Son regard de pitié sur ma silhouette me donne envie de recracher les plaquettes que je viens d'avaler. Son bras droit se dépose sur mes épaules, et son corps se colle au mien dans une étreinte, qui, je le sais se veut reconfortante. Et je dois avouer bien malgré moi qu'elle a l'effet voulu.

- Viens, murmure-t-il, en m'aidant à sortir de cette foule oppressante.

Il me tire loin de là, loin des regards des lycéens sur nous. Ils savent très bien que notre couple n'est qu'éphémère.

Elyad ne me surplombe que de seulement quelques centimètres, mais je me sens toujours aussi petite à ses côtés.

Soudain, il s'arrête et me tourne vers lui. Ses mains se posent sur mes avants-bras, et je remarque que l'on est seuls. Un sourire déforme ses lèvres fines, et ses yeux bruns brillent d'un désir que je ne connais que trop bien. Je le repousse doucement.

- J'ai cours, Elyad, dis-je sèchement.

Ses doigts empoignent mes cheveux bruns, alors qu'il claque la langue contre son palais.

- Ça ne prendra que quelques minutes... me susurre-t-il, en mordillant mon lobe d'oreille. Ce n'est pas comme si tu arrivais en retard à chaque cours non plus...

Je lui adresse un sourire en coin, qui je sais, veut tout dire, et je soulève mon tee-shirt. Entre deux gémissements, bouche contre bouche, Elyad remonte légèrement ma jupe, et abaisse son pantalon. J'étouffe un cri dans son épaule quand il s'insinue en moi. En quelques coups de rein, je l'entends se lâcher, et je fais de même. Nous reprenons rapidement contenance, et avec un baiser planté sur la joue, Elyad m'abandonne.

Mon dos claque contre le casier derrière moi, alors que je me laisse tomber sur le carrelage. Mes larmes menacent de faire surface. Je me gifle mentalement. Je ne dois pas pleurer. Les deux pastilles dans ma poche dérivent dans ma bouche, et je me force à les avaler.

Dix minutes plus tard, je suis certainement en retard. Je frappe à la porte où se déroule mon cours de philosophie. Le professeur m'ouvre, les sourcils froncés.

- Mademoiselle Pina. Puis-je savoir où vous étiez ? me demande-t-il.

- Non, lancé-je, ombrageuse. Laissez-moi entrer et reprenez votre fichu cours.

Je passe devant lui en bousculant son épaule. Certains élèves rient, et je lève les yeux au ciel. Quelle stupidité.

Mes fesses se posent sur le tabouret du fond. Le professeur me fusille du regard.

- Vous osez vous pointer une demie-heure après le début du cours comme une fleur bleue ? Mais bon dieu, de quelle planète sortez-vous ? Ce n'est pas un réfectoire, ici ! Vous n'êtes pas chez vous ! Il y a des règles, alors respectez-les ! Et respectez les autres, aussi ! N'avez-vous donc aucune manière de vivre ? Sortez de mon cours, lâche-t-il calmement.

Le torrent d'émotions qui me secoue me fait grincer les dents.

- Votre gueule, murmuré-je quand je passe à côté de lui. Vos préjugés de merde, vous pouvez vous les foutre où vous le pensez. Vous savez rien de moi, alors vous avisez pas de critiquer ma vie. Vous et votre petite vie parfaite, allez vous faire foutre. Tout le monde n'est pas comme vous. Et heureusement.

La porte claque derrière moi. Un gros soupir m'échappe. Parce que la seule chose que je vais voir en rentrant chez moi, ce sera la déception de ma mère.

Juste une mélodie /GXGOù les histoires vivent. Découvrez maintenant