Champigny

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Après qu'iels furent marié-es, le Prince de Montpensier emmena son épouse Marie séjourner dans son domaine de Champigny, souhaitant l'éloigner le plus possible des probables champs de bataille.

Il voulait aussi y retrouver un homme avec qui il avait noué de tendre liens depuis plusieurs années, le comte Jacques de Chabannes, de six ans son aîné.

Le comte avait autrefois combattu aux côtés des Hugenots, et s'était déjà retrouvé contre le Prince, qui servait auprès des catholiques depuis presque cinq ans.

Cependant, par un heureux hasard, ils se trouvèrent un jour piégés dans le même caveau, et eurent l'occasion d'y faire longuement connaissance. Lorsque, finalement, ils réussirent à s'en sortir, touché et attendri par le caractère du jeune prince, le comte décida de le suivre, abandonnant les armes par la même occasion, les violences de la guerre lui semblant inutiles.

Quand, du côté des Hugenots, on apprit que le comte de Chabannes avait abandonné les armes en partant aux côtés d'un catholique, on le considéra comme un traître, tandis que ces dernier-es, ayant du mal à croire à la soudaine "rédemption" d'un ancien ennemi, refusèrent de lui faire confiance, et il se retrouvait donc sans aucun camp qui ne l'acceptait, avec pour seul rempart le Prince qui lui faisait entièrement confiance.

 Très vite, la confiance de Marie pour le comte fut équivalente à celle de son mari tant elle pût sentir l'honnêteté de cet homme, et la force du lien qui l'unissait avec François de Montpensier.

Le comte quant à lui, admira tout aussi vite l'esprit de cette femme, à laquelle il supposa qu'il pourrait révéler le plus grand de ses secrets sans jamais qu'ils ne ressorte depuis sa bouche.

Tandis que le Prince, cependant bien ennuyé de devoir quitter un être qui lui était si cher, était rappelé auprès de la cour pour des affaires militaires, le comte de Chabannes dût rester seul à Champigny avec la Princesse.

Durant ce temps là, toustes deux s'échangèrent multiples connaissances et l'estime que chacun-e portait pour l'autre ne faisait que s'accroître. 

Un jour ou leur confiance était assez élevée pour qu'une telle chose se produise, Marie se décida à confier au comte le souvenir des tendres moments qu'elle avait passés avec le duc de Guise lorsqu'elle était plus jeune. Voyant qu'elle semblait regretter de le lui avoir dit, et qu'elle semblait craindre quelques représailles de sa part ou de celle de son époux, Chabannes décida à son tour de lui révéler son secret et l'ampleur du lien qui l'unissait avec le Prince François de Montpensier.

Elle n'en fut pas surprise, et lui promis ne jamais rien en dire à personne, tant que lui ferait de même avec le sien.

Durant les deux années d'absence de son époux le Prince de Montpensier, la Princesse, tandis qu'elle savait ce qu'il y avait entre Jacques et François, eut le temps de tisser à son tour de tendres liens avec Rosalina, qui fut choisie, avant même son arrivée à Champigny, pour lui tenir lieu de femme.

Toustes les gens du château et des alentours pensaient qu'elle n'y gagnait pas en fréquentant autant une paysanne, et pourtant, la Princesse, elle, vit rapidement qu'elle pourrait y apprendre énormément de choses.

Lorsque le Prince revint, tout couvert de la gloire qu'il avait acquise au siège de Paris et à Saint Denis, il eut une grande crainte en voyant l'extrême beauté de son épouse, imaginant qu'il ne doive s'occuper de « laver son honneur » si quelqu'un cherchait à la séduire, tandis qu'il ne souhaitait que vivre dans la sérénité auprès de Chabannes.

Lorsqu'il lui parla, tout d'abord prudemment, elle le rassura en lui faisant savoir qu'elle avait appris la vérité, et qu'elle l'aiderait à faire en sorte que rien ne leur soit nuisible.

La Princesse de NotrepensierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant