La cour

22 1 0
                                    


Lorsqu'ils partirent de Champigny, le duc de Guise, comme s'il voulait rassurer Anjou en lui prouvant que la trop douce camaraderie de laquelle il avait autrefois pu faire preuve à son égard était à jamais révolue, ne fit que lui parler de l'assurance qu'il avait que sa propre beauté n'avait pas laissé la Princesse indifférente.

Loin de rassurer le duc d'Anjou, cela lui tourmenta l'esprit, si bien qu'il finit par lui ordonner de se taire, ce qui fit croire à Henri que le frère du roi était jaloux que Madame de Montpensier l'aimât moins que lui.

Plus tard, alors que, les combats ayant repris, après que les troupes se fussent reposées, le duc de Guise se voyait auréolé de gloire à Poitiers, le Prince de Montpensier fit envoyer sa tendre amie résider à Paris, ayant peur que cette fois-ci, Champigny soit trop proche des champs de batailles.

Lorsque la paix fut faite, toute la cour et donc , en plus du Prince de Montpensier, les ducs d'Anjou et de Guise, se retrouvèrent à Paris. La Princesse de Montpensier, qui y résidait alors, fascina tous les nobles et les gentilhommes qui arrivaient, tant par sa beauté que par son esprit. Certains félicitèrent même le Prince d'avoir une si belle épouse, ce qu'il ne comprit pas. 

Deux hommes furent cependant très peu ravis de la chose. Ces deux hommes étaient bien sûr le Prince son époux, qui, voyant de Guise à la cour, craignait de voir la Princesse l'abandonner et de devoir risquer de se battre contre ce fougueux duc, et le duc d'Anjou, qui, tant que Marie était à la cour, voyait de Guise agir comme un paon maladroit.

Le Balafré en effet, tout auréolé de gloire dans les batailles qu'il était, restait un bien piètre vantard , même si son visage restait fort agréable malgré les cicatrices qui le traversaient. 

Ainsi, lorsqu'il trouvait le moyen de lancer quelques compliments au creux de l'oreille de Marie, celle-ci se trouvait très gênée. Cependant, se croyant obligée d'y répondre gentiment, elle ne réussissait pas à le rejeter, et le duc croyait donc qu'il s'y prenait bien.  

Ceci dura un temps, jusqu'à ce qu'on apprit que Madame, la sœur du roi, avait jeté son dévolu sur le duc de Guise, ce qui fit s'énerver Madame de Montpensier qui crût que celui qui jouait à être son amant lui avait menti. La chose lui parut d'autant plus crédible à ses yeux que, lorsque les bruits avaient commencé à courir, le duc d'Anjou, frère de Madame, qui en réalité agissait ainsi car il était meurtri et non pour ce que l'on croyait, était devenu bien plus froid et distant à l'égard du duc de Guise.

Lorsqu'elle lui fit part de son agacement, ce dernier duc, dans toute sa malice, la rassura en lui expliquant que c'était de Madame et non de lui que venaient les avances, et que si cela lui plaisait mieux, il pouvait les refuser, car sa propre élévation politique lui importait moins que la tendresse qu'il avait pour elle.

Elle crut les paroles du duc, se laissant impressionner par le sacrifice qu'il venait de faire,  et ainsi le laissa reprendre ses parades visant à convaincre un quelconque auditoire qu'il tentait de la séduire.

Bien entendu, rien de tout cela ne passait inaperçu, et le Prince, craintif, se mit à les surveiller.


La Princesse de NotrepensierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant